Après des mois de confinement, les Français ont retrouvé la joie de déambuler dans leurs centres-villes, notamment pour faire leurs courses de Noël dans des commerces de proximité. Ces magasins autrefois délaissés qui sont pourtant primordiaux pour le dynamisme et l’attractivité des cœurs de ville. Par Sadri Fegaier.
Les centres-villes sont morts ! Vive les centres-villes ! Délaissés depuis quelques années pour les centres commerciaux et autres grands magasins qui se développent en bordures de communes, les centres urbains, à la faveur de l’épidémie de Covid-19, pourraient ne pas avoir dit leur dernier mot.
Redynamiser les centres-villes, une priorité nationale
En juillet dernier, c’est le ministère de l’Économie qui le reconnaissait lui-même : « La dévitalisation des centres-villes touche plus particulièrement les moyennes et petites villes. Ce phénomène s’est accentué ces dernières années avec la périurbanisation, la dégradation des habitats, la paupérisation ou encore le déclin démographique », estimait Bercy, pour qui « redynamiser les centres-villes est une priorité nationale » — raison pour laquelle le gouvernement, depuis 2017, a lancé une série de mesures (fiscales notamment) en faveur des petits commerces urbains.
Et tandis qu’une cinquième flambée des cas de coronavirus nous menace, il est indéniable que les mesures sanitaires prises depuis près de deux ans ont agi comme un révélateur de l’attachement des Français pour le commerce de proximité. Au plus grand bénéfice de la vitalité des cœurs urbains : cloîtrés chez eux pendant des semaines, les Français, que ce soit pour soutenir les petits commerçants ou pour faire leurs achats en circuits courts, ont effectivement (re)découvert le bonheur simple d’aller à la rencontre des commerçants de leur quartier.
Le commerce de proximité, vecteur de développement territorial
Une enquête Xerfi Spécific, menée auprès de plus de 6 000 chefs d’entreprise pour le compte de l’U2P (Union des entreprises de proximité) révèle qu’au troisième trimestre 2021, les commerces alimentaires, artisans et professions libérales ont vu leur dynamisme croître de 4 % par rapport à la même période en 2020. Certes, la hausse est incomparable à celle du deuxième trimestre de cette année (+ 51,5 %), mais ce bond de l’activité était dû avant tout au rattrapage mécanique et à la levée progressive des restrictions sanitaires.
Cet « amour retrouvé » des Français pour leurs petits commerçants est-il de nature à sauver les centres urbains de la désertification ? Selon le dernier Baromètre du centre-ville et des commerces, réalisé à l’initiative de l’association Centre-Ville en Mouvement et de l’Institut CSA, les habitants, en tout cas, ont très clairement identifié la présence de commerces de proximité et d’offres de circuits courts comme vecteur de développement futur des centres-villes. Ils attendent même désormais des équipes municipales qu’elles placent ce dynamisme au cœur de leur politique.
Et ces dernières auraient tout intérêt à les écouter. Puisque soutenir le commerce local, c’est bien soutenir la vitalité des centre-villes, par et pour l’emploi, grâce à cette mécanique économique bien connue, qui veut que l’activité appelle l’activité. Dans toutes les régions, le couple ville-entreprises est déterminant, non seulement pour des raisons économiques, mais également pour le facteur humain. Le philosophe Benoît Heilbrunn rappelait à ce titre en juin 2020 que l’échange marchand n’est pas que pécuniaire, il est porteur de vivre-ensemble. Le commerce de proximité permet de recréer ces petits liens essentiels à la vie sociale et joue à ce titre un rôle majeur dans nos vies personnelles.
La digitalisation croissante, porteuse d’opportunités pour les commerçants et de services pour les consommateurs, ne remet pas en cause cette vision humaine du commerce. Nous assistons à une recomposition du paysage commercial depuis quelques années, grâce à l’outil numérique, qu’il intègre et utilise, afin de positionner le magasin physique au centre d’un parcours multi-canal digitalisé. Articuler commerce physique et digitalisé au service de la vitalité des territoires, voilà l’enjeu de la troisième révolution du commerce à laquelle nous assistons.
Tribune rédigée par M. Sadri Fegaier, PDG du groupe Indexia.
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