C’est désormais une tendance de fond. Les anciens parkings sont devenus le nouvel eldorado des urbanistes, promoteurs immobiliers et autres élus locaux. Vestiges d’un monde d’avant qui faisait la part belle à l’automobile, ils sont désormais la pierre angulaire d’un nouvel urbanisme tactique, symbole d’une ville plus respirable, plus intelligente.
Pour la Maire de Paris, l’idée de convertir les parkings n’est pas vraiment nouvelle. Elle est même au cœur de sa politique municipale depuis plusieurs années qui consiste à adapter la ville aux nouvelles pratiques, notamment au recul de la voiture individuelle. « 65 % des Parisiens n’en possèdent plus », assurent Anne Hidalgo.
Et elle ne manque pas d’idée pour donner une nouvelle vie aux bons vieux parkings qui fleurent bon les années soixante et les films en noir et blanc de Jean Gabin.
Dans la très chic rue de la Pompe, dans le 16e arrondissement, un ancien garage Renault s’est métamorphosé en un immeuble de 80 logements. Boulevard Poissonnière (9e), un parking aérien a fait place à 34 logements sociaux.
Et d’autres projets devraient suivre comme la réhabilitation d’un ancien garage Citroën situé boulevard Jourdain (14e) en une résidence étudiante de 68 logements qui sera gérée par le CROUS, ainsi que celle d’un ancien atelier de réparation automobile situé rue Nollet (17e) en une résidence sociale de 83 logements sociaux.
Avec la crise sanitaire, La Maire de Paris compte bien sur les parkings, mais en surface cette fois, pour compléter son réseau de pistes cyclables. La Mairie souhaite généraliser les zones de circulation à 30 km/heure et mettre à la disposition des habitants plus de 10 000 places de parking vélo supplémentaires. Paris affiche une ambition de 15 % de part modale accordée au vélo dès 2020.
« Pour mettre des vélos à la place des voitures, il nous faut gagner de la place », reconnaît Anne Hidalgo qui annonce vouloir grignoter 60 hectares supplémentaires en supprimant 60 000 places de stationnement individuel (sur 133 000 actuellement).
Mais la Mairie de Paris n’est la seule à vouloir faire main basse sur les parkings. Certains promoteurs immobiliers ont bien senti le filon.
En 2018, les 5 000 m2 de l’ancien parking Palacio, Place de la Madeleine, sont devenus un magasin de bricolage Leroy Merlin.
À la Bastille, le promoteur belge Immobel a mis la main sur le parking aérien du début de la Rue Saint-Antoine, à deux pas du Marais. 5 000 m2 sur trois étages, avec en prime un roof top exceptionnel, qu’Immobel compte bien transformer en un tiers lieu mêlant bureau, coworking, commerces.
Une boutique de mode underground
Si restructurer des parkings et des garages installés en surface est devenu une pratique courante dans la capitale, au point que le Pavillon de l’Arsenal avait consacré une exposition à ce phénomène, les promoteurs s’attaquent aussi aux parkings souterrains.
Arcange, une société d’investissement immobilier, vient de racheter 1 000 m² de parking dans le 1er arrondissement de la capitale, pour les transformer en boutique de mode de luxe. Il mise notamment sur la proximité de la très chic place Vendôme.
Situé rue du Mont Thabor, entre la trépidante rue de Rivoli et la luxueuse rue Saint-Honoré, l’espace va bénéficier de 3 millions d’euros de travaux pour être reconvertie. « L’idée d’une vaste boutique consacrée à la mode s’est rapidement imposée, d’autant que le permis de construire avec changement de destination des locaux a été accordé très rapidement par des équipes de la ville de Paris très à l’écoute », explique Michaël Sfedj, le patron d’Arcange.
Avec ses deux plateaux de 500 m² situés en rez-de-chaussée et au sous-sol, l’endroit offre « une surface commerciale qui n’existe pas dans le quartier ». Une transformation qui n’en reste pas moins lourde techniquement pour répondre aux normes et disposer du maximum de luminosité.
La mélodie en sous-sol tourne mal
Car la transformation d’un parking peut s’avérer très délicate.
À la Défense, des parkings sous la dalle ont été convertis en lieu de spectacle et de restauration. C’est ainsi qu’est né l’Alternatif : 1 600 mètres carrés d’espace proposant un grand auditorium de 480 places en mode assis à 800 places en mode debout, une salle d’exposition de 300 mètres carrés et une salle de restaurant de 180 mètres carrés. Problème, depuis le début des travaux des immeubles situés au dessus, le lieu est devenu inexploitable. « Chaque coup de marteau piqueur résonne dans la salle » explique son gérant. Du coup, l’exploitant de la salle veut dénoncer son contrat et ne plus payer son loyer.
Pour autant, l’opérateur du parking de la Défense, Indigo, reste « convaincu que la reconversion des parkings en lieux de vie et espaces culturels est un élément majeur du parking de demain ».
D’ailleurs le même groupe Indigo a dévoilé une plateforme dédiée à la transformation du parking pour en faire un élément essentiel et actif de la ville intelligente et durable.
En collaboration avec l’architecte Dominique Perrault, ils livrent leur vision commune du « parking du futur », ouvert sur son environnement, au cœur des enjeux de mobilité et de services de la Smart city du futur ». Prometteur.
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