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Les émotions des dirigeants : un tabou ?

Quand il est coutume en France d’entendre les plaintes ou indignations des salariés et fonctionnaires, et de compatir avec eux, il est en revanche bien plus mal vu d’évoquer la position des dirigeants d’entreprises. Vus, le plus souvent à tort, comme des nantis de la société, aucun chef d’entreprise ne se sent réellement à l’aise à l’idée d’évoquer ses difficultés et encore moins de partager ses émotions. De fait, taire les émotions des dirigeants renforce ce déséquilibre de traitement et aggrave le sentiment de solitude, d’incompréhension, de manque de soutien de la classe dirigeante.

Et pourtant il s‘agit d’hommes et de femmes comme tout être humain, qui ont des besoins émotionnels vitaux. Toutefois, leur tribune est bien réduite. A-t-on le droit de s’exprimer et de se plaindre dans tel ou tel contexte ? A-t-on le droit d’être considéré comme un être humain plutôt que comme le bouc émissaire facile des maux de la société ? Dans quel espace alors les entrepreneurs peuvent-ils s’exprimer quand, même entre pairs, la pression du « bien paraitre » est si forte? Une somme d’injonctions pèse sur leurs épaules : pression de performance économique, de maitrise de tous les sujets, de gestion à court moyen et long terme, d’être un bon manager, d’être un bon leader, d’être un être inspirant…d’être un héros mais sans doit à l’erreur, sans faille aucune ?

Même les proches sont parfois dans l’incompréhension de ce poids-là s’ils ne connaissent pas eux-mêmes cette position. Alors quel espace reste-t-il pour décompresser de ce stress quotidien, pour échanger sans crainte d’être jugé, pour prendre le temps d’échanger sur certaines décisions là où souvent le chef d’entreprise est seul face à lui-même ?

Si diriger une entreprise véhicule une image de leader motivé, ambitieux, efficace, maître de ses émotions, le revers de la médaille est la solitude, les doutes, la peur d’échouer, la peur de ne pas être à la hauteur, la perte de confiance, le découragement, la perte de motivation, le renfermement sur soi, l’isolement… Tant et si bien que certains finissent même par faire un burn-out ou pire, se suicider face à la pression. Surtout s’ils se retrouvent en situation d’échec et peinent à l’assumer face à cette pression sociétale.

Face à ces états émotionnels, certains dirigeants, plutôt que de rester seuls face à eux même, s’entourent d’associés, rejoignent des associations de dirigeants où la parole peut (un peu) se libérer, consultent des psychologues ou encore s’entourent de coachs. D’autres ne miseront que sur eux-mêmes et sur le sport pour décompresser !

Toutefois la société ne se porterait-elle pas mieux si les dirigeants étaient reconnus pour ce qu’ils sont ? Des hommes et femmes qui osent tout simplement agir, prendre les choses en mains pour être maître de leur vie plutôt que de subir les décisions d’autrui ?

 

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