Le lithium, l’or blanc de la mobilité électrique

Ordonnée par les autorités à travers le monde, la transformation vers les véhicules électriques se repose sur l’utilisation des batteries lithium-ion qui fait exploser le cours du métal blanc, en hausse de plus de 200% depuis le début de l’année.

La vente des véhicules électriques a augmenté de 150% pendant les six premiers mois de 2021 par rapport à l’année 2020. La Chine, premier pays des autos électriques, voit une pénurie des stocks de l’hydroxyde de lithium, la qualité requise pour les batteries automobiles. Il est estimé que le nombre de véhicules électriques vendus chaque année va se multiplier par dix d’ici 2030 et par plus de vingt d’ici 2050, ce qui fera plus de 60 millions de véhicules électrique vendus chaque année par rapport à 3 millions de véhicules par an actuellement. Cette progression sera vertigineuse. On ne peut qu’espérer que l’industrie minière pourra tenir le cap en répondant à ce qu’il sera une progression phénoménale du besoin réel du métal blanc.

Les experts nous disent que le monde contient suffisamment de ressources en lithium pour satisfaire la demande qu’ils anticipent. Il reste quand même à réaliser le financement et le développement de la capacité minière globale pour répondre avec une production adéquate, chose qui est loin d’être certaine. L’industrie globale minière est certainement capable de rechercher et d’identifier les reserves de lithium mais cela demandera du temps et une diligence optimale pour réussir à répondre à cette demande. L’équilibre du marché, c’est à dire l’évolution du prix du lithium, risque d’être chaotique.

Le Triangle du Lithium, où se trouve les plus grands gisements lithinifères en saumure au monde, s’étale entre le Chili, la Bolivie, et l’Argentine. C’est l’Arabie Saoudite du lithium en quelque sorte. Il est estimé que 58 % des reserves mondiales du lithium soient enfermées dans les nappes phréatiques de ce triangulum. Il s’agit de saumures chargées de lithium déposées il y a des millénaires dans des lacs ou ‘salars’ préhistoriques qui se sont évaporés depuis. Plusieurs sociétés productrices y sont déjà. Il existe aussi des gisements très importants dans d’autres pays, tels le Canada, le Mexique, l’Australie, et l’Afghanistan mais les coûts de production les plus faibles sont en Amérique du Sud.

La stratégie d’Elon Musk inclut également le marché naissant des batteries domestiques afin de stocker de l’électricité aux foyers, associées à des panneaux solaires.

L’industrie automobile est en pleine mutation. La vente en Europe de véhicules purement électriques représentait 7,5% du marché au deuxième trimestre 2021, deux fois la part du marché au même trimestre en 2020.  L’Union européenne souhaiterait que les constructeurs automobiles éliminent totalement la production de véhicules à moteur à combustion avant 2035. Quelques constructeurs proposent d’emblée d’y parvenir dès 2025 dont Jaguar et Volvo.

Le marché conducteur du lithium est en Chine. La Chine contrôle 60% du marché mondial du traitement et du raffinage du lithium, ainsi que le même pourcentage de la fabrication des cathodes nécessaires pour faire des batteries de tous genres, des smartphones, des ordinateurs portables et bien sûr des automobiles.

Les technologies des batteries sont en évolution permanente. Une dynamique de développement est assurée par les investissements majeurs de la part de tous les constructeurs automobiles, avec Tesla en chef de file. La marque d’Elon Musk a récemment annoncé en Chine une commande pour les batteries lithium-fer-phosphate (LFP) en quantité suffisante pour équiper en 2022 à peu près 1.000.000 de véhicules électriques. Ces batteries sont supposées assurer une meilleure autonomie.

La stratégie d’Elon Musk inclut également le marché naissant des batteries domestiques afin de stocker de l’électricité aux foyers, associées à des panneaux solaires. Le modèle économique de Tesla vise à fournir les foyers avec ces batteries, et des panneaux solaires, tout en restant connecté au réseau. Ces batteries sont plus grandes que les batteries automobiles. Les besoins de lithium potentiels pour satisfaire ce marché sont incalculables à ce stade et presque inimaginables.

Il suffit de voir le nombre de réclames à la télé pour se rendre compte à quel point les constructeurs automobiles nationaux ciblent d’ores et déjà sur la vente d’autos hybrides et purement électriques. Les rabais, les aides pour l’achat, et d’autres primes sont étalés à tous va incitant tout un chacun à franchir le pas de la mobilité électrique. À croire que l’autonomie et la facilité de recharge sont déjà au niveau de la facilité avec laquelle les autos classiques sont utilisables. Sur ce domaine les constructeurs font du progrès plus vite que le développement du réseau national des bornes de recharge. Et on se demande si toutes les autos étaient déjà électriques, est-ce que la France et l’Europe entière, seraient capable de fournir suffisamment d’électricité pour faire marcher le parc global des véhicules. Jusqu’à quand doit-on compter sur nos vieilles autos à combustion pour que l’on puisse circuler sans faire défaillir l’infrastructure nationale et européenne d’approvisionnement en électricité ?

Qui dit mobilité électrique dit aussi, du moins pour l’instant, développement de la production mondialement du lithium. Mais qui dit mobilité électrique dit aussi forcement développement de nos centrales nucléaires en plus des éoliennes, centrales à charbon (pour l’Allemagne), et centrales à gaz naturel. Le lithium sera peut-être le plus facile à fournir des éléments nécessaires à cette équation.

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