Samedi soir, les Bleus du basket joueront une nouvelle finale olympique contre les Etats-Unis. Jusqu’ici, les hommes de Vincent Collet ont brillé et peuvent rêver d’une gloire éternelle, comme le reste des sports collectifs français.
En cette seconde semaine de Jeux olympiques, bien moins fournie en médailles (10 jusqu’ici), que la folle première semaine (44 ! un record), c’est une nouvelle folie qui s’empare de la France : celle de la grandeur de ses sports collectifs. Car dans un pays réputé ne pas être « un pays de sport » (ce qui ne veut rien dire), la France place quatre équipes dans des finales de sport co’ : les hommes du basket, du foot, et du volley, et les femmes du handball – en attendant les basketteuses, en demi finale ce soir contre la Belgique.
Disons-le, ces succès du sport collectif hexagonal cachent une défaite amère : celle des femmes du foot, sorties en quarts de finale par un Brésil peu glorieux, mais tel est le destin de cette génération de l’équipe de France féminine, incapable de briller dans les compétitions internationales, dès lors que les matchs couperets exigent de vous des dépassements incommensurables. Des dépassements auxquels sont habitués depuis plus de vingt ans les handballeurs français, pourtant eux aussi éliminés en quarts contre l’Allemagne, dans un match épique, et après lequel le pauvre Dika Mem, arrière des Bleus, se demandera longtemps pourquoi il n’a pas juste balancé la balle en tribunes au lieu de tenter une passe finalement interceptée par les Allemands, arracheurs de prolongation et dérobeurs de rêves olympiques.
Ces deux tristes défaites ne doivent pas occulter le reste de l’œuvre nationale : la régularité au haut niveau des équipes bleues est tout simplement renversant, comme les hommes du volley, habituées des remontées fantastiques, menés deux sets à zéro contre l’Allemagne en quarts, qui sont revenus du fond de l’enfer pour se qualifier, avant de donner une leçon aux Italiens champions du monde en demi-finale. Défaire des champions du monde, c’est aussi le sort des basketteurs, inquiétants en phases de poules, visiblement tendus en coulisses, mais qui, portés par les Cordinier, Yabusele et un Fournier « clutch », ont su faire tomber le somptueux Canada en quarts, puis les Allemands (encore !) en demies, champions du monde en titre. Le coach tricolore, Vincent Collet, a su opérer des choix stratégiques forts pour redonner aux Bleus un nouvel élan. Et quel élan !
La maestria de Collet ne peut oblitérer celle aussi d’Olivier Krumbholz, qui va envoyer les handballeuses, comme les volleyeurs et les basketteurs, vers leur deuxième finale olympique d’affilée – il faut se rendre compte de cette exceptionnelle régularité française au très haut niveau (au niveau des géants en réalité). Le messin, alors que ses ouailles étaient menées de quatre buts à un quart d’heure de la fin (un fossé au handball), a pu compter sur l’incroyable Sako, gardienne sur un nuage, et du cran d’Horacek, qui a arraché l’égalisation en fin de match, synonyme de prolongation – que les Françaises ont gérée en mobilisant leurs connaissances de grandes championnes.
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Sans faire offense à ces sublimes équipes, l’apothéose se jouera samedi soir, à Bercy, où les hommes de Vincent Collet devront faire tomber les « Avengers » américains, les super héros que sont les Embiid, Durant, James, et surtout Stephen Curry, bourreau des Serbes en demies. Bien sûr, l’honnêteté oblige à dire qu’il faudra un miracle pour que l’équipe de France fasse enfin tomber la team USA, qui l’a battue lors des trois finales (déjà !) olympiques jouées par la France (1948, 2000 et 2021). Mais, pour paraphraser Krumbholz, qui a un jour glissé ça à ses joueuses en difficultés : « il y a un chemin », peut-être une chance sur cent, pour que les camarades de Wembanyama, portés par un Bercy en fusion, déboulonnent les statues américaines, pour réaliser ce qui serait très objectivement le plus grand exploit du sport hexagonal, et peut-être un des plus beaux de l’histoire du sport tout court, qui vaudra sa pluie de documentaires Canal et de séries Netflix. Il y a un monde, où, samedi soir, dans la torpeur de l’été parisien, Batum éteint Curry, Yabusele dévore Embiid, « Wemby » retrouve tout son génie, Cordinier continue de dérouler à trois points, et où les Américains, étouffés par 15 000 personnes qui demandent du sang impur dans leurs sillons, défaillent, déjouent, et finissent par laisser Fournier retomber dans les bras de Collet, pour que ces Bleus, encore bouffis de médiocrité il y a une semaine, illuminent le pays de leur grandeur. Il y a aussi un monde où la France prend trente points dans la vue avec un match plié à la mi-temps. Ou que, comme les Serbes, la bande à Gobert perd dans les dernières secondes un match maîtrisé de bout en bout. C’est drôle, le destin. Mais ça fait de belles histoires.
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