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Le meilleur investisseur du monde est un VC israélien

La société de capital-risque israélienne Entrée Capital a été sacrée meilleur investisseur d’Europe et du Moyen-Orient pour la première fois. Le cofondateur d’Entrée Capital s’est hissé au sommet de la Midas List Europe grâce à de nombreux succès à l’échelle locale, comme Monday.com, ainsi qu’à des entreprises œuvrant à l’échelle internationale, comme Coupang et Stripe.

Un article de Iain Martin pour Forbes US –  traduit par Flora Lucas

 

En 2015, Avi Eyal, cofondateur d’Entrée Capital, a fait un pari avec Eran Zinman, cofondateur de Monday.com : créer au plus vite une application mobile de gestion de projet. Si l’application ne décollait pas, il paierait la note de 50 000 dollars. « Dès le lendemain, nous avons commencé à travailler sur la première version de l’application », raconte Eran Zinman. « Était-elle parfaite ? Non, mais nous avons beaucoup appris de cette expérience. »

Huit ans plus tard, la société Monday.com vaut 8,2 milliards de dollars, son application mobile sur iOS a été téléchargée huit millions de fois et l’intuition d’Avi Eyal s’est avérée remarquablement payante. Ce n’est pas la première fois que le cofondateur d’Entrée Capital fait preuve d’une telle intuition. Ses investissements dans le site de commerce électronique coréen Coupang, la société américaine d’origine irlandaise destinée au paiement par internet pour professionnels Stripe et la startup espagnole de livraison de repas Glovo ont également porté leurs fruits. Grâce à ses nombreux investissements prolifiques, Avi Eyal décroche la première place sur la Midas List Europe, le classement définitif des principaux investisseurs en capital-risque d’Europe et du Moyen-Orient.

Avi Eyal s’est peu à peu frayé un chemin vers les plus hautes marches du podium de la Midas List Europe et de la Midas List mondiale, grâce à une stratégie éclectique et énergique : les fonds d’Entrée Capital ont permis de soutenir des talents israéliens en phase d’amorçage, mais aussi de financer des startups en phase de croissance, de San Francisco à Séoul. « Avi est l’un des meilleurs sélectionneurs et chasseurs du secteur », déclare Harry Stebbings, fondateur de 20VC, dont le fonds actuel et les précédents ont été soutenus par Avi Eyal. « C’est un véritable chasseur de bonnes affaires. »

Une année difficile pour la « nation des startups ».

Avi Eyal est l’un des quatre investisseurs israéliens à figurer sur la Midas List Europe de cette année, avec le nouveau venu Gili Raanan (Cyberstarts), Michael Eisenberg (Aleph) et Gil Dibner (Angular Capital). Laurel Bowden entretient également des liens étroits avec Israël, puisque plus de la moitié de l’équipe de 83North (à l’origine Greylock Israël) est basée à Tel-Aviv.

Cette reconnaissance incroyable intervient au cours d’une année difficile pour la « nation des startups ». Les investisseurs en capital-risque et les entreprises technologiques ont été les premiers à protester contre la tentative du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’affaiblir la Cour suprême d’Israël. Puis vint l’horrible attaque du Hamas du 7 octobre, la plus meurtrière contre Israël depuis 1948, et la campagne militaire à Gaza.

Plusieurs membres de l’équipe d’Entrée Capital ont été mobilisés, des collègues des entreprises du portefeuille de la société de capital-risque ont été tués ou blessés, et Avi Eyal, comme beaucoup de sociétés de capital-risque et d’entrepreneurs israéliens, a apporté son aide, coordonnant les volontaires, trouvant des maisons pour les personnes déplacées et organisant l’aide pour les personnes touchées par le conflit. « Je suis un fervent défenseur de la paix, mais il n’y a pas de paix sans sécurité », déclare-t-il.

Partisan de la normalisation des relations d’Israël avec plusieurs pays arabes,

Avi Eyal, quant à lui, a une vision à long terme. Il a été un fervent partisan de la normalisation des relations d’Israël avec les Émirats arabes unis et plusieurs pays arabes, dans le cadre des pourparlers de paix des accords d’Abraham. Un fonds souverain du Golfe est l’un des investisseurs d’Entrée Capital, qui a soutenu des startups aux Émirats arabes unis. « Nous avons rencontré de bonnes personnes qui voulaient développer leur entreprise », déclare Avi Eyal.

Bien qu’il soit né en Israël, lorsqu’Avi Eyal avait 6 ans, son père a démissionné de son poste dans l’armée de l’air israélienne pour travailler comme ingénieur à Durban, en Afrique du Sud. C’est là qu’Avi Eyal a rencontré pour la première fois son futur associé et cofondateur d’Entrée Capital, Martin Moshal, qui allait ensuite soutenir ce qui allait devenir le géant des jeux d’argent en ligne Super Group, coté à la bourse de New York. Alors qu’il était étudiant à Johannesburg, Avi Eyal a utilisé une bourse pour créer sa première entreprise, un développeur de logiciels et d’infrastructures de réseau qu’il a vendu neuf ans plus tard pour huit millions de dollars à une entreprise cotée à la Bourse de Londres. Au cours de la décennie suivante, il a créé ou dirigé neuf autres entreprises, passant de l’Afrique du Sud à San Francisco et à Londres.

Avi Eyal a repris contact avec Martin Moshal lorsque son ancien camarade de classe a fait un investissement providentiel dans sa dixième startup, une entreprise de logiciels de conformité. Lorsque cette entreprise a été rachetée pour 19 millions de dollars par une société technologique indienne en 2009, les deux hommes ont décidé d’officialiser leur relation sous le nom d’Entrée Capital.

 


« L’un de nos principes est que lorsque les valorisations deviennent dérisoires, il faut en vendre un tiers. »

Avi Eyal


 

Le capital initial du fonds provient des fortunes personnelles du duo, celle d’Avi Eyal provenant de sorties d’entreprises réussies et celle de Martin Moshal d’investissements. Ce dernier détient aujourd’hui une participation de 46 % dans le casino en ligne Betway, désormais coté à la Bourse de New York pour une valorisation d’environ 879 millions de dollars. Martin Moshal, qui serait aujourd’hui le plus grand donateur de la politique sud-africaine, reste discret, mais s’est fortement impliqué dans Entrée Capital, selon Avi Eyal. « Je ne prends aucune décision d’investissement sans lui en parler d’abord, nous discutons de tout », déclare-t-il.

Passion pour la cuisine 

Pour apprendre les ficelles du capital-risque, le duo a pris des participations dans des fonds de capital-risque de premier plan tels que Founder Collective, Iconiq et Stride VC. « Il n’y a pas d’école de capital-risque. Nous avons donc investi dans certains fonds et appris grâce à eux », explique Avi Eyal.

Les relations qu’ils ont nouées à cette occasion les ont aidés à se faire une place dans les tours de table les plus importants, comme la série C de Stripe et la série E de Coupang, qui comptent parmi les opérations phares d’Entrée Capital. « Avi est venu à nos réunions annuelles comme tous les autres investisseurs, mais la différence est qu’il s’est efforcé de connaître les fondateurs », explique David Frankel, associé gérant de Founder Collective, qui a également soutenu Coupang. « N’importe quel investisseur aurait pu le faire, mais Avi l’a fait avec plus d’ardeur. »

Entrée Capital, dont le nom est un clin d’œil à la passion d’Avi Eyal pour la cuisine, compte quelques gagnants maison, comme Monday.com. L’entreprise basée à Tel-Aviv, cotée à la Bourse de New York avec une valorisation de sept milliards de dollars en juin 2021, a eu du mal à trouver son créneau. Sans le renflouement d’Entrée Capital, elle se serait retrouvée à court d’argent. « Ce vote de confiance a été déterminant à l’époque », déclare le cofondateur Eran Zinman.

Deux échecs lamentables 

Outre Monday.com et quelques mégatransactions comme Stripe et Coupang, Avi Eyal a accumulé une série de gains plus modestes, comme la vente de la startup environnementale Breezometer pour 200 millions de dollars à Google l’année dernière, et l’introduction en bourse pour 420 millions de dollars de la fintech australienne Prospa (cofondée par le cousin de Martin Moshal).

Les investisseurs et les fondateurs qui ont travaillé avec Avi Eyal reconnaissent que son expérience entrepreneuriale (« deux échecs lamentables » et huit sorties, selon ses propres termes) lui a permis d’affiner ses investissements et l’a incité à réduire les frais de gestion. « Malheureusement, un certain nombre de sociétés de capital-risque ont obtenu de gros fonds, se sont engraissées et vivent des frais de gestion. Nous pensons que nous n’avons pas besoin de ces frais de gestion », explique-t-il. Il en va de même pour les retraits d’argent, même dans le cas d’investissements fulgurants tels que Stripe. « L’un de nos principes est que lorsque les valorisations deviennent dérisoires, il faut en vendre un tiers. »

Monday.com est une exception à cette règle. Fait inhabituel pour un investisseur en phase d’amorçage, Avi Eyal a participé à chaque tour de table jusqu’à l’introduction en bourse. En outre, il siège au conseil d’administration et détient toujours des actions en son nom propre (Entrée Capital a encaissé des actions avant l’introduction en bourse). « Avi est l’investisseur en capital-risque le plus étrange dans sa façon d’investir », déclare Eran Zinman. « Plus traditionnellement, les fonds n’investissent que dans les phases d’amorçage ou de démarrage, mais la structure d’Avi est plus souple […] c’est lui qui décide, donc c’est plus facile. »

 

Avi Eyal – Capture d’écran, vidéo Forbes US

 

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