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Législatives : trois blocs, une surprise et le flou

Résultats à 20h, d'après Ifop pour TF1

Le Nouveau front populaire est finalement arrivé en tête du second tour des législatives. Un retournement inattendu, qui sape la dynamique du RN. Mais sans une majorité forte, ces élections ouvrent une nouvelle séquence de grandes incertitudes, avec Renaissance en embuscade.

 

Qu’il paraît loin le temps où les commentateurs s’échinaient à essayer de prévoir si, en cas d’une forte majorité relative, Jordan Bardella accepterait, ou non, d’être Premier ministre. Ces interrogations sont désormais caduques. C’était lundi dernier, au lendemain du premier tour des législatives, convoquées après dissolution. Une semaine vient de s’écouler donc, et dans la politique française, cela a valeur de courte éternité, de bref infini. 

Car la force de la politique reste d’être surprenante et de se rire des projections et sondages – même si on ne peut leur nier un certain caractère performatif. Mais voilà que loin d’une razzia du Rassemblement national (RN), c’est l’union de la gauche, le Nouveau front populaire (NFP) qui, selon les premières estimations, arrive en tête, devant Ensemble, la majorité présidentielle sortante, et le RN, coiffé au poteau.

Contre quasiment toute attente, la gauche sort (petite) gagnante de ce grand raout électoral, fait de campagnes précipitées d’alliances de circonstances, de coups de Trafalgar, en bref de la conflictualité intrinsèque entre les socialistes, LFI, Place publique et les autres. Une alliance baroque qui voit gagner sous la même bannière des Eric Coquerel comme des François Hollande, et même François Ruffin, au forceps – mais qui les voit gagner quand même. Un sacré coup pour une union autant cible de procès abusifs, que coutumière d’outrances multiples, entre lesquels Marine Tondelier de EELV est sortie avec tous les honneurs.

La participation, la plus élevée depuis 1997, a visiblement joué en faveur du « barrage » républicain. Le RN a payé cher le prix et de l’union de la gauche et des désistements respectifs d’Ensemble et du NFP. Mais aussi sans doute, le prix du fiasco de l’entre-deux tours, avec certains des candidats d’extrême droite catastrophiques en débat, quand on ne remontait à la surface, la boue de leur curriculum, entre condamnation pour prises d’otage, librairies antisémites ou ports de casquettes nazis. Certes, le RN peut s’enorgueillir d’être plus nombreux. Mais le signal est fort : une partie du pays ne veut –  vraiment – pas de l’extrême droite au pouvoir. Le RN aura beau accuser des arrangements politiques contre nature, la défaite est tout de même amère. 

 

Et alors ? 

Pour le camp présidentiel, le camouflet est terrible bien sûr. Mais le président de la République a, d’une certaine manière, remporté son pari fou. Au lendemain des européennes, il a rappelé les Français aux urnes, pour clarifier la situation. La voici : l’électorat s’articule entre un bloc de gauche, un de centre droit, et un autre à l’extrême droite. Mais surtout, une majorité du peuple voit le parti de Marine le Pen comme une menace. 

Mais bien sûr, cela ne sonne pas le glas du RN : ce résultat va-t-il décourager ses électeurs, ou les motiver à encore plus faire entendre leurs voix ? Car même s’il est battu, le RN reste fort.

Une interrogation qui, ce soir, se mêle à tant d’autres. Le NFP, sans majorité absolue, est-il capable de gouverner ? Une alliance serait-elle possible ? Et sous quelle forme ? Certains du NFP « modérés » pourraient-ils oser une alliance avec Ensemble ? Et une telle union, refusée a priori par LFI, pourrait-elle vraiment respecter le programme du NFP ? 

Et combien de temps durera cette histoire ? Qui sait si, d’ici un an, le président ne va pas dissoudre une seconde fois ? Ou face à un potentiel marasme politique, même s’il a juré le contraire, comment être certain, qu’il ne démissionnera pas ? 

Du côté du monde des affaires, il faudra guetter la réaction des marchés financiers : car s’ils semblaient s’acquitter d’une possible victoire du RN, la bourse s’est montrée plus frileuse à l’idée d’une victoire des forces de gauche. L’inexistence d’une majorité absolue, ou d’une majorité relative forte, ne permet pas de lire qu’elle sera la politique économique du prochain gouvernement – lui-même, pour le moment illisible. Au soir de ces législatives historiques, quelques vérités ont immergé. Mais le flou reste total.


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Mis à jour le 8 juillet à 10h57.

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