L’Autorité des marchés financiers, et ce faisant la Place de Paris, attendaient un nouveau président. Ce sera vraisemblablement Marie-Anne Barbat-Layani, dont le nom a été proposé par la Présidence de la République et qui attend sa confirmation par le Sénat et l’Assemblée Nationale.
Des dossiers de première importance pour l’économie et les épargnants sont ouverts, parmi lesquels EDF. La concurrence avec les places financières de Londres et d’Amsterdam se poursuit dans le contexte du Brexit.
Cette nomination, étonnement peu médiatisée, est pourtant de la toute première importance pour la Place de Paris, pour l’économie française, pour l’économie européenne. La régulation financière, ainsi que l’institution en charge de la faire respecter, constituent un outil majeur de l’attractivité de l’économie.
Or, cette attractivité est consubstantielle à l’accomplissement par l’autorité de régulation de sa triple mission telle que définie par la loi, veiller à la protection de l’épargne investie dans les instruments financiers, à l’information des investisseurs et au bon fonctionnement des marchés financiers.
Cette attractivité est la condition de la performance des entreprises portées par des capitaux abondants et un écosystème de Place confiant, stable et durable.
La prochaine mandature s’inscrira nécessairement dans le prolongement du mandat de Robert Ophèle sur lequel tout le monde s’accorde pour considérer qu’il fut remarquable.
Il a su porter dans un contexte exigeant, marqué par le Brexit et la pandémie, trois chantiers structurants : la finance durable avec notamment la promotion au niveau international de standards européens, la transformation digitale, l’encadrement des échanges en cryptomonnaies enfin, avec l’agrément des prestataires financiers et la surveillance des stable coins. Il a ainsi permis à la Place de Paris de porter une vision et d’acquérir une forte légitimité, renforçant notre compétitivité.
La feuille de route de son successeur sera complexe. Les indicateurs macro-économiques et géopolitiques – le Brexit, une pandémie serpent de mer, une guerre mondialisée aux conséquences énergétiques majeures, un réarmement militaire et alimentaire pour retrouver une souveraineté menacée, une inflation enfin – affectent une confiance devenue fragile.
Ce mandat devra être celui de l’équilibre entre des intérêts parfois antagonistes et ainsi, déterminer une ligne de crête sur ces différents chantiers : lutter efficacement contre le greenwashing sans pour autant fragiliser nos entreprises avec des contraintes trop exigeantes ; participer à une définition juste du périmètre de souveraineté à même de protéger nos entreprises des attaques indésirables sans les enclaver.
Il devra s’attacher à garantir la défense de l’épargne et des investisseurs, mission fondatrice de l’AMF, tout en continuant de mettre l’épargne au service du financement de l’économie.
Il devra assurer enfin la défense des émetteurs en même temps que celle des épargnants et des investisseurs dans un contexte d’intégration des marchés financiers. Cet enjeu est d’autant plus important que les marchés rencontrent un rajeunissement significatif des investisseurs en actions. En 2020, l’âge médian des nouveaux investisseurs était de 46 ans contre 58 ans en 2018 et 2019[1].
Tous ces sujets convoquent l’exigence fondamentale de l’indépendance de l’AMF.
Cette indépendance suppose une connaissance intime de la Place, de ses acteurs et des rouages économiques qui les unissent, tant en France qu’au niveau de l’Europe, un sens aigu de l’intérêt de l’État et des investisseurs, qualités que devra opposer la prochaine présidente de l’AMF.
Car si les mission de l’autorité ne cessent de grandir, ses moyens financiers restent limités, ce qui n’est pas sans poser problème. La Place de Paris a un besoin impérieux d’un régulateur puissant.
Pour que l’AMF reste un outil d’attractivité de la Place, au service tant des épargnants et des investisseurs que des émetteurs, pour qu’elle continue de défendre la Place de Paris, elle a besoin d’être incarnée par une présidence forte défendant le temps long.
Une présidente qui saura faire preuve d’indépendance, de courage et de vision, propices à la confiance si nécessaire à la prospérité de notre économie.
[1] Selon la Lettre de l’observatoire de l’épargne de l’AMF (juillet 2021).
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