La suspension de l’utilisation de deux des six forages dédiés à l’eau Hépar par Nestlé Waters dans les Vosges en raison d’une sécheresse prolongée est un exemple concret des effets des aléas climatiques sur les entreprises. Cette décision a eu un impact sur la production d’eau Hépar et a contraint Nestlé Waters à réduire sa production, ce qui engendrera un impact sur les résultats financiers de cette entité. Cela souligne la nécessité pour les entreprises de gérer les risques climatiques. Les dérivés climatiques peuvent être une solution pour aider les entreprises à se protéger contre les risques liés aux aléas climatiques.
Les dérivés climatiques sont des produits financiers qui permettent de se protéger contre les risques liés aux événements climatiques, tels que les tempêtes, les sécheresses ou les inondations. Contrairement à une assurance contre les aléas climatiques, les dérivés climatiques sont des produits financiers qui peuvent être achetés ou vendus sur des marchés spécialisés. Les dérivés climatiques sont conçus pour transférer les risques liés aux événements climatiques des parties prenantes qui souhaitent se protéger vers des parties prenantes qui sont prêtes à les assumer.
Ces dérivés sont basés sur des indices servant de sous-jacent aux contrats, voici les principaux indices :
- CME Group Heating Degree Days (HDD) and Cooling Degree Days (CDD) : ces indices mesurent la demande d’énergie pour le chauffage ou le refroidissement des bâtiments en fonction des températures.
- National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) Hurricane Index : cet indice mesure la probabilité de formation d’un ouragan dans une zone géographique donnée.
- Chicago Mercantile Exchange (CME) Snowfall Index : cet indice mesure la quantité de neige tombée dans une région géographique donnée.
- European Climate Assessment and Dataset (ECA&D) Precipitation Index : cet indice mesure les précipitations dans une région géographique donnée.
- Natural Disaster Index (NDI) : cet indice mesure les pertes économiques liées aux catastrophes naturelles telles que les ouragans, les inondations, les tremblements de terre, etc.
Cependant, l’utilisation de dérivés climatiques est confrontée à plusieurs freins à son expansion.
1/ Manque de liquidité
Les marchés des dérivés climatiques sont relativement nouveaux et il n’y a pas encore suffisamment de liquidité pour que les acteurs puissent négocier de gros volumes. En effet le premier dérivé climatique était un contrat à terme négocié en 1997 à la Chicago Mercantile Exchange qui était basé sur les températures moyennes de sept villes aux Etats-Unis.
2/ Complexité
Les dérivés climatiques sont souvent complexes et nécessitent une expertise technique pour être compris et évalués. Cela peut dissuader certains investisseurs et entreprises de les utiliser.
3/ Manque de données
Les dérivés climatiques sont basés sur des données historiques et prédictives, mais il peut y avoir un manque de données fiables et précises sur les événements climatiques, en particulier dans les régions où les infrastructures météorologiques sont limitées
4/ Volatilité des prix
Les prix des dérivés climatiques peuvent être très volatils en fonction des événements climatiques actuels et des prévisions à court terme, ce qui peut rendre leur utilisation difficile pour certains investisseurs.
5/ Réglementation
Le marché des dérivés climatiques est relativement nouveau et la réglementation peut varier d’un pays à l’autre, ce qui peut rendre la négociation de ces contrats plus complexe.
6/ Perception du risque
Certains investisseurs peuvent ne pas être conscients des risques liés aux événements climatiques ou peuvent ne pas être convaincus que ces risques justifient l’utilisation de dérivés climatiques.
7/ Coûts
Les dérivés climatiques peuvent être coûteux à négocier et à maintenir, ce qui peut être un obstacle pour les investisseurs et les entreprises à faible marge bénéficiaire.
En conclusion, les dérivés climatiques peuvent être une solution pour les entreprises qui cherchent à se protéger contre les risques liés aux aléas climatiques. Ils permettent de transférer les risques liés aux événements climatiques des parties prenantes qui souhaitent se protéger vers des parties prenantes qui sont prêtes à les assumer. Cependant, leur utilisation est confrontée à plusieurs freins à son expansion, notamment le manque de liquidité, la complexité, le manque de données fiables, la volatilité des prix, la réglementation, la perception du risque et les coûts. Malgré ces obstacles, les dérivés climatiques peuvent être un outil utile pour aider les entreprises à gérer les risques liés aux aléas climatiques et ainsi assurer leur résilience économique face aux effets du changement climatique.
Tribune rédigée par Ghislain KOKOYE Directeur de Practice – Risques, conformité et réglementaire chez Quanteam – Groupe Rainbow Partners
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