Dans un an, Paris s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques et Paralympiques d’été. La dernière fois que la capitale française avait organisé l’événement, c’était il y a 124 ans. Si le pays va être en ébullition, c’est aujourd’hui surtout toute une logistique autour des préparatifs qui s’accélère, notamment du côté des mobilités.
Le casse-tête de transports en commun saturés
Il y a Londres, Tokyo, et aussi Paris, parmi les réseaux de transports les plus saturés au monde. Avant que la capitale n’accueille les Jeux de 2024, les ministères des sports, des transports et le ministère délégué aux Personnes handicapées ont été réunis autour d’un comité stratégique des mobilités, rebaptisé pour l’occasion « équipe de France des transports ». L’objectif est de pouvoir faire circuler, sans accrocs, 800 000 personnes, dont 1 000 athlètes, et bon nombre de personnes travaillant autour de l’événement sportif de la décennie pour la capitale française.
Cependant, Paris est aujourd’hui au milieu des débats concernant sa gestion, en particulier des mobilités, avec un réseau saturé, plombé par des problèmes au sein de la RATP. Certains mettent aussi en avant une offre de mobilité en décalage avec les ambitions écologiques de la capitale, ou encore un modèle multimodal encore trop archaïque et bien trop recentré uniquement sur la capitale. Les choses sont amenées à changer, mais pas dans l’immédiat, si l’on en croit les travaux pharaoniques et sans précédent qui vont affecter la vie des Franciliens en 2023, et moderniser un réseau très ancien, c’est plutôt à l’horizon 2030 que le projet de mobilité du Grand Paris sera opérationnel. A titre d’exemple, on peut citer l’extension du RER E, de la ligne 14 ou encore la création de 4 nouvelles lignes de métro (15, 16, 17 et 18).
En parallèle, des villes s’organisent pour proposer une meilleure desserte à leurs administrés, et la cohésion dans l’offre de mobilités avec l’ensemble du territoire francilien.
L’objectif va bien plus loin que celui des Jeux Olympiques. Paris a aujourd’hui l’opportunité de lancer une véritable dynamique à l’échelle de la ville, comme le souligne Clément Beaune, ministre délégué chargé des Transports lorsqu’il déclare que « les Jeux sont également une occasion unique pour accélérer le développement de la pratique du vélo : ainsi, l’ensemble des sites de compétition en Île-de-France doivent être accessibles à vélos et dotés de parcs de stationnement ». Paris doit se réinventer, s’étendre, un peu à l’image de la transformation de la ville à l’époque du baron Haussmann, pour s’imposer comme une métropole ouverte sur le territoire national, et la mobilité peut servir cette ambition.
Sortir du point de concentration parisien
Si des doutes et des craintes subsistent sur le fait que Paris puisse être prête pour les JO de 2024, il est bien plus grand concernant le territoire au sens large, avec la ligne 16 du métro qui ne sera finalement pas opérationnelle dans les temps, alors qu’elle devait être la « ligne officielle » du Grand Paris pour les Jeux de 2024, ou encore la place du Trocadéro dont le réaménagement ne sera pas finalisé comme prévu, et qui devait redessiner la mobilité sur l’un des axes emblématiques de la capitale. Cela n’arrange en rien les défis auxquels est confrontée la ville de Paris, à la fois la capitale la plus petite d’Europe et parmi les plus denses au monde. Il suffit de comparer la superficie de la ville avec ses 105,4 km2 face aux 3 précédentes villes ayant accueilli les JO d’été dont Tokyo avec 2 194 km2, Londres avec 1 572 km2 et Rio avec 1 200 km2. Il est facile de comprendre que la Métropole du Grand Paris et ses 814 km2 cumulés va être fortement mise à contribution. Il convient donc de repenser la mobilité de manière efficace et réfléchie.
La problématique principale consistera à se rendre à Paris, de manière fluide, alors que la ville est, encore une fois, fortement saturée. Pour l’année 2022, la société Inrix plaçait la Ville lumière en 3ème place des villes les plus embouteillées au monde, comptabilisant 138 heures passées dans les bouchons. Seules les villes de Londres et de Chicago supplantent Paris avec, respectivement, 156 et 155 heures de bouchons cumulées par habitant.
Néanmoins, certaines initiatives fonctionnent notamment autour de la gare Montparnasse, avec des places de stationnement spécifiques en ouvrage pour les deux-roues, des parkings relais, des pistes cyclables et un réseau de transports en commun conséquent. On tient là l’exemple d’une offre de multimodalité connectée à l’ensemble du réseau parisien, étendue au Grand Paris et qui prend en compte les différents moyens de locomotion des usagers. La ville de Paris met d’ailleurs en application son plan vélo pour transformer la ville en 100 % cyclable, avec un budget de plus de 250 millions d’euros d’investissement d’ici à 2026
Certaines villes franciliennes, conscientes de la place de la voiture et de la difficulté à s’y soustraire radicalement axent davantage leurs efforts sur une politique de règlementation du stationnement qui vise à responsabiliser les conducteurs tout en générant des recettes pour financer des projets pour d’autres mobilités.
Comment une mobilité intelligemment pensée peut optimiser la ville de demain
Les initiatives autour du projet du Grand Paris lancées depuis 2010 ont pour objectif de placer la capitale française comme une ville qui se projette vers l’avenir, afin d’attirer les investissements, les industries dynamiques et peser face aux plus grosses métropoles comme Londres ou New-York, voire certaines économies émergentes.
Le Grand Paris a l’ambition de connecter les territoires au-delà de la proche couronne, notamment avec le centre universitaire Paris-Saclay où l’intermodalité et les solutions numériques sont autant d’opportunités pour faciliter les usages, et réduire le recours à la voiture individuelle, au service de la qualité de vie et de l’attractivité économique du territoire. C’est la raison pour laquelle la perspective des Jeux de 2024 poussera l’innovation de la mobilité plus loin, et jusque dans les airs. En effet, le Volocity, conçu par la société allemande Volocopter servira de taxi volant lors de ces Jeux, avec un une barge prévue à cet effet sur la Seine, précisément sur le quai d’Austerlitz. Ce nouveau système de mobilité dans les airs volera à 300 mètres d’altitude pour effectuer des trajets de 20 kilomètres en moyenne entre certains sites comme Paris, Versailles, les aéroports Charles-de-Gaulle et Le Bourget. Concernant son fonctionnement, sa motorisation est 100 % électrique, limitant la pollution de l’air et les nuisances sonores.
L’opportunité d’une mobilité totalement repensée de la ville de Paris sera, dans tous les cas, le véritable baromètre des nouvelles politiques de mobilités pour les années à venir, et un indicatif de l’attractivité future de la France. N’oublions pas qu’au-delà des Jeux Olympiques et Paralympiques, d’autres événements sont à venir à Paris comme l’extension du centre universitaire de Paris-Saclay dans le cadre du Grand Paris. Autant d’échéances qui verront le jour à temps si ceux des Jeux Olympiques et Paralympiques sont tenus et probants.
Tribune rédigée par Olivier Koch, Directeur France, EasyPark
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