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L’entreprise face aux nouvelles attentes des investisseurs

Il est difficile de résumer les attentes de l’ensemble des investisseurs, tant cette catégorie est multiple. L’actionnaire individuel, le hedge fund, le family office, les OPCVM, l’État actionnaire et tant d’autres ont des attentes différentes, au-delà du dénominateur commun de la création de valeur financière (dont on rappelle qu’elle est la condition de l’existence de l’entreprise). Et c’est pourtant la difficulté de définir la notion de « valeur financière » qui est au cœur du sujet.

Celle-ci peut en effet être comprise par certains comme l’augmentation du cours de bourse et par d’autres comme l’accroissement du dividende distribué, cette valeur financière peut être préférée à court terme part certains et à long terme par d’autres. Elle peut surtout être évaluée selon différents modèles de calcul, selon que l’on précède l’évolution des normes comptables en intégrant, ou non, le coût environnemental de l’activité de l’entreprise, par exemple.

Poussées par de nouvelles préoccupations des citoyens et des consommateurs, les entreprises sont sommées de répondre de leur impact sur la société, bien au-delà de leur seule contribution à l’accroissement de la richesse économique et financière de ceux qui participent à son activité, salariés, dirigeants et actionnaires. Il est donc logique que les investisseurs calquent – progressivement et dans une certaine mesure – leurs attentes vis-à-vis de l’entreprise aux attentes des citoyens.

Aujourd’hui, les entreprises cotées ne peuvent plus se contenter de communiquer sur leurs chiffres. Elles doivent justifier de leur stratégie et de la cohérence des projets industriels avec les engagements qu’elles ont pris – souvent sous la pression du public – tout en évaluant et en communiquant sur les impacts sociaux et environnementaux de leurs activités.

Dans le temps de crise, le marché devenu hypersensible demande des réponses immédiates à des questions complexes qui exigent des audits en profondeur. L’entreprise et ses dirigeants doivent se forcer à ne donner aucune information dont ils ne sont pas sûrs – et cette maîtrise de la communication s’adresse d’ailleurs aussi en direction des employés pour maintenir une continuité de l’activité, éviter les fuites d’information à haut niveau et les départs en série – sous une pression renouvelée par les soubresauts du cours de bourse.

L’entreprise s’est transformée en un « objet d’intérêt collectif », chargé de bâtir une « société plus juste » selon les termes de la loi Pacte.

La Directive CSRD, elle, injecte la notion de juste profit, faisant écho à la modification de l’article 1833 du Code civil français, procédant par là même à l’élargissement de l’intérêt social à la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux.

Ces évolutions sont une mutation du paradigme, marquant le glissement de l’entreprise, propriété de ses actionnaires conformément à l’École de Chicago et à la vision de Milton Friedman, vers l’entreprise épicentre d’intérêts collectifs et outil de transformation de la société.

Les attentes des investisseurs n’ont donc pas changé. Elles ont augmenté. Elles ont pour dénominateur commun une exigence de redevabilité et de transparence qui posent aux dirigeants une question majeure : les entreprises sont-elles armées pour répondre à ces nouvelles attentes ?

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