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La Traveltech S’Active Aux BigBoss Tourisme À Cabourg

©DavidAROUS nonstoprod

Les poids lourds de l’écosystème touristique hexagonal, Accor Hôtels, Club Med, Air France et consorts, se sont donné rendez-vous aux BigBoss à Cabourg, les 5 et 6 avril dernier, pour appréhender les nombreux défis posés par des plateformes comme Booking (60% de part de marché en Europe) ou par Airbnb qui s’est installé un peu partout. Entre speed dating géant, intermèdes ludiques et festifs, le deuxième opus des BigBoss dédié au tourisme a enclenché un certain nombre de collaborations dans ce secteur – le plus digitalisé de l’économie – et qui pèse 18 milliards d’euros.

Dans un décor Belle Epoque, au Grand Hôtel de Cabourg, ville de villégiature de Marcel Proust, les discussions entretenues par les pensionnaires d’un jour ont une résonance anachronique. Les murs sont témoins de concertations animées autour de problématiques de big data, d’intelligence artificielle, de chatbot ou d’e-reputation. 65 têtes d’affiche – Big Boss pour l’occasion – issues de l’écosystème touristique à l’instar de Pierre & Vacances Center Parcs, Accor Hôtels, Air France, Club Med… auditionnent 40 start-up dans le cadre d’un speed-dating piloté par Hervé Bloch, instigateur de l’événement. L’objectif ? Dénicher des « pépites » parmi ces prestataires venus pitcher. En charge de la stratégie digitale et marketing de leur groupe, ces participants ont des budgets à dépenser et de nombreux défis à relever. « La gestion des données clients, la personnalisation par le levier de l’expérientiel, l’affermissement de la préférence de marque et la visibilité », sont aujourd’hui des « enjeux cruciaux », expose Déborah Colombel, dépêchée sur les lieux par Aéroports de Paris (ADP).

Cette quadrature des challenges s’affiche comme « le nerf de la guerre » dans ce secteur qui représente 7% du PIB et générateur de deux millions d’emplois directs et indirects en France. Après une baisse de la fréquentation touristique suite à la vague d’attentats ayant ensanglanté le pays en 2015, l’Hexagone renoue avec l’attractivité. « Nous sommes très confiants en l’avenir ! Tout d’abord, le tourisme reprend des couleurs en France et les perspectives de croissance sur les marchés chinois, indiens et moyen-orientaux, se révèlent exponentielles », se réjouit Grégory Sion, Vice-président digital and sales chez Pierre & Vacances Center Parcs. Aux vus des évolutions économiques et conjoncturelles, la verticale BigBoss tourisme, deuxième du nom, a vocation à « devenir une récurrence », développe Hervé Bloch, architecte du format.

De 20% à 40% du chiffre d’affaires annuel des start-ups réalisé aux Big Boss

« Bien que le secteur se distingue comme étant le plus digitalisé, les acteurs sont bousculés par l’appétit grandissant des GAFA dans le domaine et par la position monopolistique de plateformes comme Booking, Expedia, Airbnb ou encore Trip Advisor. Rester dans la course technologique est clef. J’ai crée cette manifestation à la demande des professionnels en quête de jeunes pousses qualifiées mais aussi d’opportunités d’échanger avec leurs pairs sur les sujets qui secouent l’industrie », poursuit le spécialiste de la mise en relation 2.0.

Au cœur de la machine BigBoss, un algorithme de matchmaking pointu, capable de calculer la compatibilité d’intérêts entre les grands comptes et les start-up prestataires de solutions. A partir de cet outil, 1 500 rendez-vous  ont été programmés au sein du Casino de Cabourg, transformé en terrain de jeu transactionnel le temps d’un après-midi. Sept minutes pour convaincre et un gong qui retentit, suivi par une sanction sous forme de notation : un smiley vert si le ‘boss’ souhaite revoir la personne, un orange pour approfondir l’échange et un rouge s’il n’est pas emballé, la mécanique est bien huilée. « Un laps de temps suffisant pour préjuger de la pertinence des discours et identifier de futurs partenaires de travail », confie  Fabrice Toledano, directeur marketing et communication de Thello.

Certains décideurs veulent d’ores et déjà passer à l’étape d’après à l’instar de Benoist Eraville, directeur digital marketing Lab d’Air France « J’entends revoir très rapidement à Paris cinq à six prestataires, et conclure quasiment autant de contrats ;  un format comme les BigBoss m’économise des mois de prospections ! » renchérit Matthieu Pihery, directeur marketing et commercial de Belambra. Le facteur temps s’affiche comme critique dans cet univers en mutation perpétuelle. Un siècle auparavant, Proust rédigeait au Grand Hôtel voisin, une œuvre passée à la postérité « A la recherche du temps perdu », aujourd’hui, il est question d’entrer dans une logique d’optimisation absolue de ce temps, si précieux, à l’heure de la révolution numérique.

©David Arous, nonstoprod

Aux Big Boss, les pleins pouvoirs ? Qu’en est-il des startuppers qui se livrent littéralement à un marathon durant ces deux journées et qui sponsorisent l’édition ? « Les grandes entreprises ne peuvent se passer des idées novatrices proposées par les jeunes pousses ; mal aiguillées, elles risquent de ne pas intégrer les bonnes évolutions au moment opportun. Au final, ces deux univers sont intrinsèquement liés ! », souligne Hervé Bloch. Pleinement conscients de ce postulat, nombreux sont les prestataires à capitaliser sur l’événement, ainsi Vincent Klingbeil, directeur général et co-fondateur du champion de la transformation digitale, Ametix, racheté en avril dernier par Docapost, filiale du groupe La Poste, réalise 20% de son chiffre d’affaires annuel aux BigBoss. « Avant d’entrer dans le giron de La Poste, nous avons inscrit dans le marbre cette liberté d’action. Les BigBoss revêtent un caractère stratégique pour nous », confie l’ancien avocat d’affaires reconverti avec succès dans le business de la tech.

Beaucoup de contrats mis sur les rails lors des « moments off »

La signature des contrats est scrutée de près par Hervé Bloch, « 1,9 deals sont signés avec une moyenne de 30 000 euros, certains  flirtent avec le demi million d’euros, et pour le coup nous organisons des trophées récompensant ces partenariats d’exception made in BigBoss ». Enclencher des négociations – pouvant aboutir à des transactions de ce montant – dans une terrasse à Cabourg, autour d’une piscine à Marrakech ou lors d’une sortie en chiens de traîneaux à Val Thorens, c’est la patte BigBoss dont l’hymne se résume à « Business as It should be » (le travail tel qu’il devrait être, ndlr).

Avec 484% de croissance sur les quatre dernières années, un chiffre d’affaire de 5 millions d’euros, celui qui se définit volontiers comme le « trublion du digital » a compris que « dans ce monde ultra-digitalisé et virtuel, les interactions relationnelles étaient plébiscitées ». Aujourd’hui, les BigBoss évoluent vers un schéma de verticalisation afin de couvrir les nombreux sujets issus des secteurs de la nouvelle économie : traveltech, pub & adtech, medtech, neo-banques et assurances…toujours avec une clef dans la disruption et l’innovation. « Je me refuse de faire gonfler mes deux principaux opus : la Summer et la Winter, car passer de 650 participants au double desservira le format », déclare ce-dernier. L’objectif étant de maximiser les possibilités d’interactions durant ces huis clos productifs, loin du cadre rigoureux des maisons mères.

 

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