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La frappe aérienne américaine qui a tué 10 civils à Kaboul était une « erreur involontaire » selon le Pentagone

Kaboul
Des proches et des voisins de la famille Ahmadi se sont rassemblés autour de la carcasse incinérée de la voiture ciblée par une frappe de drone américain qui a tué 10 civils dont 7 enfants, à Kaboul, en Afghanistan, le 29 août 2021. | Source : Getty Images

Mercredi 3 novembre, le Pentagone a publié les résultats d’une investigation interne sur la frappe aérienne américaine qui a tué 10 civils à Kaboul le 29 août dernier. Selon les résultats de l’enquête, la frappe américaine était une « erreur involontaire », fondée sur le plan légal et non constitutive d’un acte de négligence criminelle. L’enquête a également révélé qu’une vidéo militaire montrait la présence d’un enfant près de la cible avant l’opération ratée.

 

Lors d’un point presse mercredi 3 novembre, le lieutenant-général Sami Said, inspecteur général de l’armée de l’air américaine qui a dirigé l’enquête indépendante sur la frappe aérienne américaine à Kaboul en août dernier, a déclaré que les sept enfants et les trois adultes tués lors de cette frappe, ainsi que la voiture ciblée, ne constituaient pas une menace pour les forces armées américaines.

 

L’armée possédait une vidéo montrant qu’un enfant se trouvait près du site de la frappe aérienne deux minutes avant le lancement du missile Hellfire, a reconnu le lieutenant-général Sami Said. Néanmoins, il a ajouté que la présence de l’enfant n’était « absolument pas évidente » et que les enquêteurs pourraient avoir remarqué cet enfant après coup, car ils en recherchaient activement un.

 

L’armée a mal interprété les renseignements sur la voiture, une erreur que le lieutenant-général Sami Said attribue à « plusieurs erreurs d’exécution combinées à un biais de confirmation et à des pannes de communication. » Toutefois, le lieutenant-général Sami Said a conclu que l’attaque n’avait violé aucune loi et ne constituait en aucun cas un acte de négligence criminelle. Toujours selon les conclusions de l’enquête, aucune personne ne peut être tenue responsable de ces erreurs.

 

Le lieutenant-général Sami Said a également déclaré que le personnel impliqué dans l’opération pensait sincèrement qu’il ciblait « une menace imminente pour les forces américaines » à l’aéroport international de Kaboul, où une attaque terroriste revendiquée par l’État islamique avait tué plusieurs civils et 13 membres des forces américaines quelques jours auparavant. Selon le lieutenant-général, le personnel américain à l’origine de la frappe a pris des mesures pour limiter le risque de pertes civiles.

 

Le lieutenant-général Sami Said a ajouté que la frappe aérienne américaine a été menée à un moment difficile : les dernières troupes de l’armée américaine devaient quitter l’Afghanistan moins de deux jours plus tard, et l’armée était préoccupée par les menaces qui pesaient sur les forces américaines restantes à Kaboul.

 

« Ils étaient tous sincèrement convaincus […] qu’il s’agissait d’une menace pour les forces américaines », a déclaré le lieutenant-général Sami Said aux journalistes. « C’est une erreur regrettable. C’est une erreur involontaire. Je comprends les conséquences, mais il ne s’agissait pas d’un acte criminel. »

 

Le lieutenant-général Sami Said a également formulé trois recommandations pour les futures frappes aériennes qui doivent être menées rapidement :

  • L’armée devrait partager les informations avec un personnel plus large.
  • L’armée devrait revoir ses pratiques de détection des civils.
  • L’armée devrait développer des moyens pour empêcher le personnel de tirer involontairement des conclusions sur une menace potentielle correspondant à leurs idées préconçues, un concept que le lieutenant-général appelle « biais de confirmation ».

 

Le rapport du lieutenant-général Sami Said restera en grande partie confidentiel, car il contient des détails sur les tactiques militaires américaines.

 

La frappe aérienne du 29 août à Kaboul était l’un des derniers actes de l’armée américaine en Afghanistan, après 20 ans de présence sur le sol afghan et le retour des talibans à la tête du pays. Moins d’une semaine avant le départ des troupes américaines, la filiale locale de l’État islamique (connus sous le nom de Daech-Khorasan) a perpétré un attentat suicide meurtrier aux portes de l’aéroport de Kaboul, alors que les États-Unis tentaient d’évacuer les citoyens afghans et américains. Quelques jours plus tard, un drone a frappé une Toyota Corolla blanche à Kaboul, une action qui, selon le Pentagone, a permis d’écarter une menace « imminente » et ne semblait pas avoir fait de victimes civiles. Cependant, le New York Times et le Washington Post ont découvert par la suite que le conducteur de la Toyota travaillait pour une organisation américaine à but non lucratif et qu’il transportait des collègues et des bidons d’eau, et non des explosifs. La frappe n’a pas été suivie par une grande « explosion secondaire » causée par des bombes, ce que les responsables militaires ont initialement cité comme preuve qu’ils avaient choisi la bonne cible. Mi-septembre, le Pentagone a admis que la frappe était une « erreur tragique » qui avait tué dix civils.

 

Les résultats de l’enquête interne du Pentagone pourraient soulever de nouvelles questions quant à la capacité de l’armée à mener efficacement les futures missions de lutte contre le terrorisme en Afghanistan sans une présence sur le terrain. Par ailleurs, ils renforcent les préoccupations de longue date concernant les victimes civiles des frappes ciblées de drones. Pour autant, le lieutenant-général Sami Said a affirmé que la frappe aérienne de Kaboul était « très unique » et qu’elle était difficilement comparable à d’autres frappes américaines. En effet, il s’agissait d’une mission d’autodéfense menée au cours d’une période à haut risque et soumise à des contraintes de temps inhabituelles, car les forces militaires pensaient qu’une menace était imminente.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Joe Walsh

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