Alors que l’or s’approche de son pic dans la tendance haussière actuelle, l’ouverture des négociations de paix en Ukraine pourrait en marquer l’apogée.
La correction de la semaine dernière, avec une baisse de 40 dollars par once après un record historique de 2 939 dollars sur le marché de l’or à Londres, illustre un léger fléchissement après une dynamique haussière soutenue. Ce record pourrait encore être dépassé, porté par l’intensité des échanges et l’arrivée tardive de nouveaux investisseurs, rapprochant l’or du seuil autrefois inimaginable des 3 000 dollars l’once.
Cependant, pour la première fois depuis l’envolée des prix déclenchée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la tendance s’inverse, sous l’effet combiné d’une demande en repli et d’une offre en hausse. La banque d’investissement Morgan Stanley s’attend à ce que l’or retombe à 2 700 dollars l’once d’ici la fin de l’année, voire à 2 400 dollars, son niveau d’il y a un an.
Les achats des banques centrales resteront le principal moteur du marché, à un rythme toujours deux fois supérieur à celui d’avant la guerre en Ukraine, mais sans tendance haussière marquée.
« L’incertitude autour des tarifs douaniers pourrait toutefois pousser les prix légèrement à la hausse », estime la banque d’investissement. « La baisse continue de la demande, associée à une augmentation de l’offre via le recyclage et les prises de bénéfices, laisse présager un recul des prix de l’or d’ici fin 2025. Nous anticipons un cours à 2 700 dollars l’once au quatrième trimestre. »
Si un accord de paix est conclu, le prix de l’or pourrait atteindre 2 400 dollars l’once
Morgan Stanley estime que le seuil de 2 400 dollars l’once pourrait être atteint si les banques centrales réduisent leurs achats, notamment en cas d’accord de paix entre la Russie et l’Ukraine.
Selon la banque américaine, la hausse du prix de l’or depuis le début de l’année a été principalement alimentée par la reconstitution des stocks sur le marché américain du Comex, ce qui a conduit à une réduction des réserves sur d’autres marchés.
« Cet effet pourrait désormais s’atténuer, à mesure que l’écart entre les prix du Comex et de Londres se réduit à nouveau et que les stocks américains approchent des niveaux où ils avaient atteint leur plafond précédent », a indiqué la banque dans son rapport de recherche intitulé « Gold: Unstoppable? ».
La question de savoir si l’or peut continuer sa hausse dépend probablement des actions à venir des banques centrales, dont le pouvoir d’achat surpasse celui de tous les autres acteurs du marché.
Morgan Stanley a lancé un avertissement préoccupant pour les amateurs d’or dans son analyse d’un « panier de facteurs » influençant le marché. Celui-ci comprend l’examen des TIPS (titres du Trésor protégés contre l’inflation) à 10 ans, de l’indice DXY du dollar américain, des réserves des banques centrales, des avoirs des ETF, de l’inflation aux États-Unis, de l’indice de risque mondial et du positionnement des contrats à terme sur les matières premières.
Après avoir pris en compte ces éléments, la banque prévoit un prix de l’or autour de 2 000 dollars l’once, en se basant sur une régression des données des cinq dernières années. Bien que l’achat d’or par les banques centrales, moteur principal depuis 2022, reste solide, Morgan Stanley note qu’il ne semble pas entraîner une croissance continue.
« Selon les dernières données du World Gold Council publiées la semaine dernière, les achats des banques centrales mondiales ont atteint 333 tonnes au quatrième trimestre, un chiffre bien au-dessus des prévisions et en hausse de 54 % par rapport à l’année précédente. En 2024, les achats devraient dépasser les 1 000 tonnes pour la troisième année consécutive, soit environ le double du rythme observé avant le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine », a indiqué la banque.
Les banques centrales pourraient réduire leurs achats d’or
« Notre scénario de base prévoit un rythme d’achat plus modéré, estimé à 850 tonnes pour 2025.Cependant, nous restons vigilants face aux risques de baisse, notamment en raison de prix élevés ou d’un éventuel accord de paix entre la Russie et l’Ukraine », a précisé la banque.
Tout comme la guerre en Europe a propulsé la demande d’or grâce aux achats des banques centrales, un retour à la paix pourrait provoquer une chute des prix.
Une contribution de Tim Treadgold pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
À lire également : EN BREF | Le Fonds Européen d’Investissement lance le Green Private Credit pour débloquer des financements pour l’environnement
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits