Que l’on aime le foot ou pas, la coupe du monde aura été l’occasion de nous rappeler quelques principes clé du management en observant l’attitude des coachs des équipes nationales. En effet, c’est en allant voir ce qui se passe dans d’autres disciplines, le sport en l’occurrence, que le management peut se ressourcer et puiser de l’inspiration.
Le coach, directeur de casting
Les réalisateurs avouent souvent que le choix des acteurs a un effet décisif sur le succès d’un film. Il en est de même dans le cas d’une équipe de foot. Le choix des hommes fait évoluer la chorégraphie du jeu et la performance finale. Mais le coach ne considère pas seulement la qualité individuelle des joueurs, il utilise comme critère de décision l’impact sur la performance collective. En d’autres termes, en quoi le choix de faire rentrer tel joueur peut-il influencer la physionomie collective du jeu ? Lors de la coupe du monde, Didier Deschamps n’hésitera pas à faire sortir des joueurs expérimentés ou faire rentrer sur le terrain des novices à des moments pourtant cruciaux. Ce qui ne manquera pas de susciter doutes et critiques de la part des observateurs, jusqu’à ce que ces décisions se traduisent finalement par des buts en faveur des tricolores. Parce que leurs qualités individuelles se sont inscrites dans une dynamique de groupe dans laquelle cet assemblage inattendu de talents a rendu possible une performance impossible avant.
De même, alors que l’âge demeure, dans beaucoup d’entreprises, la dimension sacrifiée de la diversité, les équipes de foot se sont montrées exemplaires lors de cette coupe du monde. En faisant jouer ensemble des joueurs très expérimentés et en fin de carrière avec de jeunes recrues, les coachs ont mis en avant les bénéfices des équipes intergénérationnelles.
A l’heure où les entreprises parlent de diversité, il est primordial que les managers qui recrutent gardent à l’esprit l’importance de cette dynamique de groupe et ne se focalisent pas exclusivement sur les qualités individuelles d’un candidat. Comprendre en quoi la contribution de chacun aidera le collectif à se surpasser permettra d’aller encore plus loin dans la performance de l’équipe.
Qui fait quoi ?
La grande différence entre le manager dans une entreprise et le coach d’une équipe de foot, c’est que ce dernier ne joue jamais au foot lui-même. Il coache son équipe. En entreprise, pour des raisons d’optimisation des ressources, le manager est très souvent coach mais également « joueur ». Il est en effet fréquent qu’un directeur commercial soit à la fois team leader mais également un super commercial qui aura par exemple la responsabilité de négocier avec les plus gros clients. Parce que le coach de l’équipe de foot n’a pas, par définition, la possibilité de jouer sur le terrain avec ses joueurs, il est condamné à investir toute son énergie sur l’accompagnement, le développement de ses joueurs afin que ces derniers gagnent en compétence, autonomie et confiance.
La première fois que j’ai eu la responsabilité de manager une équipe, mon manager m’a convoqué et a déclaré de manière théâtrale mais mémorable que ma fonction venait radicalement de changer. Je ne devais plus produire des résultats mais désormais faire en sorte que mon équipe en délivre. Et ma principale fonction était de les aider à le faire. Ce qui est profondément différent.
Cela peut paraitre évident mais face à des sollicitations quotidiennes toujours plus importantes, chaque manager devrait s’interroger régulièrement pour savoir quel pourcentage de son temps est consacré à son équipe et quel pourcentage concerne la réalisation de tâches individuelles.
Le coach, pourvoyeur de feedback
Alors que beaucoup d’entreprises s’évertuent à convaincre leurs managers qu’il est bénéfique de partager du feedback (et d’en recevoir), le coach de foot passe lui son temps à en donner. A en crier même ! Il suffit de les observer interpeller leurs joueurs depuis leur banc de touche, leur prodiguer des conseils à coup de hurlements pour comprendre que le feedback dans une équipe de foot n’est pas un concept philosophique mais une réalité incontournable. Un véritable outil de travail. Et que dire de la sacro-sainte mi-temps où les joueurs, retranchés dans le temple secret des vestiaires vont écouter religieusement leur coach leur faire un retour sur leur performance, leurs erreurs et leurs opportunités. Les joueurs se nourriront de ce moment et le coach aura eu 15 minutes pour convaincre et transformer.
Les managers en entreprises ne devraient-ils pas se dire, toute proportion gardée, que chaque interaction avec leurs équipes est un peu comme une mi-temps de match, et que les quelques phrases qu’ils prononceront auront le pouvoir de transformer une dynamique, une attitude ou un état d’esprit ?
Les mots pour le dire
Avez-vous déjà entendu Didier Deschamps dire à l’un de ses joueurs qu’à des fins de synergie avec les attaquants, il devrait parfois disrupter son approche relationnelle pour être plus stratégique ? Non bien entendu ! Il ne suffit pas à un leader, qu’il soit sportif ou pas, d’avoir une vision, il faut qu’il puisse efficacement communiquer cette dernière. Dans les entreprises il existe souvent une sophistication inauthentique et abusive de la façon de s’exprimer. Le jargon est pourtant contre-productif. Il ne fait plaisir qu’à celui qui l’utilise et dénature le message à transmettre. Le vrai talent de la communication d’un leader consiste à savoir exprimer des choses complexes avec des mots simples et adaptés. Le manager devrait se demander s’il s’exprime suffisamment simplement, dans le bon sens du terme, pour que son message soit efficace et percutant.
Au-delà des mots, le coach sportif sait pleinement embrasser les individualités et les particularités de ses joueurs. Ce qui est une bonne chose car une équipe de foot est parfois une illustration extrême de la diversité. Par exemple, quelles vont être les stratégies de coaching et de management de Christophe Galtier (coach du PSG) qui va accueillir dans cette période post coupe du monde, des joueurs dont l’état d’esprit est totalement éparpillé sur l’échiquier de la motivation et de l’engagement ? Comment va-t-il faire pour gérer la déception profonde de ses joueurs brésiliens qui n’ont pas vraiment brillé, effacer la frustration de son joueur italien qui n’a même pas participé, aider son joueur marocain à oublier ses espoirs déçus, faire renaître la motivation de ses joueurs français et utiliser à bon escient l’enthousiasme de son joueur argentin ? Mais surtout, comment adresser avec dextérité et précision chaque situation individuelle afin de la mettre au service de l’équipe ? Comment recréer une dynamique collective, réactiver la vision et le sens en s’appuyant sur ces blessures et histoires individuelles ?
Le coaching sportif n’est pas seulement une source d’inspiration pour managers. Il met également en évidence l’absolue nécessité de développer ses soft skills et ses capacités relationnelles si l’on veut comprendre, motiver, inspirer et engager. Bref, si l’on veut être un leader.
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