L’action Nvidia menacée si les droits de douane de 145 % imposés à la Chine entraînent une hausse des prix

L’action Nvidia a chuté de 30 % par rapport au pic de 153 dollars atteint en janvier 2025, faisant perdre 1 030 milliards de dollars à la capitalisation boursière de l’entreprise, selon Google Finance.

Cet article a été mis à jour le 10 avril 2025 pour refléter la modification des droits de douane américains sur la Chine, qui passent à 145 %.

Les résultats de l’élection présidentielle américaine de 2024, qui a ramené Donald Trump dans le bureau ovale, ont contribué à la baisse de l’action Nvidia. Depuis le 2 avril, la politique tarifaire du président américain a plongé les marchés dans la tourmente.

Et malgré le fait que Donald Trump ait annoncé une pause de 90 jours sur la plupart des droits de douane, Nvidia pourrait être en plus mauvaise posture. En effet, les droits de douane sont élevés dans les pays où les produits Nvidia sont fabriqués. Plus précisément, Taïwan a dû faire face à des droits de douane de 34 % (réduits mercredi à 10 %) tandis que ceux de la Chine sont passés à 145 % le 10 avril, selon le Wall Street Journal.

La chute de l’action Nvidia est-elle une opportunité d’achat ? Il n’y a aucune raison d’acheter maintenant, car même si les commandes ont grimpé en flèche au cours du trimestre actuel en prévision des droits de douane, les experts s’attendent à ce que le rapport sur les résultats de la société pour mai 2025 contienne des prévisions de croissance décevantes en raison de l’incertitude entourant les droits de douane.

Plus précisément, l’incertitude est due à la difficulté de répondre précisément aux questions suivantes :

• De combien les droits de douane sur Taïwan et la Chine augmenteront-ils les coûts de Nvidia ?
• Est-ce que Nvidia répercutera ces augmentations de coûts sur les clients ?
• Dans l’affirmative, est-ce que Nvidia pourra atteindre ses objectifs de croissance pour le trimestre et l’année en cours ?
• Si Nvidia décide de maintenir les prix constants, quelle sera l’ampleur de la baisse des marges de l’entreprise ?
• Compte tenu de l’incertitude économique causée par le bras de fer tarifaire en cours, les entreprises réduisent-elles leurs dépenses d’investissement ?
• Dans l’affirmative, dans quelle mesure cela réduit-il la demande de GPU Nvidia ?

Nvidia reste optimiste. En mars dernier, le PDG Jensen Huang a déclaré que les droits de douane ne causeraient pas de dommages significatifs à court terme à l’entreprise en raison de la souplesse de sa chaîne d’approvisionnement, que l’intérêt pour l’IA stimulerait la demande et que TSMC construisait une usine en Arizona, selon Barron’s.

Nvidia a refusé de répondre aux questions de Forbes. Un porte-parole de l’entreprise rappelle la déclaration de Jensen Huang de mars 2025 : « Les tarifs douaniers auront un léger impact sur nous à court terme. À long terme, nous allons fabriquer à l’étranger. »

Pourquoi les coûts de Nvidia pourraient-ils augmenter de manière significative ? Est-il possible que Nvidia répercute ces coûts sur les clients ? Comment l’incertitude concernant les futures actions dans les guerres tarifaires mondiales pourrait-elle freiner les dépenses des consommateurs et les investissements de l’entreprise dans l’intelligence artificielle générative ?

Que faut-il attendre du prochain rapport d’activité de Nvidia ?

Nvidia présentera ses résultats financiers trimestriels le mois prochain, avec une croissance plus lente et des marges plus faibles par rapport aux prévisions de l’entreprise lors de son dernier rapport en février.

• Revenus du premier trimestre fiscal 2025: 43 milliards de dollars (plus ou moins 2 %, selon un communiqué de la société) ce qui représente une hausse de 65 % par rapport à l’année précédente et 700 millions de dollars de plus que les estimations, selon SeekingAlpha.
• Marge brute du premier trimestre fiscal 2025: 70,6 % (plus ou moins 0,5 point de pourcentage), soit une baisse de 8,4 points de pourcentage par rapport à l’année précédente, selon un communiqué de l’entreprise.

L’entreprise s’est montrée enthousiaste quant à ses perspectives. « Nous avons réussi à accélérer la production à grande échelle des superordinateurs Blackwell AI, réalisant des milliards de dollars de ventes au cours de son premier trimestre », a déclaré Jensen Huang dans un communiqué. « L’IA progresse à la vitesse de la lumière alors que l’IA agentique et l’IA physique préparent le terrain pour la prochaine vague d’IA qui révolutionnera les plus grandes industries. »

Les analystes ont été déçus par les résultats de Nvidia, qui n’avaient pas « la valeur de choc positive de certains rapports de l’année dernière », a déclaré Rob Isbitts, chef du groupe d’investissement du portefeuille YARP de Sungarden, à SeekingAlpha. L’action de Nvidia devrait se négocier « davantage en fonction de la demande et de l’offre brutes, plutôt qu’en fonction d’un quelconque élément de surprise », a ajouté Rob Isbitts.

« Les prévisions ont été légèrement décevantes », a déclaré Logan Purk, analyste chez Edward Jones, dans un rapport publié par Bloomberg. « Nous pensons qu’il sera difficile pour la direction de continuer à dépasser de manière significative les attentes en matière de croissance future », a ajouté Logan Purk.

Comment les droits de douane pourraient-ils affecter les perspectives de croissance de Nvidia ?

Les droits de douane pourraient entraîner une augmentation significative des prix de certains produits de Nvidia. Toutefois, il n’est pas certain que Nvidia répercute la totalité de l’augmentation de ses coûts sur les clients et que les prix plus élevés fassent baisser la demande.

Une question plus importante pour l’avenir de Nvidia est de savoir si les entreprises considéreront que l’investissement élevé dans l’IA générative vaut les 1 000 milliards de dollars estimés par Goldman Sachs. Si la technologie permet aux entreprises de mieux travailler avec moins de personnel, la demande d’IA générative pourrait rester forte en cas de récession.

Comment les droits de douane pourraient-ils augmenter les prix de Nvidia ?

Tous les produits de Nvidia ne sont pas susceptibles d’être affectés par les droits de douane de Donald Trump.

Par exemple, les craintes d’une répression du gouvernement américain sur la puce H20 de Nvidia, que l’entreprise a exportée en Chine, pourraient ne pas se concrétiser. La raison ? « Nvidia a promis au gouvernement Trump de nouveaux investissements américains dans les centres de données d’IA », selon un rapport de NPR.

Toutefois, les droits de douane pourraient faire grimper les prix des ordinateurs personnels jusqu’à 50 %, selon WCCFTech. Ces estimations ont été faites le 3 avril, alors que les droits de douane sur les produits chinois n’étaient que de 54 %, bien loin des 145 % imposés le 10 avril.

Les droits de douane pourraient augmenter d’au moins 50 % le prix de détail suggéré par le fabricant pour les produits Nvidia suivants :

• NVIDIA GeForce RTX 5090 passerait de 1 999 dollars à 2 998,50 dollars, selon WCCFTech. L’application du tarif de 145 % ferait passer le prix à 4 897,75 dollars.
• NVIDIA GeForce RTX 5080 passerait de 999 dollars à 1 498,50 dollars, selon WCCFTech. L’application du tarif de 145 % ferait passer le prix à 2 447,75 dollars.

Il n’est pas certain que Nvidia soit en mesure d’éviter les droits de douane sur les GPU pour l’instant. Les droits de douane pourraient être évités si les produits étaient assemblés aux États-Unis, note Tom’s Hardware.

Pour l’instant, Nvidia pourrait être en mesure d’expédier « des GPU et des processeurs/chipsets réels aux États-Unis sans payer de droits d’importation, ainsi que des cartes logiques semi-finies, mais en payant un droit d’importation, puis d’assembler les produits réels aux États-Unis », a rapporté Tom’s Hardware.

Les droits de douane pourraient réduire la demande d’IA

L’IA générative est à la recherche d’une « killer app ». Il n’y a pas eu de progrès évident dans ce sens et l’investissement requis pour la technologie est énorme, potentiellement un total de 1 000 milliards de dollars.

Avant l’annonce des droits de douane, les plus grands hyperscalers (Amazon, Google, Meta Platforms et Microsoft) ont annoncé leur intention de dépenser 270 milliards de dollars dans des centres de données d’IA générative en 2025, selon le Wall Street Journal.

Toutefois, ces dépenses pourraient en pâtir, en particulier pour des entreprises comme Meta et Google, dont le chiffre d’affaires dépend en grande partie de la publicité. Si les droits de douane et l’incertitude qui en découle provoquent une récession, en raison de la hausse des prix et de la crainte d’une baisse de la demande et d’une hausse du chômage, les entreprises pourraient décider de réduire leurs dépenses en matière d’IA générative.

La raison de cette réduction serait la simple prise de conscience que le retour sur investissement dans l’IA générative n’est pas encore convaincant. Historiquement, la branche « cloud computing » d’Amazon a généré quatre dollars de chiffre d’affaires supplémentaires pour chaque dollar de dépenses d’investissement, a déclaré l’analyste technologique John Blackledge de TD Cowen au Wall Street Journal. Le ratio de l’IA générative « est actuellement d’environ 20 cents pour chaque dollar », a ajouté John Blackledge.

Microsoft, qui prévoit de dépenser 80 milliards de dollars en infrastructures au cours de l’exercice fiscal actuel, ralentit la construction, y compris un projet d’un milliard de dollars dans l’Ohio. Microsoft a annulé des baux aux États-Unis et en Europe, en partie à cause d’une offre excédentaire d’espaces de centres de données par rapport aux prévisions de demande de l’entreprise, ont noté les analystes de TD Cowen. Toutefois, « ces mesures indiquent une position plus prudente à long terme », selon le Wall Street Journal.

Tout cela pourrait être douloureux pour les investisseurs de Nvidia, à moins que survivre avec moins de personnes pendant une longue période de stagflation ne devienne l’application fatale de l’IA générative.

Une contribution de Peter Cohan pour Forbes US, traduite par Flora Lucas

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