Gilles Dreyfus (co-fondateur et CEO de Jungle) : « L’émergence des fermes verticales est une formidable opportunité car elles répondent à des enjeux stratégiques tels que la souveraineté et la sécurité alimentaire »

Jungle développe depuis 2016 un concept de fermes verticales industrielles. Le principe : faire pousser toutes sortes de plantes via une production agricole hors sol, dans un environnement contrôlé en hydroponie qui n’est pas soumis au temps, à la pollution ou aux pesticides. L’ambition des cofondateurs est de prouver qu’une autre agriculture, locale, raisonnée, avec du goût, est possible

Quel est le principe de Jungle ?

Jungle est la plus grande ferme verticale de France. Nous produisons à échelle industrielle des plantes et fleurs zéro pesticides (plus de cent tonnes par an) pour l’industrie alimentaire et cosmétique. Notre force réside dans l’optimisation permanente des conditions de culture pour que nos plantes s’expriment de la meilleure manière possible. Nos méthodes de production verticales ne nécessitent que très peu d’eau et aucun usage de pesticides ou produits polluants pour cultiver des plantes vivantes, saines, aux propriétés gustatives, nutritionnelles ou thérapeutiques parfaites, tout au long de l’année.

Nos produits sont ensuite commercialisés en grande surface (Intermarché, Grand Frais, Monoprix…), dans un packaging compostable et recyclable, ou auprès de nos partenaires dans le cadre d’usages industriels.

L’émergence des fermes verticales en France – comme partout dans le monde – est une formidable opportunité car elles répondent à des enjeux stratégiques tels que la souveraineté et la sécurité alimentaire.

Comment est née cette idée ?

En découvrant l’existence des fermes verticales et leurs promesses pour nourrir la planète d’ici 2050, je me suis passionné pour le sujet. En 2016, avec mon associé Nicolas Séguy, nous avons lancé notre première ferme verticale à Château-Thierry. La qualité de nos productions a boosté et validé nos ambitions. Avec notre « Master Grower », un expert des cultures en environnement contrôlé, et nos ingénieurs agronomes, nous avons développé notre propre technologie et R&D.

Notre objectif est d’avoir le plus de variables d’ajustement possibles et les meilleures recettes pour que nos plantes s’expriment le mieux. Nous avons eu de nombreux prix d’innovation, de label de qualité mais surtout une demande croissante du marché. Nous venons d’ailleurs d’intégrer la 1ère édition du programme French Tech Agri20 dont l’objectif est de faire émerger des innovations de rupture répondant aux principaux défis alimentaires et agricoles de demain

Avec Jungle, nous prouvons qu’un nouveau modèle est possible, que demain nous pourrons nourrir et soigner avec des plantes locales, vivantes et saines.  

Quels sont les objectifs de Jungle à court terme ?

Nous prévoyons le développement d’une dizaine de sites à horizon 2027 pour produire et distribuer à grande échelle. Jungle devrait employer une centaine de collaborateurs contre 40 aujourd’hui. Tout en continuant de nous déployer en magasins, nous nous rapprochons des agriculteurs et les accompagnons dans leurs choix technologiques et écologiques de production. L’international est aussi dans notre plan d’expansion, à commencer par le marché britannique. 

Enfin, nous avons commencé à appliquer notre R&D, notre tech et notre force de production industrielle à d’autres secteurs : la parfumerie et la cosmétique, dans une approche holistique du corps humain, et avons déjà noué des partenariats – comme avec Firmenich, pour devenir le premier producteur au monde d’essence de muguet. Jungle est résolument au service du monde végétal, de ses bienfaits, odeurs et principes actifs.

Quel est le modèle économique de Jungle ?

Progresser vers un modèle aussi disruptif n’est possible qu’avec le soutien d’acteurs économiques majeurs, dont les banques. Grâce à leur confiance, nous avons pu sécuriser plus de 6M€ en dette bancaire. Un accompagnement qui démontre la légitimité et le potentiel de notre industrie. C’est grâce au soutien de nos partenaires bancaires (la Caisse d’Épargne, le CIC Est, la BPN, la Société générale et BNP Paribas), aux côtés de la BPI et de nos investisseurs (Founders Future et Demeter), que nous pouvons continuer à innover.

Avez-vous envie de faire passer un message en particulier ?

Aujourd’hui, le principal frein à l’agriculture verticale est l’ignorance face à ce qu’elle est, son fonctionnement et ses nombreux atouts. Nous ne remplacerons pas l’agriculture traditionnelle. Nous apportons une solution, un accompagnement, en phase avec les bouleversements de nos sociétés, à la nécessité de repenser une industrie qui présente trop de dysfonctionnements et n’est plus ou n’a jamais été opérationnelle. Nous voulons mettre l’innovation industrielle au service de la nature et des Hommes.

Notre vocation est claire : participer au développement d’un écosystème vertueux, aux côtés de nos pairs, acteurs du monde agricole, consommateurs, pour produire des produits bons, sains et à moindre coût. Le contexte mondial qui a mis en lumière les problèmes sanitaires, d’approvisionnement, et d’inflation, a donné raison à six années d’efforts que nous souhaitons poursuivre pour proposer l’écosystème le plus vertueux et intelligent qui soit. Les fermes verticales ont en ce sens une place indéniable dans l’équation de la production alimentaire de demain, et méritent toute l’attention des dirigeants, investisseurs, agriculteurs, et consommateurs. Nous en sommes aujourd’hui les porte-voix.

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