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Kering Décolle, Gucci S’Envole

Getty Images

Alors que la Chine occupe l’esprit des investisseurs, ces derniers n’ont pas hésité à plébisciter le titre Kering ce mercredi qui décolle de près de 8% à mi-séance, au lendemain des résultats du troisième trimestre d’excellente facture qui ont notamment vu Gucci signer une croissance de 35%.

Jusqu’où ira Gucci ? Principal foyer de profits du groupe Kering, la griffe florentine, si elle a légèrement décéléré au troisième trimestre, a encore surpris les investisseurs par sa robustesse. Avec une croissance organique de 35,1% (après une hausse de 44% au premier semestre), Gucci « pulvérise » les attentes du marché qui escomptait « seulement » 25% sur la période. Une solide performance, réalisée sur des bases de comparaison pourtant très difficiles – les ventes avaient bondi de 49,4% au troisième trimestre 2017 – pour Gucci qui domine de la tête et des épaules les autres meilleurs élèves du secteur comme Louis Vuitton, navire amiral de LVMH, dont les ventes ont progressé d’environ 14% au cours du trimestre. « Avec le rythme exceptionnel de croissance que Gucci connaît, la question n’est pas de savoir si mais quand la marque se hissera devant Vuitton » avait claironné le patron de Gucci, Marco Bizzarri, en marge d’une conférence destinée aux investisseurs à Florence début juin.  Avec environ 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel selon les analystes (LVMH ne rend pas public les ventes du malletier), Louis Vuitton est la première marque de luxe au monde. Mais Gucci, au regard de sa « vitesse de croisière » peut raisonnablement espérer détrôner « LV ».  Une remontée fantastique pour une marque en péril en 2015

L’une des clés de la de la « seconde vie » de la marque, après cette période trouble tient en (presque) un seul nom : Alessandro Michele. Le designer italien a, en effet réussi à remettre Gucci sur le devant de la scène grâce à son style flamboyant et baroque qui a rencontré un nouveau public sans pour autant se détacher des « aficionados » de la première heure.  La griffe florentine a aussi étoffé son offre avec succès, proposant aux jeunes clients des produits plus accessibles, étendant aussi ses lignes pour hommes et ses accessoires. Ainsi, la marque a bouclé l’année 2017 sur des ventes de 6,2 milliards d’euros et vise donc  maintenant la barre des 10 milliards, dépassant ainsi son rival Louis Vuitton.  Pourtant, le risque de lassitude face à des partis pris esthétiques très marqués, la fidélisation de la masse de ses nouveaux clients ou l’évolution de sa ligne créatrice sont autant de défis à moyen terme pour la griffe florentine. Des « challenges » évoqués trimestre après trimestre mais qui sont néanmoins toujours relevés. Mais si une « normalisation » paraît inévitable, la croissance de Gucci au quatrième trimestre pourrait encore se situer, selon les déclarations du directeur financier de Kering, aux alentours des 25%.

Gucci (presque) au sommet 

Outre Gucci qui occupe, à juste titre le devant de la scène, les ventes trimestrielles de Kering ont décollé de 27,6% à 3,4 milliards d’euros, surpassant ainsi le consensus d’Inquiry Financial pour Reuters estimé à 3,26 milliards d’euros. En revanche, la croissance organique a ralenti à 27,5% (même si, là-encore elle surpasse les attentes du marché qui s’élevaient à +22,5%) par rapport au six premiers mois de l’année 2018 où elle s’élevait à 34%.  Les autres marques du groupe suivent des trajectoires diverses. Dans le détail, Balenciaga, considéré comme « la nouvelle pépite » de Kering affiche une croissance de 50% galvanisé par le succès de son prêt-à-porter décalé et de ses chaussures. Fort de cette trajectoire impressionnante, la marque devrait très prochainement franchir la barre du milliard d’euros de chiffres d’affaires.

A l’inverse, Saint-Laurent réduit la voilure (+16%) et ce après une croissance de plus de 20% pendant sept ans d’affilée.  Marque à gros potentiel, Bottega Veneta (-8,4%) continue de naviguer à vue. Pour autant avec la nomination d’un nouveau directeur artistique, la relance de la marque ne devrait se faire sentir qu’au deuxième semestre 2019. Pas de quoi s’inquiéter du côté de l’état-major de Kering surtout avec  « l’exemple » d’un Gucci, moribond en 2015 et (presque) sur le toit du luxe en 2018. Mais Kering ne serait-il pas tenté de faire quelques emplettes pour étoffer encore un peu plus son portefeuille ? L’ex-PPR aurait, selon diverses sources, regardé le dossier Versace – tombé depuis dans l’escarcelle de l’américain Michael Kors pour la bagatelle de 1,83 milliards d’euros – avant de freiner des quatre fers devant le prix demandé.  Interrogé au sujet de potentielles opportunités de croissance externe, Jean-Marc Duplaix, directeur financier de Kering,  a estimé que la priorité restait la croissance organique – à l’heure où certains misent sur une accélération de la consolidation par de grands groupes gorgés de cash – tout en indiquant que Kering restait « ouvert à plus long terme à la croissance externe ».  Mais en attendant, grâce à Gucci, Kering peut envisager l’avenir avec la plus grande sérénité.

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