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Legaltech | Elise Maillot (Predictice) : « L’open data des décisions de justice est une opportunité incontestable »

De plus en plus de start-up promeuvent l’application des principes de l’innovation au monde du droit. C’est notamment le cas de la société Predictice. Quels sont les enjeux pour les professionnels du droit ? Va-t-on vers l’uberisation des professions juridiques ou bien au contraire vers des juristes augmentés ? Eléments de réponse avec Elise Maillot, Directrice Marketing & Relations Publiques de Predictice

Pourquoi avez-vous choisi de lancer Predictice ? Quel accueil votre Legaltech a-t-elle reçu ? 

Predictice est une legaltech française fondée en 2016 par une équipe complémentaire d’entrepreneurs venant du monde du droit (Louis Larret-Chahine et Alexandre Cheronnet) et du digital (Thomas Baduel). Depuis la création de Predictice, l’ambition des fondateurs est claire : transformer le fonctionnement de la justice en France puis en Europe et, ce faisant, renforcer la confiance que les citoyens placent en elle. 

Predictice simplifie la recherche et l’analyse de l’information juridique pour les professionnels du droit en France et au Luxembourg. Elle met en effet à leur disposition, par le biais d’un abonnement, un SaaS (software as a service) qui leur permet d’optimiser leurs recherches en obtenant des résultats très pertinents, d’appuyer leur analyse sur des données statistiques (e.g. taux d’acceptation d’une demande et montant des indemnités susceptibles d’être obtenues) et d’accéder, en un clic, à l’intégralité des sources juridiques citées dans des écritures.

En particulier, les équipes de Predictice ont réussi à développer un moteur de recherche et d’analyse de l’information juridique qui repose sur une technologie de traitement automatique du langage naturel. Cette technologie est par exemple capable d’analyser les décisions de justice à une vitesse de deux millions de documents par seconde. 

Predictice a immédiatement reçu un accueil très favorable des professionnels du droit susceptibles d’utiliser notre plateforme, dans la mesure où aucun outil ne leur permettait à l’époque de répondre parfaitement à leurs besoins en termes de recherche et d’analyse de la jurisprudence.

Qui sont vos utilisateurs ? 

Predictice ayant pour mission de simplifier la recherche et l’analyse de l’information juridique pour les professionnels du droit, la solution est donc proposée non seulement aux avocats et aux directions juridiques des entreprises, mais aussi aux assureurs et, en particulier, aux assureurs de protection juridique. 

Face à l’explosion de l’information juridique, Predictice leur permet ainsi de gagner du temps, de mieux conseiller leurs clients, de gagner plus de procès et d’augmenter leur chiffre d’affaires. Loin d’être remplacées par l’outil, elles peuvent au contraire se recentrer sur des tâches qui ont davantage de valeur ajoutée pour leurs clients et privilégier les modes alternatifs de règlement des litiges, favorisant de ce fait le désengorgement des juridictions.

Combien d’employés compte aujourd’hui Predictice ? Est-ce qu’il vaut mieux être un juriste ou un développeur informatique pour travailler dans une Legaltech comme la votre ? 

Predictice compte aujourd’hui une quarantaine d’employés. Pour mener à bien les différentes missions de Predictice, ses fondateurs ont à cœur de favoriser la transmission du savoir entre les différentes équipes, en particulier entre les juristes et les équipes de développement de la solution. Nous avons besoin de juristes comme de développeurs informatiques, et de bien d’autres types de profils encore, dont la complémentarité est la clé de voûte de notre bon développement sur le marché.

Voté en 2016 dans la loi pour une République numérique, ce qu’on appelle communément « l’open data des décisions de justice » vise à rendre disponibles à tous gratuitement les décisions rendues par les juridictions judiciaires et administratives, préalablement anonymisées. Est-ce une menace ou au contraire une opportunité ? 

L’open data des décisions de justice est une opportunité incontestable. La justice est tout de même rendue au nom du peuple français, il est anormal que le peuple n’ait eu accès qu’à une petite minorité de décisions de justice jusqu’à présent. Les dernières avancées réglementaires en la matière vont donc dans la bonne direction, en ouvrant un champ d’exploration très large aux acteurs de la legaltech comme Predictice. 

Ceci étant dit, nous souhaitons malgré tout que la justice puisse parvenir à se numériser plus rapidement. A cet égard, Predictice a mis en place le Programme 100 000 décisions de justice, consistant en la collecte de décisions de première instance rares et inédites auprès de ses utilisateurs, afin d’enrichir considérablement sa base de données.

Quelle est la valeur ajoutée de Predictice par rapport aux éditeurs juridiques ou à des plateformes comme Legifrance ? 

Predictice est le seul moteur de recherche jurisprudentielle sur le marché qui permet de filtrer les résultats en fonction de leur sens. Predictice est par ailleurs le seul outil du marché permettant aux professionnels du droit de réaliser des analyses statistiques sur un certain nombre de contentieux. A cela s’ajoutent toutes les autres fonctionnalités proposées sur la plateforme, telles que le Scan (permettant d’accéder, en un clic, à l’intégralité des sources juridiques citées dans des écritures) ou les alertes. 

Predictice donne souvent la parole à ses partenaires. Qu’avez-vous appris depuis que vous avez commencé à interviewer vos clients sur l’environnement juridique et des Legaltech en particuliers ?

Les échanges réguliers que nous nourrissons avec nos partenaires et, en particulier, nos clients, révèlent que les professions juridiques sont beaucoup plus technophiles que ce que nous pouvions imaginer. Elles n’ont pas attendu la crise du Covid-19 pour entamer leur profonde mutation : celle de leur digitalisation, qui passe avant tout par la numérisation de leurs outils de travail. Cette digitalisation a toujours été portée par deux tendances : d’une part, l’explosion de l’information juridique (ce qu’on appelle souvent le « big data » juridique) ; d’autre part, le besoin de travailler avec des outils ergonomiques, performants, accessibles partout et à tout moment. Cette double tendance entraîne un effet de ciseau puissant sur les pratiques traditionnelles (par exemple, consulter l’information juridique dans un code papier) et conduit les professionnels du droit à repenser leur façon de travailler. 

Les réticences qui perdurent sont marginales et fondées sur la crainte du remplacement de l’Homme par la machine, qui n’est qu’un mythe : loin d’être rendus inutiles par les nouveaux outils mis à leur disposition, ces professions peuvent au contraire se recentrer sur des tâches qui ont davantage de valeur ajoutée pour leurs clients.

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