Rechercher

Le « visa doré » de Donald Trump ne séduit pas les milliardaires

visa
Passeports américains avec des devises en dollars. | Source : Getty Images

Plusieurs milliardaires à travers le monde ont exprimé leur ressenti après l’annonce du lancement d’un « visa doré » par Donald Trump. La plupart d’entre eux ne sont pas intéressés.

 

La semaine dernière, Donald Trump a annoncé un plan visant à vendre cinq millions de « visas dorés » qui offrent une résidence permanente et une autorisation de travail aux États-Unis. « Des gens riches viendront dans notre pays en achetant ce visa », a déclaré Donald Trump aux journalistes dans le bureau ovale. « Ils seront riches et réussiront. »

Donald Trump a présenté ce plan, qui devrait être mis en œuvre sous deux semaines, comme un moyen de réduire le déficit de l’État. « Nous pourrons vendre un million de ces visas, peut-être plus. Et si l’on additionne les chiffres, on se rend compte qu’ils sont plutôt bons. À titre d’exemple, un million de visas nous rapporteraient 5 000 milliards de dollars. »


Cependant, ce visa séduit-il les personnalités les plus riches au monde ? Forbes s’est entretenu avec 18 milliardaires du monde entier afin d’évaluer leur intérêt pour ce nouveau dispositif.

Parmi les milliardaires interrogés, 13 ont déclaré qu’ils ne seraient pas intéressés par l’achat d’un visa doré, tandis que trois se sont montrés hésitants. Forbes a trouvé deux milliardaires qui ont déclaré qu’ils envisageraient sérieusement d’en acheter un.

« Si vous êtes milliardaire, vous n’en avez pas besoin », déclare un milliardaire canadien. « À mon avis, il n’y a aucune raison pour que les riches participent à ce programme », ajoute un milliardaire européen. « Quiconque a une idée d’entreprise peut aujourd’hui la réaliser à très bon marché, alors pourquoi dépenser cinq millions de dollars ? », déclare un milliardaire russe. « Je ne comprends pas qui va payer cinq millions de dollars [pour ce visa]. »

De nombreux milliardaires investissent déjà aux États-Unis depuis l’étranger, accédant ainsi au marché américain sans chercher à obtenir la résidence ou la citoyenneté du pays. « Je n’ai pas besoin de venir aux États-Unis pour y investir », déclare le milliardaire canadien.

La plupart des milliardaires interrogés estiment tout simplement ne pas avoir besoin de la citoyenneté américaine et n’en veulent pas. Certains ne souhaitent pas quitter le pays où ils ont créé leur entreprise et élevé leur famille. « Je ne voudrais jamais être citoyen d’un autre pays que l’Inde, surtout actuellement », déclare Abhay Soi, qui préside la deuxième chaîne d’hôpitaux indienne cotée en bourse en termes de chiffre d’affaires. Il est l’un des sept milliardaires indiens interrogés par Forbes, qui ont tous déclaré ne pas être intéressés par un visa doré.

Il y a ensuite les implications fiscales. Les États-Unis sont l’un des rares pays à imposer leurs citoyens sur leurs revenus dans le monde entier, quel que soit leur lieu de résidence : un inconvénient majeur pour l’obtention de la citoyenneté, selon plusieurs milliardaires interrogés par Forbes.

Donald Trump a déclaré que les détenteurs d’un visa doré « n’auront pas à payer d’impôts sur leurs revenus en dehors des États-Unis », ce qui pourrait leur permettre de bénéficier d’un allègement fiscal considérable que n’ont pas les autres détenteurs de visas ou même les citoyens américains, bien que les détails du programme n’aient pas encore été publiés et qu’il ne soit pas certain que Donald Trump puisse proposer un tel accord sans l’approbation du Congrès.

Quatre milliardaires interrogés ont cité les impôts américains comme une préoccupation majeure. « Je paierais dix millions de dollars », a déclaré un milliardaire du Moyen-Orient qui, bien qu’il n’ait actuellement aucun lien commercial ou personnel étroit avec les États-Unis, considère le visa comme une opportunité intéressante, « tant qu’il n’est pas assorti du poids de la fiscalité mondiale ».

Plusieurs personnes ne sont pas intéressées par visa doré, même si elles souhaitent s’installer aux États-Unis, car elles pensent pouvoir trouver une autre voie d’accès à la citoyenneté sans en payer le prix fort, notamment par le biais du mariage ou de visas d’aptitude extraordinaire pour les travailleurs hautement qualifiés. « Si les États-Unis font de cette voie le seul moyen d’obtenir la citoyenneté et annulent tous les autres, alors une telle initiative aura de l’importance », déclare le milliardaire russe.

En attendant, cinq magnats ont exprimé leur intérêt pour le visa, dont un basé au Moyen-Orient, deux en Europe et deux en Afrique.

« L’initiative du président Trump me semble être une idée audacieuse et prometteuse », déclare Mohammed Dewji, un milliardaire tanzanien qui vit à Dubaï. « Si elle est gérée avec soin et associée à des cadres juridiques réfléchis, elle pourrait contribuer à créer le type de communauté internationale dynamique que j’apprécie à Dubaï : un centre mondial où l’innovation, la formation de capital et la collaboration transfrontalière prospèrent. »

 

Reportage d’Elena Berezanskaya, de Kerry A. Dolan, de Monica Hunter-Hart, de John Hyatt, de Sylvan Lebrun, de Chase Peterson-Withorn, d’Anuradha Raghunathan et de Giacomo Tognini.

 

Article de Forbes Wealth Team pour Forbes US, traduit par Flora Lucas

 


À lire également : Patrimoine : les visas dorés et les seconds passeports au cœur des nouvelles stratégies patrimoniales

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC