Un navire possédé par la banque américaine JP Morgan et exploité par Mediterranean Shipping Company (mieux connue sous l’acronyme MSC) a été temporairement relâché vendredi 12 juillet, plusieurs semaines après sa saisie lors d’une perquisition ayant retrouvé 20 tonnes de drogue (de la cocaïne) à son bord.
La filiale de gestion d’actifs de JP Morgan, propriétaire du navire, et MSC ont déboursé ensemble 50 millions $ en liquide, ainsi qu’une caution afin de garantir sa remise en liberté provisoire. Le navire traversait l’océan Atlantique et se dirigeait vers le port de Rotterdam aux Pays-Bas lundi après-midi, selon MarineTraffic.
Tandis que la perquisition, et la remise en liberté qui a suivi, ont fait la une de la presse internationale en grande partie à cause du lien avec le géant financier américain JP Morgan, l’historique de MSC n’est pas non plus sans intérêt.
Pour commencer, il s’agit au moins de la troisième perquisition pour drogue sur des paquebots exploités par l’entreprise suisse cette année. La première avait eu lieu à Philadelphie en mars, dans le même port que la perquisition la plus récente, et la seconde avait eu lieu à Gênes en Italie en juin. MSC, qui est maintenant la deuxième plus grande ligne de conteneurs au monde en termes de capacité de chargement (juste derrière le leader mondial AP Møller Maersk), est détenue par l’un des couples les plus riches au monde, Gianluigi et Rafaela Aponte. Ensemble, le couple représente environ 11,1 milliards de dollars, 133e au classement mondial de Forbes.
La saisie du mois dernier était la plus importante de l’histoire des États-Unis, amenant la suspension temporaire de la participation de MSC à un programme de contrôle du Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis (CBP). Le programme en question, le Partenariat d’extradition contre le terrorisme (ou C-TPAT), avait été mis en place en 2001 et permet aux compagnies maritimes de renforcer leurs mesures de sécurité afin de passer les contrôles aux frontières plus rapidement.
« Le MSC Gayane est le plus grand navire saisi par le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis en 230 ans, » a déclaré Casey Durst, Directeur des Opérations de Terrain de la CBP à Baltimore.
Le MSC Gayane et le MSC Desiree, le navire ayant été fouillé en mars, ont tous deux suivi un trajet similaire depuis le Pérou jusqu’à Philadelphie en passant par le Panama et les Bahamas. La route que les navires ont prise est bien plus intéressante pour les enquêteurs que la compagnie maritime en elle-même, selon l’attaché de presse de la CBP, Stephen Sapp. « Cela n’indique rien sur la compagnie en elle-même, c’est plutôt spécifique aux pays dans lesquels elle a fait escale, » explique Sapp dans une interview. « Le long de cette route, les gens ont la possibilité de sceller de la drogue à l’intérieur de ces conteneurs. »
Plusieurs membres de l’équipage du MSC Gayane ont été arrêtés et accusés de conspiration dans la possession de plus de cinq kilogrammes de cocaïne. Tandis qu’il est inhabituel pour des membres d’équipage de prendre part à une opération de trafic de drogue de leur propre chef, il est fréquent pour des trafiquants de faire passer des stupéfiants à bord de navires conteneurs. Ces méthodes peuvent aller de plongeurs accrochant leur chargement à la coque du navire, jusqu’à de petits paquets de drogue placés dans des conteneurs réfrigérés, selon Jakob Larsen, responsable de la sécurité au sein de l’association maritime internationale BIMCO.
« Une saisie de cette ampleur est inhabituelle, mais c’est une chose qui arrive fréquemment, » indique Larsen. « Les conteneurs sont généralement remplis sur des sites très éloignés du port et des autorités, et la compagnie maritime n’a pas la capacité de les inspecter. »
La production de cocaïne en Colombie est en augmentation, le bureau de contrôle national américain des drogues estimant que le pays aurait produit un record de 921 tonnes de cocaïne en 2017. S’ajoute à ce problème l’accent mis par le gouvernement Trump sur la frontière entre les États-Unis et le Mexique, qui pourrait avoir incité certains trafiquants à changer d’itinéraire et à faire passer plus de marchandise par les navires conteneurs plutôt que par la terre, selon Sapp.
« C’est comme un ballon,” explique celui-ci. « Si vous exercez une pression sur une partie du ballon, il gonfle de l’autre côté. [Les trafiquants] tenteront d’exploiter n’importe quel moyen possible ; cela pourrait être un avion, un petit bateau, des sous-marins, ou encore un grand paquebot comme celui-ci. »
MSC a indiqué qu’elle continuerait à collaborer avec les douanes et les autorités policières. « Nous avons de longs antécédents de coopération avec les autorités américaines, » a affirmé Giles Broom, directeur général des relations presse pour MSC. « C’est un problème propre à tout le secteur, auquel nous cherchons une solution présentement. Cela affecte le secteur naval et logistique dans son ensemble. »
Au-delà du transport par conteneurs, MSC exploite des sociétés gérant des opérations de logistiques terrestre et des activités portuaires. La famille Aponte contrôle également MSC Croisières, la quatrième plus grande compagnie de croisière dans le monde en termes de nombre de passagers.
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