Quel est le vrai pouvoir des marchés ? À la sixième Rencontre des Entrepreneurs de France de l’Hippodrome de Lonchamp, des experts débattent, sous la tutelle du journaliste Christophe Jakubyszyn.
Les politiques sont-ils sous la tutelle des marchés, des investisseurs et des fonds de pensions ? Patrick Martin pourra-t-il être rassuré sur ses préoccupations évoquées lors de son discours d’ouverture ? « Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne ». Cette citation issue du discours du Bourget de François Hollande n’a jamais été autant d’actualité. L’histoire récente montre qu’à chaque fois que les partis extrêmes ont voulu renverser la table, en indiquant par exemple vouloir tourner le dos aux institutions ou aux créanciers, ils ont été rappelés à un principe de réalité, dicté par les marchés financiers. Mais les spreads font-ils véritablement la loi ? C’était le sujet du deuxième débat de cette première journée de la REF.
Comment le gouvernement gérera les marchés financiers ? Des fonds de pension américains contestent les injonctions politiques, mais quid de la France ? L’économiste Catherine Lubochinsky précise que ce rejet des marchés financiers ne datent pas d’hier. Pour l’académiste, les marchés financiers apparaissent comme un contre-pouvoir, celui-ci dû notamment à un excès de confiance. À la question : « pourquoi les marchés inquiètent tant dans l’Hexagone ? », celle-ci répond : « à cause (ou grâce) à l’attractivité de la France ». Selon Jorg Kukies, secrétaire d’Etat à la Chancellerie fédérale d’Allemagne chargé de l’Economie, des Finances et des Affaires européennes, les marchés jouent un rôle clé, en France comme en Allemagne. « Nous sommes soumis a une discipline de marché au niveau national », explique le politicien allemand.
Pour ce qui est de la contrainte des marchés financiers, l’économiste et doyenne de l’École du management et de l’innovation de Sciences Po Paris Natacha Valla considère que la France bénéficie d’une compréhension des marchés qui lui permet de rester performante en terme de refinancement de la dette. Pour l’économiste, la performance de l’Agence France Trésor plaît aux investisseurs étrangers. Mais pour elle, la France n’est pas a l’abri d’une crise obligataire sur la dette française dans le contexte politique actuel. Un avis que partage Laurent Mignon, président du directoire de Wendel. « Une perte de confiance veut dire potentiellement un renchérissement de la dette ». Mais le marché financier, ce n’est pas que la dette mais aussi le capital car l’attractivité de la France attire les capitaux étrangers malgré la dette. Et pour l’ultime interlocuteur de ce débat, le directeur du pôle Clients institutionnels et corporate Jean-Jacques Barberis, le marché, c’est d’abord et avant tout les investisseurs. La demande est forte de la part des grands investisseurs internationaux pour des actifs sûrs.
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