Les droits de douane américains pourraient faire chuter les ventes d’automobiles européennes de 20 %

Les exportations européennes de voitures vers les États-Unis pourraient reculer de plus de 20 % en 2025 – soit environ 200 000 véhicules – si les nouveaux droits de douane de 25 % restent en vigueur toute l’année, estime la société de services internationale spécialisée dans l’industrie automobile Inovev.

Les nouveaux droits de douane, entrés en vigueur le 3 avril, remplacent l’ancien taux de 2,5 %. Selon Inovev, les exportations européennes vers les États-Unis ont atteint un peu plus de 900 000 véhicules l’an dernier, dominées par le Mercedes GLC et les Volvo XC90 et XC60 — la marque suédoise appartenant au chinois Geely.

Premier débouché de l’automobile européenne, le marché américain devance la Turquie (un peu plus de 600 000 véhicules) et la Chine (près de 500 000). Après être passées d’environ 970 000 unités en 2018 à un peu plus de 700 000 en 2022, les ventes européennes aux États-Unis — incluant l’UE et le Royaume-Uni — repartent à la hausse, d’après Inovev. « Les principaux constructeurs automobiles exportateurs sont les Allemands, avec 26 % pour les marques Volkswagen, 24 % pour Mercedes et 10 % pour BMW. Viennent ensuite Volvo, du groupe Geely, avec 13 %, et Jaguar Land Rover, du groupe Tata, avec 12 % », indique Inovev dans un rapport.

Le X1 reste le modèle BMW le plus vendu aux États-Unis, suivi de près par la Série 4. Du côté de Jaguar Land Rover (JLR), le nouveau Defender arrive en tête des ventes, devant le Range Rover et le Range Rover Sport.

Face à la hausse soudaine des droits de douane à 25 %, JLR a annoncé la semaine dernière suspendre ses livraisons vers les États-Unis pendant un mois, le temps d’évaluer l’impact de cette mesure. « Alors que nous travaillons avec nos partenaires pour nous adapter à ces nouvelles conditions commerciales, nous avons décidé d’interrompre temporairement les livraisons en avril, le temps d’élaborer une réponse à moyen et long terme », a précisé le constructeur dans un communiqué.

Le marché américain est le plus important pour JLR, avec environ 100 000 véhicules vendus chaque année sur un total mondial de 400 000. Le groupe disposerait déjà d’environ deux mois de stock sur place, non concernés par les nouveaux droits de douane.

Audi a, elle aussi, suspendu temporairement ses livraisons aux États-Unis. Dans son rapport, Inovev souligne l’incertitude qui entoure l’impact réel des nouveaux droits de douane. « Tout dépendra de la durée de cette surtaxe : un mois ? Un an ? Plus ? », interroge l’analyste. « Elle pourrait évoluer sous la pression conjointe des constructeurs présents sur le sol américain, des chaînes d’approvisionnement et des distributeurs, qui redoutent une chute des ventes si les consommateurs ne se reportent pas sur les modèles fabriqués localement. »

Autre variable : le taux du tarif, qui pourrait être ajusté dans le cadre de potentielles négociations entre Washington et Bruxelles. Si la surtaxe de 25 % reste en place tout au long de l’année 2025, Inovev anticipe une baisse des exportations européennes vers les États-Unis d’environ 200 000 véhicules par rapport à 2024.

Si les mesures perdurent jusqu’en 2025 ou 2026, plusieurs marques pourraient relocaliser une partie de leur production sur le territoire américain. Porsche et Audi, filiales du groupe Volkswagen, pourraient ainsi transférer certains modèles dans leur usine de Chattanooga, au Tennessee. Mercedes dispose déjà d’un site à Tuscaloosa (Alabama), BMW à Spartanburg (Caroline du Sud) et Volvo à Charleston, dans le même État.

Une contribution de Neil Winton pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

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