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La BCE baisse ses taux pour la première fois depuis 2019

L’institution de Francfort met fin au resserrement monétaire le plus rapide de l’histoire en abaissant ses taux directeurs de 0,5 point. Le taux sur les dépôts bancaires a été ramené à 3,75%.

Un page se tourne. La Banque centrale européenne (BCE) a baissé ce jeudi ses taux directeurs de 0,5 point, une première depuis 2019, offrant un bol d’air aux ménages et aux entreprises. Celui sur les dépôts bancaires, sorte de référence pour l’institution de Francfort, a été ramené à 3,75%, a indiqué l’institut monétaire. Une décision prise « à l’unanimité moins une voix », a précisé sa présidente Christine Lagarde devant la presse, prévenant que la suite serait incertaine en raison de la volatilité de l’inflation.

La décisions n’est une surprise pour personne, plusieurs des 26 membres du conseil des gouverneurs laissent entendre que la première baisse interviendrait avant l’été.  La BCE met ainsi fin au resserrement monétaire le plus rapide de son histoire entrepris pour faire à la remontrée de l’inflation en zone euro, dans le sillage de la guerre russe en Ukraine et des pénuries de biens post-crise du Covid-19. En un peu plus d’un an, entre juillet 2022 et septembre 2023, le taux de dépôt était passé de -0,5 à 4% avant de laisser place à une période de stabilisation.  Le conseil des gouverneurs a jugé « opportun » de faire un geste d’apaisement sur le loyer de l’argent, alors que la hausse des prix s’est établie à 2,6% en mai, loin du pic d’octobre 2022 (10,6%).

Obstacles 

L’institut reste déterminé à voir le retour au plus tôt de l’inflation au niveau de son objectif de 2 % à moyen terme, mais il y a « des obstacles sur la route qui peuvent surprendre » et « dont nous ne sommes pas totalement sûrs de [l’]ampleur », a-t-elle expliqué. Aussi, la BCE ne « s’engage pas à l’avance sur une trajectoire de taux particulière », a-t-elle prévenu, douchant les espoirs d’une série garantie de baisses de taux dans les mois à venir. Si un mouvement pour alléger le loyer de l’argent a été engagé « avec une forte probabilité » jeudi, la suite « dépendra des données » disponibles réunions par réunion, a martelé Christine Lagarde. La BCE voit encore l’inflation « rester supérieure à l’objectif » de 2% et ce, « pendant une grande partie de l’année prochaine », selon le communiqué expliquant ses décisions. En cause, les tensions sur les prix d’origine interne qui restent fortes, surtout dans les services, en raison de la croissance des salaires. L’institut a donc revu à la hausse ses prévisions d’inflation par rapport à celle de mars, voyant l’agrégat en moyenne à 2,5% en 2024 et 2,2% en 2025, enfin 1,9% en 2026.

« Nous avons encore du chemin à parcourir » avant d’arriver à un taux dit « neutre », celui qui ne pénalise ni ne soutient l’activité, a-t-elle affirmé. « Nous ne prévoyons pas de baisse agressive des taux d’intérêt dans les mois à venir, car l’inflation n’est pas encore surmontée », a commenté la DZ Bank. L’impact le plus visible de cette première baisse des taux devrait concerner le marché de l’immobilier, où les emprunteurs, surtout ceux à taux variable, avaient été pris à la gorge par la remontée brutale des taux. Cela pourrait « alléger le marasme du marché immobilier, dont la reprise peut soutenir quelque peu la croissance », note Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management. Les entreprises pourraient aussi en profiter en obtenant des crédits à des conditions plus favorables pour leurs investissements. En revanche, les épargnants vont voir leur rendement reculer.

En matière de baisse des taux, l’institut de Francfort a brûlé jeudi la politesse pour la première fois de son histoire à la Réserve fédérale américaine (Fed). Cette dernière, qui se réunit dans une semaine, va devoir patienter pour assouplir sa politique en raison de tensions inflationnistes liées au dynamisme de l’économie américaine. La BCE, en abaissant ses taux, pourrait aussi faire chuter l’euro, favorisant les exportations. Mais cela renchérirait alors aussi les importations, conduisant à de nouveau alimenter l’inflation.

Avec AFP. 


Lire aussi : La BCE laisse ses taux inchangés pour la quatrième fois consécutive

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