Le fonds souverain d’Arabie saoudite est devenu l’un des plus importants investisseurs au monde, avec plus de trois milliards de dollars d’investissements dans divers projets chaque année. Aujourd’hui, le fonds prend des participations dans 14 nouveaux fonds de capital-risque et dans certaines des plus grandes entreprises d’IA au monde.
Article d’Iain Martin pour Forbes US – traduit par Flora Lucas
Au cours de la dernière décennie, le Fonds d’investissement public d’Arabie saoudite a accumulé les investissements dans certains des projets les plus en vogue de la Silicon Valley, investissant notamment dans Uber, le constructeur de voitures électriques Lucid et la start-up de réalité augmentée Magic Leap. Aujourd’hui, avant d’investir 40 milliards de dollars dans l’IA, le fonds a pris des participations dans Mistral, le champion français de l’IA, dans Databricks et dans une poignée de petites entreprises spécialisées dans l’IA.
De nombreux investissements
La branche technologique du Fonds public d’investissement (FPI) semble être l’une des rares entités à disposer d’un carnet de chèques suffisamment étoffé pour garantir la croissance continue de certaines des plus grandes entreprises d’IA au monde. Mistral a levé 640 millions de dollars pour une valorisation de six milliards de dollars en juin, et Databricks a levé 500 millions de dollars pour une valorisation de 43 milliards de dollars l’année dernière, tandis que les investisseurs ont injecté plus de 70 milliards de dollars dans les start-up d’IA depuis le début de l’année, selon Pitchbook.
« Sanabil a investi dans notre tour de table de série B, dans le cadre d’un tour de table mondial impliquant des capitaux des États-Unis, de l’Union européenne, de l’Asie et du Moyen-Orient », a déclaré Arthur Mensch, cofondateur de Mistral, dans un communiqué adressé à Forbes. La société saoudienne Sanabil a été le seul investisseur public mentionné dans le tour de table, à l’exception de la banque d’investissement BPI France. Databricks n’a pas répondu à une demande de commentaire, mais a également révélé que Sanabil était un investisseur lors de son dernier tour de table.
La société Sanabil, qui gère les investissements privés du FPI, a récemment mis à jour la liste des start-up, des fonds de capital-risque et des fonds de rachat qu’elle a soutenus, mais n’a pas révélé le montant reçu par chaque entité. Elle a également révélé une participation dans le géant chinois de la fast fashion Shein, qui vient s’ajouter à un portefeuille d’investissements directs aux consommateurs comprenant la start-up Classera, spécialisée dans l’éducation, et l’outil de suivi de santé Oura.
Sanabil a également soutenu 14 nouveaux investisseurs en capital-risque, dont des géants de la croissance comme Altimeter Capital Management de Brad Gerstner (un investisseur dans l’application Grab qui vient de lever 550 millions de dollars pour un nouveau fonds de 750 millions de dollars, selon une déclaration de titres datant de juillet), New Enterprise Associates et le fonds Innovation Endeavor d’Eric Schmidt.
Le fonds a également investi dans Hongshan Capital de Neil Shen, un ancien partenaire de Sequoia, tout en investissant dans deux fonds basés en Chine (5Y Capital et Yunqi Partners) et en soutenant le fonds suédois Northzone. L’année dernière, Sanabil a révélé avoir investi dans des géants du capital-risque comme Andreessen Horowitz, Coatue et Founders Fund.
New Enterprise Associatesn (NEA), l’un des plus grands fonds de capital-risque au monde, qui gère plus de 23 milliards de dollars d’actifs, figure également sur la liste des entreprises dont Sanabil est actionnaire direct. NEA aurait vendu une participation de 15 % dans sa société de gestion à Dyal Capital Partners et à la société koweïtienne Wafra en 2020. On ignore quand Sanabil a acquis sa participation dans NEA. NEA n’a pas souhaité faire de commentaire.
Des investissements au cœur des objectifs de Mohammed bin Salman
Le fonds souverain saoudien est surtout connu pour ses investissements massifs dans le Vision Fund de SoftBank, d’une valeur de 100 milliards de dollars, pour sa bataille avec la ligue de golf PGA et pour son projet de construction d’une nouvelle ville futuriste, Neom, d’une valeur de 500 milliards de dollars. Cependant, de nouvelles informations révèlent que le fonds a commencé à faire des chèques à des investisseurs en capital-risque émergents ainsi qu’à des piliers du secteur, comme Afore Capital, qui n’a été fondé qu’en 2022, A* Capital et South Park Commons, un incubateur technologique basé à San Francisco qui fait également des chèques à des start-up.
Les sociétés de capital-risque divulguent rarement l’identité de leurs bailleurs de fonds, connus sous le nom de « limited partners », et nombre de ces institutions ne révèlent pas l’identité de leurs gestionnaires d’investissement, à moins qu’il ne s’agisse d’organismes publics comme le California Public Employees’ Retirement System (système de retraite des employés publics de Californie). Le FIP a été classé parmi les fonds souverains les moins transparents au monde il y a un peu moins de dix ans par le groupe de réflexion Peterson Institute for International Economics. À partir de 2022, il a commencé à révéler certains de ses investissements ainsi que ses performances financières.
Forbes a contacté les 14 investisseurs en capital-risque nommés sur le site internet de Sanabil, mais aucun n’a répondu à une demande de commentaire. Par le passé, de nombreux investisseurs et fondateurs ont hésité à divulguer leurs liens avec l’Arabie saoudite en raison de son bilan en matière de droits humains et de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi en 2018, mais certains investisseurs en capital-risque ont publiquement soutenu le royaume plus récemment, notamment en faisant des apparitions publiques lors de certaines de ses principales conférences. « Les Saoudiens ont un fondateur. Vous ne l’appelez pas un fondateur, vous l’appelez Son Altesse Royale », a déclaré le Ben Horowitz à propos du prince héritier saoudien Mohammed bin Salman lors d’un événement organisé par le FIP à Miami, en Floride, en 2023.
Avec près de 1 000 milliards de dollars d’actifs, le FIP est au cœur des efforts de Mohammed bin Salman pour diversifier l’économie du royaume en dehors de la production pétrolière, qui ont été soutenus par l’introduction en bourse de la compagnie pétrolière d’État Aramco.
Le gouverneur du FIP, Yasir al-Rumayyan, a déclaré en février que le fonds prévoyait d’augmenter ses dépenses à 70 milliards de dollars par an, contre 40 à 50 milliards de dollars actuellement. Et ce, malgré les informations selon lesquelles Riyad prévoyait de réduire l’ampleur de ses mégaprojets en raison de la baisse des prix du pétrole et des déficits nationaux, ce qui mettrait à rude épreuve même les bourses les plus garnies du royaume.
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