Rechercher

Le géant Alibaba peut-il tenir le choc de son expansion en 2024 ?

Alibaba
Alibaba Group. Getty Images

Pour le dernier trimestre de 2023, Alibaba, le géant chinois de l’e-commerce, a déclaré que son chiffre d’affaires n’avait augmenté que de 5% en glissement annuel, tandis que son bénéfice net a chuté de 70%. Jeudi, ses actions cotées à Hong Kong ont révélé une baisse de 6,14%.

Un article de Yue Wang pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

 

La société chinoise Alibaba Group Holding a vu son taux de croissance chuter à nouveau à un chiffre, en raison d’une concurrence féroce et de difficultés économiques plus générales. Selon les analystes, il est peu probable qu’Alibaba, qui était autrefois la plus grande entreprise chinoise en termes de capitalisation boursière, renaisse de ses cendres avant la fin de l’année 2024, car les stratégies de revitalisation prennent tout simplement plus de temps à produire leurs effets.

Avec un chiffre d’affaires inférieur aux attentes et un bénéfice en chute libre de 70% en glissement annuel pour le dernier trimestre 2023, les actions de la société de commerce électronique à double cotation ont clôturé en baisse de 6,14% à Hong-Kong jeudi. Elles ont prolongé la baisse de la nuit à New York, où la société a chuté de près de 6 %. L’enthousiasme initial suscité par un nouveau programme de rachat d’actions de 25 milliards de dollars (23,1 milliards d’euros) s’est rapidement estompé.

Selon Wang Xiaoyan, analyste de la société de recherche 86Research basée à Shanghai, la croissance du chiffre d’affaires de sa principale unité de commerce électronique pourrait rester à un chiffre. Cela s’explique par le fait que le pionnier chinois du commerce électronique s’est orienté vers la vente de produits à bas prix dans le cadre d’une concurrence acharnée avec l’entreprise émergente PDD Holdings, qui a un temps dépassé Alibaba en tant que plus grande société de commerce électronique de Chine en termes de valeur de marché. Fondé par le milliardaire Colin Huang, PDD Holdings, qui a vu le jour 16 ans après Alibaba, s’est emparé de parts de marché en proposant des produits à prix fortement réduits aux consommateurs chinois soucieux de leur budget, dans un contexte économique difficile.

 

Renforcer son activité principale de commerce électronique

Sous une nouvelle équipe de direction qui n’est en place que depuis décembre, Alibaba a réussi à persuader les consommateurs de passer des commandes de façon plus fréquente. Mais la dépense moyenne pour chaque commande pourrait avoir baissé de 10 %, estime Mme Wang, tandis que les frais perçus auprès des commerçants ont été réduits.

Cependant, la reconquête du terrain perdu par ses féroces rivaux « ne sera pas si rapide », estime Mme Wang. « Avec le nouveau PDG et les changements de direction au sein du groupe Taobao et Tmall, il faut du temps pour intégrer les différentes ressources », ajoute-t-elle.

Lors de la conférence téléphonique avec les analystes jeudi, Alibaba a elle-même indiqué que la « génération de synergies » à partir de ses différentes unités commerciales était une source de force. La société semble faire marche arrière par rapport à la refonte massive de l’entreprise annoncée il y a moins d’un an, lorsqu’elle a déclaré que le géant tentaculaire serait divisé en six unités commerciales plus petites, allant de la logistique au cloud computing, et laisserait chacune d’entre elles poursuivre des opportunités de collecte de fonds indépendantes.

Après avoir abandonné le projet de cotation de son Cloud Intelligence Group, la direction a déclaré mercredi que le groupe continuerait d’étudier la possibilité d’un financement séparé pour ses unités commerciales, mais qu’elle n’était pas pressée, compte tenu des conditions difficiles du marché. Le milliardaire Joe Tsai, cofondateur et vice-président d’Alibaba, a également indiqué que l’entreprise s’efforçait de se désengager des investissements non essentiels, tels que ceux dans le commerce de détail, pour se concentrer davantage sur le commerce en ligne et l’informatique dématérialisée.

L’entreprise envisagerait de vendre son unité de grands magasins InTime, qui a été évaluée à 4 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros) lors d’une opération de privatisation en 2017 menée par Alibaba. Bien que cela puisse marquer un revirement par rapport à son ambition précédente de transformer les magasins hors ligne avec des technologies, les analystes estiment que la démarche est logique.

« D’une part, cela permettrait à Alibaba de concentrer ses ressources et de renforcer son activité principale de commerce électronique, ce en quoi il excelle », explique Kenny Ng, stratège en valeurs mobilières basé à Hong Kong chez Everbright Securities International. « D’autre part, étant donné que les actifs à vendre sont actuellement déficitaires, leur vente serait également bénéfique pour les performances à court terme d’Alibaba. »

M. Ng note que l’entreprise pourrait enregistrer une croissance « plus perceptible » au second semestre 2024, lorsque le marché de la consommation au sens large en Chine aura une chance de se redresser si des politiques plus favorables visant à stimuler la demande sont mises en place. Mais les conditions du début de l’année ont été difficiles, les prix à la consommation ayant de nouveau chuté en janvier, signe d’une pression déflationniste persistante.

Les cofondateurs d’Alibaba, quant à eux, ont fait part de leur confiance dans les perspectives à long terme de l’entreprise. Tout en revenant sur son intention de réduire sa participation dans le géant du commerce électronique, le cofondateur milliardaire Jack Ma a récemment acheté des actions de la société pour une valeur d’environ 50 millions de dollars (46,2 millions d’euros). M. Tsai a quant à lui acheté pour 150 millions de dollars (138,7 millions d’euros) d’actions à peu près au même moment.

Selon Mme Wang de 86Research, l’unité de cloud computing du groupe pourrait d’abord renouer avec une croissance à deux chiffres de son chiffre d’affaires, en réduisant davantage de projets à faible marge et en se concentrant sur les services de cloud computing publics qui sont plus faciles à mettre à l’échelle.

 


À lire également : Temu pourrait remettre en question la position d’Amazon sur le marché américain

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC