Soutenues par une communauté fidèle, ces créatrices de mode ont relevé le pari de l’entrepreneuriat en communiquant exclusivement sur Instagram. Des success stories à grand renfort de reach et de stories…
Sold out… En quelques heures seulement, les bananes XXL dessinées en exclusivité pour le popup store Instagram de la marque Makemylemonade ont été vendues. « J’avais envie d’en dessiner une depuis longtemps, elle n’est pas classique mais gigantesque… On peut mettre sa vie dedans » explique Lisa Gachet la jeune créatrice, avant de préciser « c’est un produit très Instagramable parce que fun, impactant et facilement réalisable dans nos ateliers ».
A l’instar des jeunes marques Mode Trotter et Lou.Yétu, cette jeune griffe appartient à la famille des marques françaises émergentes, propulsées par Instagram et qui s’appuient sur un personal branding (faire de sa personne une marque) extrêmement performant. Avec pour devise le désir de se plaire à elles-mêmes avant de séduire les autres, ces entrepreneures soutenues par une communauté fidèle et active s’imposent dans un marché extrêmement concurrentiel.
Ajoutez une prédisposition pour le storytelling et un modèle de success story comme Sézane et vous obtenez une nouvelle façon de voir la mode : plus artisanale, plus qualitative, plus transparente, qui renoue le lien entre la marque et ses clientes. « Je ne trouvais pas les bijoux que j’avais envie de porter, et qui répondent aux standards de qualité pour un prix normal. En gérant moi-même le développement et la production dans mon atelier j’ai voulu supprimer les intermédiaires et offrir à mes clientes des bijoux qui résistent à la vie.» raconte Camille Riou, créatrice de Lou.Yétu une marque de joaillerie espiègle qui compte une quarantaine de « louves », ses salariées.
La jeune trentenaire peut s’enorgueillir d’un chiffre d’affaires multiplié par trois depuis son lancement sur Instagram en 2015. Son credo : privilégier la qualité plutôt que la quantité, tout en jouant la carte de la transparence auprès de sa communauté de 440 k. « La transparence sur les réseaux sociaux est notre levier principal de communication depuis presque cinq ans ; on montre l’envers du décor avec ses galères et ses petites joies ». Et ça marche : les jours sans publication Instagram, la marque fait 20% de chiffre d’affaires en moins.
Une mode qui colle à ses abonnés
Ces créatrices 2.0 qui nourrissent à travers l’entrepreneuriat l’envie de faire une mode qui leur correspond revendiquent une démarche plus créative, parfois très éloignée des injonctions consuméristes auxquelles nous ont habitués les marques institutionnelles. « Les réseaux sociaux sont aujourd’hui les médias les plus influents en ce qui concerne la mode » affirme l’e-papesse de la coolitude Marie Courroy avec Modetrotter qui fête ses quatre ans d’existence.
Celle qui refuse de « courir après la dernière tendance », avec des créations aux imprimés colorés et inspirés par sa passion des voyages, se réjouit de trouver sur Instagram un espace de liberté pour présenter sa marque « de la façon dont on veut qu’elle soit perçue ». Et ce, à un rythme en adéquation avec son succès. « Dans notre atelier parisien on reste une toute petite structure. Cela nous permet d’être hyper réactifs : on peut sortir des produits un peu n’importe quand, sur une simple envie, comme par exemple un tissu sympa».
Des moyens limités, des créations en flux tendu, mais beaucoup d’interaction avec la communauté qui like, commente, partage et soutient ces marques très incarnées : « on s’attache plus facilement à une personne qu’à un produit, c’est naturel pour moi de montrer ce qui se cache derrière la marque, à savoir une équipe. Il faut communiquer sur l’humain » conseille Lisa Gachet. Elle a démarré sa marque de vêtements à faire soi-même en faisant voter sa « commu » pour son modèle préféré, avant de lancer sa marque de prêt-à-porter délicieusement acidulée. Pari gagnant : à l’ère du numérique, l’influence ne se traduit pas qu’en nombre d’abonnés mais aussi par la pertinence du contenu, l’authenticité du propos et l’engagement des abonnés.
On ne prête qu’au reach !
« On peut traquer les achats qui se font sur notre site et voir d’où ils arrivent, c’est en majorité des stories ». Dans cette montée en puissance de la micro-influence avec les stories qui sont devenues le format-roi des influenceuses, Instagram joue son rôle d’accompagnateur pour aider leurs instabrands à élargir leurs territoires d’expression : « l’interactivité est une des clés essentielles des expériences qu’on veut créer pour renforcer le lien entre les marques et leur communauté » explique Mélanie Agazzone, responsable de la communication d’Instagram France.
Guide des bonnes pratiques, stickers, carte de précommande, et dernièrement un outil « shopping » qui permet de taguer ses produits sur une publication en mettant en avant sa marque et son prix. De quoi redoubler de créativité et d’efficacité pour continuer à exister là où les grands acteurs de l’industrie textile semblent encore à la traîne. Pour combien de temps ? « Pour être irremplaçable il faut être différent » disait Coco Chanel.
Camille Riou de Lou.Yétu
« Les clients achètent en moyenne quatre fois par an chez nous. Ma meilleure presse, ce sont les recommandations de mes clientes. »
Pour Camille Riou, sa passion pour les bijoux transmise par sa grand-mère a été la plus forte… Après quelques années à fabriquer des modèles « qu’elle aime et ne trouve pas ailleurs » dans son appartement-atelier du 35 rue de Poitou devenu trop petit pour accueillir les passionnées de ses créations, la jeune femme quitte sa carrière au service du marketing et se lance dans l’entrepreneuriat en 2015. Ses bijoux ciselés ‘’plaqués or’’ et superposables à l’envi font mouche sur la toile avec aujourd’hui plus de 540 K d’abonnés sur son compte Instagram. Son chiffre d’affaires a été multiplié par trois, presque autant que son équipe qui compte 40 « louves ». Sa ligne éditoriale sur Instagram : transparence et humour.
Marie Couroy de Modetrotter
« Modetrotter c’est d’abord un univers. Aujourd’hui on vend des vêtements, mais peut-être que dans 5 ans cela sera autre chose… Je ne veux pas m’enfermer. »
Avec une énergie que l’on sent contagieuse, l’entrepreneuse, qui a lancé il y a dix ans le site Modetrotter devenu l’e-repaire des marques branchées, a très vite compris que les réseaux sociaux étaient un lieu de démocratisation pour la mode. Depuis quatre ans, celle qui incarne un style de vie, mélange entre Parisienne joyeuse et esprit bohème, cartonne – une croissance de 50% – avec ses propres créations à la fois pointues, colorées, faciles à porter, accessibles et fabriquées à Paris. Sa ligne éditoriale sur Instagram : spontanéité et créativité.
Lisa Gachet de Makemylemonade
« C’est important et plus honnête de montrer le visage humain d’une marque, c’est-à-dire tout ce qui se passe derrière avec l’équipe. »
Avec pour devise « When life gives you lemons, make lemonade ! » (Quand la vie te donne des citrons, fais de la limonade !), Lisa Gachet est une artiste touche-à-tout qui démarré l’aventure Makemylemondade avec un blog lifestyle de DIY (Do It Yourself), avant de lancer sa marque de prêt à porter en 2015. Elle a tissé des liens étroits avec une communauté qui a grandi au fil de ses nombreux projets (300 K sur Instagram). Avec son style unique, rétro et acidulé, la jeune créatrice s’est fait une place dans l’univers très concurrentiel de la mode. Sa ligne éditoriale sur Instagram : incarnation et proximité.
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