Il y a sept ans, le CIO désignait la ville de Paris comme ville hôte des Jeux Olympiques 2024. L’organisation d’un tel événement implique un engagement sans faille d’un bon nombre d’acteurs de la scène entrepreneuriale française, mais aussi la mobilisation de ressources diverses et variées. Et au bon déroulement de ces Jeux, l’innovation est de mise. Des jeunes entreprises dynamiques apportent des solutions novatrices et révolutionnaires dans divers domaines pour contribuer à la réussite du plus grand événement sportif de la planète. En 2019, pour mener à bien cette quête d’innovation, le Comité d’organisation créé une « cellule intégration de l’innovation ». Rencontre avec son président, Omar El Zayat.
Forbes France : Quel rôle incarne la cellule « intégration de l’innovation » du Comité d’organisation de Paris 2024 ?
Omar El Zayat : Cette cellule vient en soutien de différentes directions de Paris 2024, depuis 2019. On a 36 référents innovations issus de différents services tel que la logistique, les transports, les systèmes d’information, les sports, l’accessibilité, les ressources humaines, les célébrations. On a fait beaucoup de prototypes et d’expérimentations avec eux pour valider certaines hypothèses pour gagner du temps dans la rédaction de nos appels d’offre. Le rôle de notre cellule, c’est de venir en soutien de façon ponctuelle ou approfondie (de l’idée à la livraison) à des projets pour les Jeux Olympiques et Paralympiques.
Comment avez-vous sélectionné les différentes start-up ?
O. E. Z. : On a procédé par la manière classique de l’appel d’offre, mais aussi en les insérant dans un marché déjà négocié dans le cadre des catégories marketing de partenaires. Par exemple, si l’on travaille avec Orange sur un projet, on peut trouver pertinent de sélectionner les start-up pour compléter la solution proposée. Le prototypage est crucial dans notre démarche et les start-up, étant agiles par nature, nous permettent de les réaliser rapidement et efficacement. Par exemple, Orange nous a grandement aidé grâce à leur challenge EventTech lancé en 2022, un programme qui nous permis de sourcer beaucoup de start-up dont certaines qui vont contribuer à la livraison des Jeux. Nous avons utilisé beaucoup de canaux pour identifier des start-up tel que des outils de veilles, des salons, des challenges mais aussi via l’écosystème (BPI, La French Tech), les différents collectifs et incubateurs existant en France et à l’international. Sur 5 ans d’existence, la cellule innovation a identifié près de 600 start-up dont 350 ont été rencontrées. 35 ont été impliquées dans des expérimentations sur 26 projets et 17 start-up vont nous aider dans la livraison des Jeux.
Que vont apporter les start-up aux Jeux Olympiques de Paris ?
O. E. Z. : Avant de rejoindre le Comité en 2019, je dirigeais depuis 2015 l’incubateur de start-up dédié au sport, le Tremplin. L’attribution des Jeux Olympiques à la ville de Paris n’était pas encore faite à l’époque. Mais le soutien de la part des acteurs publics et du gouvernement était déjà bien présent. Les start-up ne sont pas là juste pour les Jeux. Les clubs sportifs, mais aussi les événements sportifs comme Roland-Garros ou le Tour de France, collaborent avec des start-up pour leur organisation. Il y a de très belles réussites en France, et ce serait dommage de les exclure. Le fait d’avoir des collaborations et des marchés remportés par des startups pour les Jeux montre la robustesse de l’écosystème. Et pour les Jeux, les start-up apportent des solutions répondant à des besoins utilisateurs qui évoluent.
Les Jeux vont être un véritable tremplin pour les start-up prestataires ?
O. E. Z. : Collaborer avec une start-up n’est pas juste une politique RSE. C’est quelque chose qui apporte de la valeur économique et du gain d’efficacité pour les deux partis. Si Kinomap est un produit officiel sous licence du CIO pour le « Marathon pour tous connecté » dont la communication est très soutenue, la plupart des start-up doivent respecter des règles très strictes dans leur communication sur les Jeux. Elles ne peuvent pas communiquer leur collaboration sur les réseaux sociaux, mais le fait d’être prestataire constitue tout de même un énorme tremplin pour elles. Pouvoir contribuer à la livraison de l’audiodescription pendant les Jeux, par exemple, peut apporter beaucoup à l’avenir d’une start-up.
Quel impact post-JO pour la cellule de l’intégration de l’innovation ?
O. E. Z. : Nous sommes le premier Comité d’Organisation à créer cette cellule. Mais cela n’exclut pas la création de futures cellules d’intégration de l’innovation dans d’autres entités. Ce que l’on fait, c’est partager cette expérience avec le mouvement sportif français et international. On leur partage la démarche que l’on a suivie, les obstacles que l’on a rencontrés, les modus operandi que l’on a mis en place, pour engager l’écosystème et créer un héritage grâce au travail qui a été mené. Aujourd’hui, on a un échange régulier avec le CNOSF (Comité national olympique et sportif français), le ministère des Sports, les clubs et les fédérations dans un partage d’expérience afin de faire perdurer cette quête de l’innovation dans un souci de gain d’efficacité et de répondre au mieux aux besoins de l’utilisateur final (athlète, spectateur, téléspectateur, volontaire, partenaire…).
Quelle vision souhaitez vous véhiculer à travers cette initiative novatrice ?
O. E. Z. : Notre but n’est pas de dire que l’on fait de l’intelligence artificielle ou de la blockchain juste pour dire que l’on est présent dans ces domaines. Ce qui est crucial pour nous, c’est l’importance de la réponse à un besoin identifié. C’est le point de départ que devrait avoir toute organisation qui cherche à innover. Plutôt que de dire que la métrique réside dans le nombre de start-up, on se focalise plutôt sur les questions : « À qui est-ce que l’on s’adresse ? », à savoir les athlètes, les spectateurs ou encore les Comités. Puis « sur le marché existant, qu’est-ce qui me permet de le faire ? ». Si des éléments existants permettent de répondre aux besoins, nous les adaptons à notre univers, sinon il est important de développer le produit ou service en question et cela requiert de l’anticipation.
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