La chute de Tesla persiste, mais Elon Musk reste muet sur les tarifs douaniers

Le conseiller milliardaire de Donald Trump, Elon Musk, demeure silencieux alors que la politique économique phare du président américain continue de semer le chaos. Sa fortune, elle, a déjà fondu de plusieurs milliards.

Elon Musk a soutenu Donald Trump sur de nombreuses politiques, des déportations massives d’immigrés sans papiers à la contestation des juges fédéraux qui s’opposent à ses décrets. Ces derniers mois, l’homme le plus riche du monde a également défendu le programme du président américain sur X auprès de ses 218 millions d’abonnés, tout en œuvrant pour réduire la bureaucratie fédérale à la tête du département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE) de Trump.

Cependant, lorsqu’il s’agit de la politique la plus importante de Trump à ce jour — le programme de droits de douane massif révélé cette semaine, qui impose un prélèvement de base de 10 % à tous les pays, avec des droits supplémentaires pour ceux ayant des déficits commerciaux plus importants avec les États-Unis — Musk choisit le silence.

Il ne réagit pas aux droits de douane, alors que la chute de Tesla se poursuit et que la politique économique phare du président cause des turbulences. Sa fortune a diminué de plusieurs milliards à ce jour. Lors de l’événement organisé mercredi soir au Rose Garden, où Trump a annoncé ses nouveaux tarifs douaniers devant la presse et son administration, y compris des figures clés comme le vice-président J.D. Vance et le secrétaire d’État Marco Rubio, Musk était aux abonnés absents. Tandis que le président américain présentait les tarifs « réciproques » imposés aux différents pays, Musk se contentait de retweeter les propos d’un utilisateur aux 780 abonnés, qui relatait que son ami propriétaire de bateau avait accès à Internet grâce à Starlink, le fournisseur de services par satellite contrôlé par SpaceX, l’entreprise de Musk.

Le chaos sur les marchés financiers a éclaté au cours des 36 heures suivantes, les investisseurs paniquant face à la menace d’une récession imminente aux États-Unis, effaçant 2 400 milliards de dollars de la capitalisation boursière du S&P 500 lors de la séance de jeudi — la plus forte chute en une journée depuis mars 2020. Pourtant, Elon Musk, habituellement prolifique en déclarations, n’a pas réagi à cette crise économique majeure. Il était trop occupé à retweeter une annonce du département de l’Intérieur des États-Unis concernant un parc national en Californie, à partager une vidéo prétendant montrer des politiciens démocrates effectuant le salut nazi, à se moquer du sénateur Chuck Schumer, et à promouvoir Starlink et SpaceX.

Musk, dont la popularité auprès des Américains est en déclin (60 % ont une opinion négative de lui, selon un récent sondage), pourrait chercher à éviter toute association avec un aspect impopulaire du programme de Trump. En effet, les ventes mondiales de Tesla sont déjà en baisse, largement en raison de la réaction des consommateurs à l’implication de Musk dans l’administration Trump. Il est également possible que Trump, conscient de l’impopularité de Musk, préfère le maintenir à l’écart de sa politique – ce qui expliquerait son absence à l’événement organisé dans le Rose Garden. Ou encore, comme cela a été suggéré, Musk pourrait être sur le point de se retirer du DOGE. Il semble en revanche plus probable que Musk, entrepreneur ayant forgé son empire sur les principes du libre-échange, soit conscient que les droits de douane sont destinés à échouer, et que les turbulences économiques qui en résulteront affecteront négativement ses entreprises et leurs performances financières.

Le magnat l’a déjà souligné dans le cas de Tesla. Le constructeur automobile électrique est mieux positionné que ses concurrents nationaux pour faire face aux droits de douane, grâce à ses gigafactories d’Austin et de Californie qui produisent toutes les Teslas destinées au marché américain. Cependant, Tesla reste dépendante des chaînes d’approvisionnement mondiales pour les matières premières nécessaires à la fabrication de ses véhicules. « Il est important de noter que Tesla n’est PAS à l’abri », a tweeté Musk il y a deux semaines, faisant référence aux droits de douane sur les automobiles. « L’impact des droits de douane sur Tesla reste significatif. Ces nouveaux tarifs sont une débâcle de grande ampleur pour toute l’industrie automobile, y compris Tesla », a déclaré à Forbes Dan Ives, responsable mondial de la recherche technologique chez Wedbush Securities. Un « Armageddon économique ».

L’action de Tesla a chuté de 14 % la semaine dernière (au vendredi après-midi) depuis l’annonce des droits de douane par Trump mercredi soir. La fortune de Musk a perdu plus de 40 milliards de dollars depuis le sommet de 400 milliards de dollars atteint fin décembre. (Elle aurait été encore plus élevée si Musk n’avait pas ajouté 33 milliards de dollars à sa richesse en fusionnant X avec xAI la semaine dernière).

La deuxième entreprise de Musk, SpaceX, le fabricant de fusées qui bénéficie de contrats gouvernementaux importants et gère le fournisseur d’internet par satellite Starlink, pourrait également être impactée par les droits de douane de Trump, étant donné qu’elle s’approvisionne en composants de satellites et en matériel réseau à l’étranger. La société taïwanaise Wistron NeWeb Corporation, l’un des principaux fournisseurs de SpaceX, a commencé à produire des routeurs et d’autres équipements pour Starlink dans une usine au Vietnam l’année dernière. D’autres fournisseurs de SpaceX, notamment les fabricants taïwanais Universal Microwave Technology, Shenmao Technology et Chin-Poon Industrial, ont également commencé à délocaliser certaines de leurs productions au Vietnam et en Thaïlande, à la demande de SpaceX, qui cherchait à se protéger contre des risques géopolitiques, selon un rapport de Reuters de novembre dernier.

Le Vietnam et la Thaïlande figurent parmi les pays les plus affectés par les droits de douane de Trump, avec des prélèvements respectifs de 46 % et 36 %. Même les fournisseurs de SpaceX ayant maintenu leurs activités à Taïwan ne sont pas épargnés, car les importations en provenance de l’île sont désormais soumises à un droit de douane de 32 %. Les droits de douane sur le Vietnam, en particulier, pourraient perturber un investissement clé que SpaceX avait prévu. Des représentants du gouvernement vietnamien ont annoncé en septembre que SpaceX projetait d’investir 1,5 milliard de dollars dans le pays, bien que l’objectif précis et l’avancement de cet investissement restent flous.

SpaceX, l’une des entreprises privées américaines les plus valorisées, voit sa valeur baisser. Selon Notice, un fournisseur de données de marché secondaire, les actions de SpaceX ont chuté de 12 % cette semaine et de plus de 23 % depuis le début de l’année, réduisant sa valeur à environ 290 milliards de dollars, contre plus de 350 milliards en début d’année.

Un article de John Hyatt pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie

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