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La Banque Postale Prend Possession De KissKissBankBank

© KissKissBankBank

La Banque Postale, propriété du groupe La Poste, a annoncé avoir mis la main sur la plateforme de financement participatif KissKissBankBank afin, notamment, de « répondre » aux nouveaux usages bancaires. Une manière, également, pour l’un des leaders européens du crowdfunding de s’armer face à la concurrence. 

Le groupe La Poste a décidément la fièvre acheteuse en cette première moitié d’année 2017. Après avoir annoncé, en mars dernier, l’acquisition du spécialiste de la transformation digitale, Ametix, via une autre de ses filiales, en l’occurrence Docapost, c’est au tour de la Banque Postale de faire tomber dans son escarcelle la « pépite » du financement participatif, KissKissBankBank, dirigé par Vincent Ricordeau. Dans un communiqué, la Banque Postale évoque les « dessous » de cette belle prise – même si le montant de l’opération n’a pas été communiqué -, en parfaite adéquation avec sa feuille de route. « L’acquisition de 100 % du capital de kBank & Co s’inscrit dans la stratégie de développement digital de La Banque Postale qui souhaite élargir son offre de produits et services pour répondre aux attentes de ses clients ainsi qu’aux nouveaux usages bancaires. Une opération qui devrait également permettre à KissKissBankBank de muscler ses arguments face à une concurrence de plus en plus féroce, comme le confirme son cofondateur, Vincent Ricordeau.

« Après six années de partenariat avec La Banque Postale, nous avons décidé de travailler plus étroitement ensemble. Le marché du crowdfunding est devenu très concurrentiel ; s’adosser à un groupe bancaire qui partage notre vision de la banque de demain nous apparaît stratégiquement essentiel et nous permettra de poursuivre notre développement en France et à l’international avec une nouvelle énergie », souligne l’entrepreneur qui fera évidemment partie « de la nouvelle aventure » entouré des deux autres confondateurs, Ombline Le Lasseur et Adrien Aumont. Selon la formule consacrée, « La Banque Postale s’appuiera sur l’équipe dirigeante actuelle, composée des trois fondateurs KissKissBankBank plateformes & Co, et capitalisera sur leur expertise pour continuer à développer l’éditeur et ses trois plateformes (KKBB, Hellomerci et Lendopolis).

La genèse de KKBB

Si cette « nouvelle donne » peut permettre à KissKissBankBank de fourbir ses armes face à la concurrence, celle-ci est plus ou moins dans son ADN. En effet, la célèbre plateforme a vu le jour en septembre 2009, soit seulement quelques mois après le mastodonte KickStarter, comme le racontait Vincent Ricordeau, dans un entretien dans nos colonnes, rendant au passage hommage à son épouse et associée, Ombline Le Lasseur. « L’idée vient d’elle. KissKissBankBank est une société que nous avons montée à trois avec Adrien Aumont qui n’est autre que le cousin de ma femme. Ombline me parlait souvent de Napster et même si je n’étais pas geek du tout, j’ai rapidement compris qu’il se passait quelque chose d’important dans le secteur du « peer-to-peer ». Je me rappelle notamment d’une interview de Pascal Nègre, alors PDG d’Universal, qui avait qualifié cela d’épiphénomène ».

Avant que tout s’enchaîne rapidement. « MySpace a fait office de révélateur. Nous avions, pour la première fois, des artistes identifiés avec des communautés de gens qui les suivaient, à un moment où l’industrie du disque ferraillait contre le piratage desdits sites de « peer-to-peer ». C’est alors qu’Ombline, dans une logique un peu humaniste me dit « si les gens financent des albums signés par des labels, nous allons nous retrouver dans un processus de (ré)conciliation où chacun y trouvera son compte ». Une communauté identifiée sur les réseaux sociaux pouvait donc potentiellement se transformer en financeur… si on lui donnait l’occasion de le faire ». Vincent Ricordeau rappelle, à juste titre, qu’à cet époque, le terme de « crowdfunding » aujourd’hui largement démocratisé n’existait pas. « Nous partions littéralement d’une feuille blanche. Nous devions prouver que c’était réalisable et pas une utopie. La difficulté majeure était là. Même deux ans après le lancement, très peu de labels ou de boites de production qui étaient, pour nous, nos clients d’origine, ont suivi. Ils ne pensaient pas que les gens étaient capables de donner de l’argent pour financer des projets culturels et artistiques ». Forts de ce postulat, les débuts vont s’avérés résolument compliqués. « En quinze mois, nous avions collecté 100 000 euros. Quand Kickstarter était parvenu à récolter, en un an, 25 millions de dollars », se rappelle l’entrepreneur.

27 000 projets créatifs

La défiance en France à l’égard du risque et de l’argent – les deux faces de la médaille KissKissBankBank – n’a pas non plus aidé au moment du décollage du projet. « Nous sommes donc dans une zone culturelle qui n’est pas très française. Il y a un abyme culturel avec les pays anglo-saxons à ce niveau-là. Nous ne sommes pas en retard mais plutôt en décalage ». Mais à force de persévérance et de travail, Vincent Ricordeau et son équipe ont noirci cette page blanche et ouvrent, avec ce rachat par La Banque Postale, un nouveau chapitre de leur riche histoire. Depuis son lancement, KissKissBankBank & Co, dont la communauté atteint près de 1,3 million de membres, a permis de financer plus de 27 000 projets créatifs, associatifs et entrepreneuriaux. Et le meilleur reste à venir.

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