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L’économie circulaire est-elle d’abord une économie du transport ?

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Source : GettyImages

OPINION | Plus averti et exigeant que jamais, le consommateur impose aujourd’hui une nouvelle loi d’airain aux entreprises : celle de l’éco-responsabilité. Avec le boom de l’e-commerce et ses incessant allers et retours de produits, la transition vers une économie circulaire se fait encore plus pressante. Or l’efficacité de ce modèle repose en grande partie sur celle du transport.

 

Consommation responsable

Ayant atteint ses limites, la société de consommation du XXe siècle doit laisser la place à un modèle plus vertueux, schématisé par le passage d’une économie linéaire à une économie circulaire. Cette transition est gouvernée par un maitre-mot : responsabilité. Consommer est devenu un acte chargé de sens, presque militant. Et de fait, c’est bien le consommateur qui impose cette éthique à l’économie, fort du pouvoir inédit qui lui a conféré la digitalisation du commerce et la capacité à interagir directement avec la marque ou l’enseigne. 

L’entreprise ne peut plus se contenter de vendre uniquement un produit. Elle doit fournir des informations qui vont plus loin que le prix de l’article, car c’est en fonction de ces informations que le consommateur fait son choix. Il ne pense plus « Je peux me l’offrir », mais « je peux me le permettre dans une perspective éco-responsable ». 

La consommation responsable commence donc par une bonne décision d’achat, une décision informée et raisonnée qui n’est pas seulement guidée par le désir d’acquérir le produit.

 

Créer de nouveaux scénarios, au-delà du produit

Cette transformation se traduit par une sensibilité plus forte vis-à-vis des différents aspects liés à la vie des produits, et même à leur deuxième vie. En témoignent le dynamisme du marché de l’occasion (avec le succès de sites comme Vinted) et le regain d’intérêt pour la réparabilité des produits. Ou encore l’attention portée à la gestion des retours : on estime qu’environ 25% des articles achetés en ligne sont retournés (source : Bpifrance). Avec la croissance ininterrompue des ventes de produits sur internet (+32 % en 2020 d’après la Fevad), les retours pèsent lourd dans l’équation éco-responsable. 

Par quoi cela se traduit-il pour les marques ? Par la nécessité d’informer comme nous l’avons dit, mais aussi celle d’innover et de créer de scénarios nouveaux permettant de garantir leur éco-responsabilité sans dégradation substantielle de leurs marges. 

La marque Jules, par exemple, propose désormais à ses client un service leur permettant de réparer leurs vêtements, non seulement pour prolonger leur durée de vie mais aussi pour réduire leur empreinte environnementale. 

Les grandes plateformes d’e-commerce innovent également pour réduire l’impact économique et écologique des retours. Veepee, par exemple, a créé un nouveau service de retour (baptisé Re-turn) de client à client : plutôt que de renvoyer le produit vers la plateforme pour que celle-ci le remette en vente, le client le propose directement aux autres clients. 

 

Un dénominateur commun : le transport

Que l’on parle de la réparation d’un produit, de sa remise en circulation sur le marché de l’occasion ou de son retour après un achat en ligne, on parle de transport. Gérer la vie et la seconde vie des produits, c’est gérer leur réinjection physique dans un circuit économique.

Pour pouvoir valider les nouveaux scénarios qui sous-tendent l’économie circulaire, il faut donc mettre en place des solutions logistiques elles-mêmes innovantes. Ces solutions doivent non seulement permettre de réduire l’empreinte carbone sur la partie amont du transport (celle que les clients voient moins : entre les fournisseurs et l’entrepôt) et la partie aval (la livraison), mais également de proposer les solutions plus vertueuses qui sont proposées aux clients. 

Or, ces solutions innovantes créent un nouveau défi : elles entrainent un réseau de transport beaucoup plus dispersé que ce que les chargeurs ont l’habitude de traiter en livraisons B2C. Multiplication des points de collecte, aspect aléatoire des livraisons, augmentation des flux de commandes unitaires, etc. : autant de facteurs qui complexifient la gestion vertueuse du transport et la maitrise des coûts. 

Il y a donc un risque pour l’économie circulaire : celui de produire l’effet inverse de celui recherché, où l’on répondrait à une demande forte du consommateur en dégradant les coûts de transport ou l’empreinte carbone dans ces nouveaux scénarios. Pour éviter cela, il faut pouvoir s’appuyer sur un réseau de livraison beaucoup plus dynamique, capable notamment de maximiser les opportunités de consolidation, d’utiliser des moyens écologiques ou encore de collaborer avec des startups de livraison urbaine et de disposer d’outils d’optimisation capables de tenir compte de tous ces facteurs.

Pour être réellement et pleinement circulaire, l’économie a avant tout besoin de transformer la manière dont le transport est géré. 

Tribune rédigée par Sébastien Lefebure, Directeur général Europe du Sud de Manhattan Associates

 

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