Chaque année, les Rencontres Économiques d’Aix-en-Provence réunissent le gratin de l’économie française : chefs d’entreprise, économistes, élus, membres du gouvernement, intellectuels et jeunes actifs. Tous se sont prêtés au challenge proposé par le président du Cercle des Économistes, Jean-Hervé Lorenzi : évaluer le plan de relance et la situation économique française et mondiale.
Pour cause de crise sanitaire, cette année l’événement a été scindé en deux. Une première partie s’est déroulée à Paris en juillet. Deux jours de débat, les 12 et 13 septembre, se sont déroulés à Aix-en-Provence.
Pour leur 20e anniversaire et face à une situation jugée d’exceptionnelle par tous, les « Rencontres D’Aix » ont donc réuni un plateau prestigieux : des économistes stars comme Philippe Aghion, Christian Saint-Etienne, Christian de Boissieu, Jean Pisani-Ferry mais aussi des ministres (Gabriel Attal, Elisabeth Borne et Agnès Pannier-Runachier) et des chefs d’entreprise comme Jean-Dominique Sénard, le président de Renault ou Jean-Pierre Clamadieu chez Engie ainsi que des intellectuels et autres experts (Raymond Soubie, François Sureau ou Jean Viard, etc.).
Tous se sont prêtés au challenge proposé par le président du Cercle des Économistes, Jean-Hervé Lorenzi : évaluer le plan de relance et la situation économique française et mondiale.
À l’issue de ces deux jours de débats, le Cercle des économistes formule 10 propositions concrètes pour une meilleure relance économique.
« Le plan France Relance, présenté par le gouvernement la semaine dernière, est un plan d’une ambition inédite dans notre Histoire. Un élément est toutefois crucial. En effet, il s’agit d’un plan de l’offre, tourné vers l’investissement, donnant l’initiative de la relance aux entreprises. Or la reprise se fera uniquement si un dialogue s’installe entre cette dynamique nouvelle des entreprises et une confiance dans l’avenir retrouvé par les ménages. Ces derniers doivent accompagner le plan de relance en utilisant leur épargne pour investir ou consommer plus, et enclencher ce cercle vertueux entre l’offre et la demande » a commenté Jean-Hervé Lorenzi avant de présenter ses 10 mesures.
Priorité à la jeunesse
Proposition 1 : Accompagner la hausse du nombre de places dans le supérieur d’une rémunération à la hauteur du RSA pour les jeunes en fin d’étude et ayant des moyens limités. En plus de cela, revaloriser la rémunération du service civique pour la porter à 800 €.
Proposition 2 : Mettre en place une politique de logement, notamment pour les jeunes.
Redonner à l’Europe et à la France un leadership
Proposition 3 : Au niveau européen, créer des agences européennes de recherche et développement duales, civiles et militaires, sur le modèle des DARPA et BARDA américaines dans les domaines de la défense, de l’énergie, du numérique et de la santé. Ces agences seront accompagnées d’un plan d’investissement au niveau européen d’une ampleur sans précédent, de 500 milliards d’euros, non seulement dans le numérique mais aussi et surtout dans l’intelligence artificielle. Ce plan doit être complété de mesures adaptées aux GAFAM américains et BATX chinois.
Proposition 4 : Mettre en œuvre une politique écologique européenne en s’appuyant sur une batterie d’instruments et de technologies disponibles, avec notamment l’application d’une taxe carbone aux frontières.
Proposition 5 : Dans le cadre du dynamisme technologique européen, favoriser les relocalisations à haute valeur ajoutée en s’appuyant, comme aux États-Unis, sur des écosystèmes type pôles de recherche et de compétitivité, et relancer vraiment le Programme d’Investissements d’Avenir.
Financer les TPE, PME et ETI
Proposition 6 : Aller beaucoup plus loin que le plan de relance sur le montant d’instruments de transformation en quasi fonds propres de la dette et se fixer en 5 ans l’objectif d’aligner les impôts de production français à ceux pratiqués en Allemagne.
Réorganiser la dépense publique
Proposition 7 : Se préparer à une maîtrise de la dépense publique à moyen terme pour diminuer la dette structurelle et, dans la continuité de la LOLF, modifier la logique de fonctionnement de la dépense publique en privilégiant une logique de résultats plutôt que de moyens.
Réinjecter l’épargne dans le circuit économique
Proposition 8 : Multiplier les incitations à la consommation en instaurant un abondement de l’État dans les titres-restaurants et en généralisant ce « pass-consommation » aux secteurs en difficulté comme le tourisme, la culture et les loisirs.
Prévenir une nouvelle crise sociale
Proposition 9 : Rendre obligatoire le chèque syndical dans les entreprises, en généralisant les mécanismes de participation, intéressement et actionnariat salarié et en octroyant aux salariés 30 % des sièges dans les conseils d’administration.
Proposition 10 : Lutter contre la pauvreté avec la création d’une allocation unique universelle qui regroupe toutes les prestations sociales existantes, mais aussi en augmentant le minimum vieillesse. Enfin, pour lutter contre la précarité des jeunes, créer une allocation pour les NEETS, les jeunes de moins de 25 ans qui ne sont pas en situation d’emploi, d’éducation ou de formation.
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