Anna Stukkert : La France toujours ultra désirable à l’International Congress Investment

A la tête de l’International Congress Investment (ICI), une structure qui réunit le milieu économique et le monde politique autour d’opportunités d’affaires, notamment dans le luxe et l’immobilier de prestige, Anna Stukkert évolue sans complexe dans un monde masculin. Un univers où il faut rapprocher les vues et les intérêts de décideurs et investisseurs issus du Vieux Continent comme de pays émergents à l’économie de plus en plus conquérante dans le nouvel ordre mondial. Et la France dans tout cela ? L’experte en investissement d’origine allemande, Anna Stukkert, s’intéresse particulièrement à l’Hexagone qui accueille ses événements et congrès. Pour l’entrepreneure, la patrie du luxe n’a pas encore d’équivalent aux yeux des gros portefeuilles. Entretien.

Vous semblez vous être inspirée de Davos avec l’organisation de vos congrès dédiés aux investisseurs ? 

Anna Stukkert : Depuis 2016, je travaille à réunir des personnalités éminentes à l’intersection des sphères économiques et institutionnelles sous la bannière du Congrès International de l’Investissement. Nous pouvons effectivement faire un rapprochement avec Davos dans le sens où rien ne peut se faire sans une compréhension des enjeux et, in fine, une coopération entre acteurs privés et publics. Le dernier Economic Forum a révélé, par exemple, un changement notable dans l’attitude des investisseurs à l’égard de l’Indonésie. Ce genre de signal se traduit par la suite dans l’écosystème des affaires que j’accompagne au niveau de ma structure au côté de mon partenaire Mark Minevich.

Je partage avec cette figure visionnaire, conseiller au sein de l’ONU, coprésident de l’AI for the Planet Alliance, sa stratégie en matière d’investissement : celle de favoriser la collaboration entre divers secteurs en faisant tomber les frontières tout en innovant dans son approche.

Durant vos quatre temps forts annuels (à Cannes, Monaco, Munich et Davos), l’ICI veut participer à accélérer la transformation de deux secteurs clefs : le luxe et l’immobilier de prestige. Qu’attendent les gros portefeuilles aujourd’hui ? 

Le format de nos congrès permet d’attirer l’attention des investisseurs, des décideurs politiques et des médias. Grâce à cette combinaison, nous sommes en capacité d’obtenir des résultats sur le plan économique. Dans le paysage actuel, les gros portefeuilles qui participent à nos rendez-vous annuels à Cannes, Monaco ou Munich, montrent un changement perceptible dans leurs attentes et leurs critères d’investissement. Ils vont essentiellement orienter leurs capitaux dans l’immobilier de luxe en recherchant une viabilité financière, une durabilité, une approche prospective du développement, dans un esprit d’innovation. 

Quel est votre travail sur le terrain pour stimuler ce puissant écosystème et préparer les grands rendez-vous annuels ? 

Nous collaborons avec des entreprises locales, des institutions culturelles des villes hôtes pour créer des expériences immersives lors de nos réunions annuelles, et travaillons en partenariat avec Stankevicius MGM. Ces synergies visent à ancrer localement l’International Congress Investment en vue de mettre en valeur des opportunités, des innovations et aussi l’hospitalité, enrichissant ainsi l’expérience globale de tous les participants.

Il y a par ailleurs des cérémonies associées à nos rassemblements. Les récipiendaires notables des prix du Congrès comprennent des lauréats de très haut niveau que ce sont, par exemple, Laurent Anselmi, ex-Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération à Monaco ; son Excellence Ngurah Swajaya, Ambassadeur d’Indonésie en Suisse et au Liechtenstein ; Shaji Ul Mulk, PDG de Mulk Holdings et dans le classement Forbes… 

La France, patrie du luxe, reste donc ultra désirable, malgré son décrochage dans certains domaines ? Quel est votre point de vue d’Allemande cosmopolite ? 

L’attrait de la France en tant que destination de luxe ultra-désirable ne se dément pas. L’Hexagone continue de briller sur la scène internationale, renforçant sa position d’acteur clé sur ce marché exponentiel. La capacité d’adaptation et le potentiel de croissance de la France reste inébranlable, j’en ai la ferme conviction. De fait, nos conventions annuelles sur la Côte d’Azur et à Paris, mettent justement en valeur ce potentiel d’investissement. Edition après édition, je peux noter l’enthousiasme de la destination France auprès de l’écosystème des affaires.

Depuis plusieurs années consécutives, les actions des dix plus grandes entreprises européennes du luxe font mieux que l’indice technologique du Nasdaq. Face à des changements géopolitiques et macroéconomiques significatifs, le marché du luxe a fait preuve d’une résilience inégalée jusqu’à présent. Qu’est-ce qui pourrait menacer cette insolente croissance ?

La demande est robuste, toutefois l’instabilité économique, les tensions géopolitiques et l’évolution des préférences des consommateurs constituent des menaces potentielles pour cette croissance. Les marques de luxe doivent s’adapter, innover et maintenir leurs valeurs pour relever ces défis avec succès.

Il y a aussi une dimension philanthropique à laquelle vous dédiez beaucoup de temps. Comment soutenez-vous l’association caritative « Warm Home » mobilisée au côté des seniors et personnes à mobilité réduite ? 

La ‘Warm Home’ à Anja est un club situé à Munich, en Allemagne, qui propose des loisirs, du développement personnel et de l’assistance aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Sous mon patronage et celui de Yuri Stuckert, l’organisation a accueilli pendant trois ans plus de 1 000 invités âgés de 70 à 100 ans, leur offrant des activités récréatives et un support. Le club orchestre des rassemblements festifs, des dîners, des concerts pour les personnes âgées, avec des cadeaux. Sur la période 2021-2024, nos objectifs ont été axés sur la promotion du bien-être des personnes âgées, y compris celles sans soutien familial, celles à mobilité réduite/handicapées et les réfugiés d’Ukraine. Des réunions mensuelles sont organisées avec le recours du SHZ Selbsthilfezentrum Verein zur Förderung der Selbsthilfe München. 

Quels sont les grands axes stratégiques de l’International Congress Investment ?

L’objectif du congrès 2024-2025 est d’améliorer la pensée critique et systémique, ainsi que la capacité à naviguer dans diverses voies d’investissement, notamment les pierres, les métaux précieux, l’or, l’art, la crypto-monnaie, les marchés boursiers, l’intelligence artificielle et la durabilité environnementale. Ce sont des domaines d’intervention clés pour les investisseurs du congrès. Mi-mars à l’occasion du MIPIM à Cannes, je dévoilerai durant notre Congrès International de l’Investissement les principales tendances. Je peux d’ores et déjà citer les opportunités concrètes sur le marché indonésien en présence de son Excellence Ngurah Swajaya, Ambassadeur d’Indonésie en Suisse et au Liechtenstein, d’Andres Senkovs, co-associé chez Magnum Estate (Bali) qui est responsable du développement sur les marchés internationaux ou encore de Gulshat Fauché, membre du Monaco Economic Board, fondateur et dirigeant de la société monégasque LUXPRO, qui anime des événements d’affaires dans différents pays.

La France est le point de départ de rencontres exclusives, suivront la Suisse, le Royaume-Uni, les Émirats Arabes Unis… Beaucoup d’investisseurs de notre réseau veulent avoir un impact positif et responsable, c’est pourquoi il regarde du côté de l’Indonésie afin de soutenir des projets préservant l’environnement. Plusieurs sites ont vu la faune et la flore détruite par des résidus industriels, il y a donc des programmes de réhabilitation à soutenir.

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