L’Islam étant la première religion dans cette partie du monde, les marques de vêtements ont compris la nécessite de se positionner rapidement sur ce marché. De nouvelles enseignes proposent maintenant aux femmes musulmanes des vêtements élégants, originaux, plus ou moins sophistiqués mais toujours adaptés à leur religion et elles n’hésitent pas à présenter leurs collections lors de défilés de mode à Dubaï, Jakarta et Kuala Lumpur…
La société Zalora, fabriquant de vêtements vendus en ligne en Asie du sud-est a créé la collection « Zalia », avec un nombre de modèles assez limité lors de son lancement au printemps dernier. Face au succès immédiat de cette collection, elle a revu rapidement à la hausse ses objectifs et propose maintenant 50 à 60 nouvelles pièces chaque mois : « Augmenter l’offre à destination des femmes musulmanes aide l’industrie de la mode musulmane à s’épanouir et attise l’intérêt de ces femmes pour la mode.» explique un porte-parole de Zalora.
Uniqlo s’est également très vite positionné sur ce marché en proposant des hijabs dans ses magasins en Asie du Sud-Est. A la suite d’un lancement réussi en juillet 2015, leur deuxième collection de vêtements islamiques est proposée depuis janvier à Singapour, en Malaisie, en Indonésie et en Thailande.
Le Consortium indonésien de la mode islamique souhaite faire de l’Indonésie la capitale mondiale de la mode islamique avant 2020. Dans cette partie du monde dans laquelle l’islam est très présent, c’est l’Indonésie qui a la plus grande population musulmane et c’est pourquoi la mode islamique est aussi un marché à très fort potentiel pour les marques et les revendeurs. Une étude co-financée par Reuters a montré que les musulmans ont dépensé 266 milliards de dollars dans l’achat de vêtements en 2013. Cela représente plus que les dépenses des marchés japonais et italiens réunis et cet investissement devrait largement augmenter pour atteindre 484 milliards en 2019.
Dans les pays qui ne sont pas majoritairement islamiques on peut s’interroger sur le choix de ces marques a maintenant proposer ce type de vêtements dans leurs enseignes.
Car effectivement, il y a débat !
Cette nouvelle offre vestimentaire liée à la religion met en lumière le fardeau que les femmes musulmanes doivent «porter» seules et la complexité d’adapter leur tenue conformément aux lois dans chaque pays. En France, nous n’avons pas le droit de circuler visage couvert alors que l’Iran et l’Arabie Saoudite obligent les femmes à se couvrit la tête et se vêtir d’un long manteau (hijab et abaya).
Même si le hijab fait maintenant partie des collections des distributeurs de vêtements plus grand public, la question est de savoir comment les populations musulmanes vont réagir à une offre de vêtements à la mode d’inspiration islamique. DKNY, Oscar de la Renta, Tommy Hilfiger, Mango, et Monique Lhuillier ont très bien vendu leurs collections capsules au Moyen-Orient, généralement à l’occasion du Ramadan.
Le véritable test de la réceptivité des consommateurs pourra venir bientôt, à l’occasion du lancement de la nouvelle collection d’abaya et de hijab par Dolce & Gabbana. Dolce & Gabbana a fait son annonce sans révéler pour le moment dans quels pays la collection sera disponible. La marque propose dans cette collection des « Haute-hijabs » et des abayas qui seront conformes aux exigences et contraintes de la plupart de ces pays musulmans sur les tenues des femmes.
Sur Instagram, l’augmentation des hijab designées par des modeuses est significative. Et c’est à Lagos, au Nigeria qu’est née Hijarbie, la Barbie qui porte un Hijab trendy pourtant totalement dans le respect de la religion et dont le compte Instagram a attiré environ 36 000 personnes. Ce profil a été créé par Haneefa Adam, une étudiante en sciences médicales de 24 ans, qui coud à la main les vêtements de la poupée.
On peut en conclure que la mode islamique intéresse énormément de monde. Et même si le potentiel économique de l’Asie du sud-est fait tourner de nombreuses têtes, il faut être vigilant sur la façon dont ce mouvement va s’élargir et toucher les autres parties du monde (surtout non-musulmanes) avec le risque d’affecter les objectifs sociaux et les politiques d’intégration et d’égalité des droits des femmes musulmanes.
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