Selon nos informations, Le groupe La Poste, via sa filiale Docapost, va mettre la main sur la spécialiste de la transformation digitale, Ametix, qui connait une croissance fulgurante depuis son arrivée sur ce marché très prisé en 2011. Une opération qui devrait permettre à la start-up d’asseoir ses positions sous la bannière d’un grand groupe tout en conservant l’indépendance et l’impertinence, clés de voûte de sa fulgurante réussite.
Une « prise » de premier choix pour La Poste. En attirant dans son giron la start-up Ametix, le groupe « tentaculaire » dirigé par Philippe Wahl réalise un véritable coup de maître en s’offrant les services d’une société qui a su ériger au rang de « première priorité », et ce dès les prémices de sa création à l’orée de l’année 2011, la transformation digitale pour l’ensemble de son portefeuille clients. Un postulat gagnant qui porte encore ses fruits aujourd’hui. « Nous existons depuis cinq ans et nous avons réalisé 100% de croissance chaque année », abonde Vincent Klingbeil, l’une des trois têtes pensantes du vaisseau amiral Ametix. L’opération, dont les modalités n’ont pas été révélées, va permettre à Docapost – filiale du groupe La Poste en charge de la transformation numérique et mobile au sein du groupe – de renforcer son expertise sur le terrain de l’innovation et de l’impertinence, deux vertus cardinales du groupe Ametix. « Cette acquisition nous permet de renforcer nos expertises numériques et d’acquérir dans les ressources humaines, les compétences clés indispensables à la mise en œuvre de toute stratégie de transformation digitale » souligne Olivier Vallet, PDG de Docapost.
Comme évoqué en préambule, ce « mariage » va permettre aux deux protagonistes de ciseler leur stratégie tout en renforçant leurs positions respectives. Ametix disposera ainsi de toute latitude pour grandir et s’épanouir – le groupe vise un chiffre d’affaires de 24 millions d’euros cette année contre 14 millions en 2016- à l’ombre rassurante d’un mastodonte comme Le Groupe La Poste. A l’ombre et non pas sous le joug. « Nous conservons notre stricte indépendance et notre créativité, qui sont, je pense, les deux qualités qui ont séduit La Poste qui faisait initialement partie de nos clients », poursuit Vincent Klingbeil, ancien avocat d’affaires reconverti dans la création de start-up et qui préside aux destinées d’Ametix aux côtés de Patrick Bunan et Stéphane Boukris. De son côté, La Poste profite du côté rafraîchissant et du caractère particulièrement innovant d’une start-up au sein de laquelle l’agilité et la prise de risques n’est pas un vain mot, au contraire. « Hors de question d’être formaté », argue Patrick Bunan.
En quête perpétuelle d’innovation
Alors que les « jeunes pousses », en grandissant, ont parfois tendance à « s’embourgeoiser » où à se laisser porter, renvoyant aux calendes grecs la créativité et la vitalité, Ametix a réussi le prodige après cinq années d’existence, de conserver, à force de travail, l’innovation au cœur de son réacteur. « Il est vrai que nous avons notamment un mode de communication particulièrement disruptif », insiste Vincent Klingbeil. Pour preuve, tous les mois, la société spécialisée dans le conseil numérique met en branle une « opération buzz » grâce à une branche événementielle particulièrement innovante, toujours avide de renouvellement. Et cela marche. Citons pêle-mêle, l’offre d’embauche ferme faite à tous les élèves de l’école 42 au sortir de leur formation, le site combienjemerite.com, permettant à tout candidat de connaître sa valeur sur le marché, ou encore l’opération unandepizzas.com, offrant à chaque développeur recruté chez Ametix la possibilité de « bénéficier gracieusement » d’une pizza par semaine pendant un an.
Mais l’un des plus beaux fleurons d’Ametix est, sans aucun doute, le concours du meilleur développeur de France qui va fêter sa cinquième édition cette année. Et qui a rassemblé plus de 10 000 personnes l’an passé, ce qui en fait le plus gros hackaton d’Europe. Un « grand raout » qui a notamment eu les honneurs des anciennes ministres Axelle Lemaire, Nathalie Kosciusko-Morizet, mais aussi Alain Minc, Jacques Attali et bien d’autres. Vincent Klingbeil déroule le modus operandi « Pendant environ deux heures, des développeurs vont s’atteler à la résolution de six algorithmes. Le premier qui parvient à les résoudre remporte 10 000 euros et intègre les rangs d’Ametix ». Une manière de valoriser la fonction de développeur, souvent méconnu voire décrié en France. « Aux Etats-Unis, le développeur est une star, quand en France, on pense encore que c’est une fonction support alors que le développeur est le bâtisseur des autoroutes de l’information du Web », souligne Stéphane Boukris.
« Feel Good Management »
Pari gagné. Comme en atteste la pléthore de prix et autres récompenses récoltés par Ametix ces dernières années. La start-up a notamment été élue trois fois meilleur prestataire par les directeurs digitaux de l’événement « Les Big Boss », et figure également en bonne place au sein du classement Deloitte Face 50, qui distingue les entreprises à plus forte croissance. « Nous sommes, à ce titre, la 12e entreprise d’Ile-de France », précise Vincent Klingbeil. Sans oublier la dernière récompense en date : Ametix a été désignée « Great place to work », à savoir entreprise où il fait le mieux vivre. « Il est vrai que le bien-être de nos collaborateurs (au nombre de 200 actuellement) est primordial pour nous. Nous mettons vraiment tout en œuvre pour qu’ils évoluent dans les meilleures conditions », confirme Vincent Klingbeil. Un « Feel Good Management » qui transparaît dès qu’on franchit le seuil de l’entreprise, nichée aux confins de Levallois-Perret à quelques encablures de Paris.
Divers atouts qui ont donc convaincu La Poste de miser sur Ametix et permettra également à la jeune pousse d’avoir accès à de grands comptes puisqu’en plus de conserver ses propres clients – « c’était l’une des conditions sine qua non de cette opération. Nous n’avions pas vocation à devenir une simple Digital Factory et La Poste partage ce point de vue », souligne Stéphane Boukris – Ametix, espère au contact du groupe La Poste, s’ouvrir de nouvelles perspectives. A l’international par exemple ? « Beaucoup de gens l’ignorent mais Le Groupe La Poste est très présent en Amérique du Nord et en Amérique du Sud par exemple », abonde Stéphane Boukris qui espère que La Poste pourra contribuer, avec son savoir-faire et ses outils, à « exporter » la « méthode » Ametix. Ou quand deux réussites françaises convolent en justes noces au plus haut des cieux.
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