A l’issue du second tour de dimanche, Emmanuel Macron sera à nouveau président pour 5 ans ou Marine Le Pen deviendra la première présidente de la Ve République. Mais au fait, que veut dire précisément présider la France ? Une fois de plus, l’étymologie nous aide utilement dans cet ultime décryptage des mots de la campagne. Par Nina Derai, directrice de projets naming et stratégie
« Président », un mot qui provient du latin prae, en avant, et sidens, qui siège : autant dire qu’avec un parti du nom de « Debout la France ! », Nicolas Dupont-Aignan ne risquait pas d’être élu…
Le verbe latin praesidens signifie à la fois « commander » et « protéger », deux notions qui concentrent en un mot les droits, mais aussi les devoirs de celui ou celle que nous élirons. Dans la Rome Antique, le praesidens désignait également un gouverneur chargé de la direction des provinces, dont le rôle était d’asseoir l’autorité de Rome et d’assurer la gestion courante des provinces conquises.
Cette dualité se retrouve dans la République moderne. En effet, les fonctions du président oscillent entre action concrète et représentation. Si aux Etats-Unis, il est le chef de l’exécutif, en Allemagne son pouvoir est avant tout symbolique. Le président français est l’un et l’autre à la fois : bien qu’en principe, la direction des affaires du pays soit réservée au premier ministre, il se doit de défendre la politique mise en place durant son quinquennat. Mais sa mission de représentation, notamment à l’international, est également essentielle.
Le caractère « présidentiable », qui selon le Dictionnaire de l’Académie Française « se dit d’un candidat ou d’une candidate dont les chances de devenir président sont importantes » est donc prépondérant à quelques jours du vote. D’où les efforts de chacun pour montrer aux électeurs sa capacité à endosser l’habit présidentiel, Emmanuel Macron profitant de l’« effet drapeau » que lui offre le contexte de la guerre en Ukraine, et Marine Le Pen en partageant avec les médias (ou plutôt une partie d’entre eux) les grandes lignes concernant sa façon de gouverner, ou encore en diffusant des affiches sous-titrées « Femme d’Etat ». Dans sa nouvelle affiche de l’entre-deux tours, elle opte pour une posture qui rappelle celle du portrait officiel de son adversaire à l’Elysée.
« Présidente », un mot que nous avions tant envie de voir accordé au féminin et qui, à l’idée de l’élection de la candidate d’extrême-droite, Marine Le Pen, refroidit certaines ardeurs. Dans cinq ans, la candidature d’une femme nouvelle viendra probablement enrichir le débat.
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