La population du Myanmar face à une crise sans précédent en 2022

Les Nations Unies tirent la sonnette d’alarme sur la situation au Myanmar. Selon un rapport récent de l’ONU, la population du Myanmar fera face à une crise sans précédent en 2022 (crise politique, crise socio-économique, crise humanitaire et crise des droits humains). La situation s’aggrave de façon dramatique depuis la prise du pouvoir par la junte militaire le 1^er février 2021 et la pandémie de Covid-19.

Selon le rapport des Nations Unies, 14 des 15 États et régions du pays ont atteint le seuil critique de malnutrition aigüe. Les projections pour 2022 montrent que 14,5 millions de personnes auront besoin d’une aide, sous une forme ou une autre, dont 6,9 millions d’hommes, 7,5 millions de femmes et 5 millions d’enfants. Les raisons de cette situation désastreuse sont multiples : l’augmentation des prix, le covid-19 et ses restrictions ou encore l’insécurité permanente.

Depuis le coup d’État en février 2021, l’armée et la police du Myanmar auraient « tué plus de 1300 civils, dont 75 enfants. Ils ont tiré sur la foule sans discernement dans des quartiers résidentiels, arrêté des milliers de personnes sur la base de fausses accusations et torturé systématiquement les prisonniers en détention. » Par ailleurs, la hausse de la criminalité, des assassinats ciblés et de l’utilisation d’engins explosifs par des suspects non identifiés ont exacerbé l’insécurité dans le pays. Le 24 décembre 2021, au moins 35 personnes, dont quatre enfants et deux travailleurs humanitaires, ont été tuées dans l’État de Kayah après une attaque.

La situation au Myanmar requiert une attention urgente, et les habitants du pays ont besoin d’une aide dès maintenant

La hausse de l’insécurité et la crise économique ont d’importantes répercussions sur le bien-être des habitants du Myanmar. Les femmes, les enfants et les personnes handicapées sont particulièrement exposées. En effet, selon un nouveau rapport, « les femmes, les enfants et les personnes handicapées sont particulièrement vulnérables dans ce contexte de crise économique et d’insécurité, ce qui les expose à des risques d’exploitation et d’abus, notamment de violences sexistes. » Par ailleurs, « les risques et les répercussions du trafic d’êtres humains, déjà en hausse en 2021, devraient encore s’intensifier en 2022 en raison de l’augmentation de la mobilité et du recours à la migration non sécurisés comme stratégie d’adaptation négative. Dans les zones touchées par des conflits, des communautés entières, y compris des enfants, sont déplacées. »

Les enfants sont particulièrement exposés à toutes les formes de violence liées aux conflits, notamment « aux meurtres, aux blessures physiques, au trafic, au recrutement militaire, aux violences sexuelles, aux arrestations arbitraires et à la détention illégale d’adolescents, filles ou garçons. »

La situation catastrophique au Myanmar continue d’entraîner des déplacements de population. Plus de 223 000 habitants du pays ont quitté leur maison à cause du conflit armé et des troubles depuis le coup d’État. Ces personnes vivent désormais dans des camps surpeuplés. Dans l’État d’Arakan, près de 600 000 Rohingyas n’ont toujours pas de documents d’identité et sont soumis à des restrictions de mouvement. Ils ont donc un accès limité aux services essentiels.

La situation au Myanmar requiert une attention urgente, et les habitants du pays ont besoin d’une aide dès maintenant. Parallèlement, près d’un million de réfugiés du Myanmar vivent toujours dans des camps surpeuplés au Bangladesh et il n’existe aucune solution durable pour eux à l’heure actuelle.

Article traduit de Forbes US – Auteure : Dr Ewelina U. Ochab

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