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La désinflation se poursuit en France, mais est-ce vraiment une bonne nouvelle ?

SHANGHAI, CHINA - 2024/08/31: In this illustration, a person is holding a 100 euro cash bill with U.S. dollars in the background. (Photo Illustration by Sheldon Cooper/SOPA Images/LightRocket via Getty Images)

En décembre, la hausse des prix à la consommation sur douze mois a augmenté de 1,3%, contre 4,9% il y a un an. La désinflation devrait se poursuivre en 2025, ce qui pourrait provoquer une forme d’attentisme de la part des acteurs économiques. 

En 2024, l’inflation a arrêté sa course folle. En décembre, la hausse des prix à la consommation sur douze mois a augmenté de 1,3% selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Un an plus tôt, l’indice s’élevait à 4,9%. Selon la dernière note de conjoncture publiée par l’Insee le 17 décembre 2024, la désinflation devrait se poursuivre en 2025, avec une augmentation de l’indice des prix estimée à 1 % en juin de cette année. Une bonne nouvelle… sous certaines conditions.

L’épisode inflationniste, commencé en octobre 2021 avec la hausse du prix des matières premières consécutive à la reprise Covid, avait pris une importance tout autre après l’invasion de l’Ukraine par la Russie. L’envolée des prix de l’énergie s’était alors propagée à l’ensemble de l’économie mondiale, l’Europe en particulier. Si bien que nombreux économistes prévoyaient un reflux de l’inflation qu’à partir de 2025, voire 2026. Mais les prix de l’énergie ont reculé plus vite que prévu. Les effets de seconds tours ne se sont pas déclenchés. La fameuse boucle prix-salaire, hausse des revenus augmentant le coût des entreprises qui le répercutent dans les tarifs affichés, n’a jamais eu lieu. 

Attentisme néfaste 

Parallèlement, le pouvoir d’achat des ménages a augmenté en 2024, après trois années de vaches maigres. Ce processus se poursuivra en 2025. Dans ces conditions, la consommation devrait redevenir le moteur de la – faible – croissance attendue pour le nouveau millésime. D’autant que l’épargne devient mécaniquement moins attractive. Le taux de rémunération du livret A, produit d’épargne préféré des Français passera à 2,5% au 1er février, contre 3% actuellement. En effet, sa rémunération repose sur une formule intégrant à la fois l’évolution de l’inflation et les taux interbancaires à court terme.

Pour autant, quelques zones d’ombres subsistent. La hausse des prix à la consommation devrait atteindre 1% en 2025. Soit moitié moins que la cible établie par la Banque centrale européenne. Si la désinflation procure un gain de pouvoir d’achat, elle peut également provoquer des réactions attentistes de la part des consommateurs. « L’attente de prix plus bas à l’avenir retarde les dépenses d’aujourd’hui », expliquait Yingrui Wang, économiste chez AXA, dans nos colonnes, il y a quelques mois. C’est encore plus vrai pour les biens de consommation durables. Des secteurs comme l’automobile, qui a déjà connu un mauvais cru en 2024, ou l’électroménager, pourraient en pâtir. En raison d’une demande en berne, les entreprises retardent leur production et leurs investissements. Avec des conséquences sur l’emploi, notamment. 

Investissements en baisse 

En Chine, par exemple, ce phénomène a engendré un phénomène de déflation. En raison d’une demande en berne, les entreprises se sont vues obligées de brader leurs marchandises au détriment de leur rentabilité. Le taux de chômage a augmenté, ce qui a eu des conséquences sur le pouvoir d’achat des ménages. Provoquant, in fine une nouvelle baisse de la consommation. Un véritable cercle vicieux. D’autre part, la déflation a provoqué une dégradation financière des emprunteurs car celle-ci renchérit mécaniquement le coût de la dette. Il en résulte une réduction de la capacité d’investissement des entreprises ainsi que la capacité de consommation des ménages endettés, accentuant l’effet boule de neige déjà évoqué.

Heureusement, la France est encore loin d’un pareil scénario. Mais les investissements, que ce soit ceux de l’étranger ou des entreprises françaises, ralentissent déjà en raison d’une situation politique fragile. En effet, instabilité et attractivité ne font pas bon ménage. La Banque de France estime ainsi que le taux de chômage devrait remonter à 7,8%, contre 7,4% en 2024.


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