Forbes s’est entretenu avec Peter Cancro, propriétaire de la chaîne de sandwichs, plus tôt cette année pour discuter de la vente et des raisons qui le poussent à confier son entreprise, qu’il dirige depuis ses 17 ans, à Blackstone.
Au début de l’année, lors de la visite de Forbes à Peter Cancro, propriétaire de Jersey Mike’s, sur le Jersey Shore, ce dernier s’est montré réservé sur une éventuelle vente de sa célèbre chaîne de sandwichs, fondée il y a 68 ans. À l’époque, des rumeurs circulaient déjà sur l’intérêt de Blackstone, le géant du capital-investissement, pour un rachat. Bien que Cancro n’ait pas nié l’existence de discussions, il a précisé qu’aucun accord concret n’avait été envisagé. « J’ai consacré toute ma vie à bâtir ce que nous avons aujourd’hui, et, croyez-le ou non, les choses ne font que commencer à prendre de l’ampleur », a déclaré M. Cancro lorsqu’on l’a interrogé sur une éventuelle vente. « Serai-je encore là dans 40 ans ? Probablement pas. »
En un peu plus de quatre mois, l’affaire a considérablement avancé. Le Wall Street Journal, qui a été le premier à rapporter la nouvelle, a déclaré que l’accord pourrait valoriser Jersey Mike’s à 8 milliards de dollars, dette comprise, une somme assez proche des 9 milliards de dollars que son rival Subway, bien plus grand, a obtenu en avril. Reuters, quant à lui, a indiqué que la vente pourrait être conclue dès cette semaine.
L’offre de 8 milliards de dollars dépasse d’environ 60 % l’estimation de 5 milliards établie par Forbes cet été. Selon John Gordon, analyste spécialisé dans le secteur de la restauration, ce prix élevé s’explique en partie par le « modèle de magasin nettement plus solide » de Jersey Mike’s comparé à celui de Subway. Il souligne également que ce montant reflète les perspectives de croissance internationale de l’entreprise.
Les représentants de Jersey Mike’s et de Blackstone n’ont pas pu être contactés par Forbes pour commenter la situation.
Si la vente aboutit, cela représenterait un tournant majeur pour la chaîne de sandwichs, entièrement détenue par Peter Cancro depuis 1975. Non seulement la valeur nette de Cancro augmenterait, passant de 5,6 milliards de dollars à 6,6 milliards de dollars en liquide, mais l’entreprise passerait également d’une gestion familiale, menée par Cancro et ses proches, à une organisation sous le contrôle d’une firme d’investissement pesant 220 milliards de dollars.
Originaire du Jersey Shore, Peter Cancro a acheté la sandwicherie où il travaillait adolescent grâce à un prêt de 125 000 dollars obtenu de son entraîneur de football. Au fil des années, il a transformé cette petite entreprise en une marque nationale avec plus de 3 000 établissements, comme le relatait Forbes dans un article de couverture du numéro de juillet (aux États-Unis), consacré à Cancro.
L’enseigne doit une partie de son succès à sa capacité à préserver son esprit familial. « Les gens nous perçoivent comme une sandwicherie locale, pas comme une grande chaîne », a confié M. Cancro à Forbes.
Alors que plusieurs experts du secteur anticipent des transformations majeures pour Jersey Mike’s en cas de vente, les responsables internes de la chaîne ont minimisé les craintes d’une perte de son caractère familier. « Tout acheteur serait insensé de modifier la culture de cette entreprise », a affirmé Mike Manzo, directeur de l’exploitation de Jersey Mike’s, lors d’une interview en juin. « Pourquoi toucher à la culture ? Les résultats parlent d’eux-mêmes. »
M. Cancro, bien que répondant différemment, a affiché le même optimisme quant à la préservation de sa marque par Blackstone. « C’est un groupe exceptionnel, composé de personnes formidables », a-t-il déclaré à propos des dirigeants de Blackstone. « Il est essentiel de s’assurer qu’ils partagent notre culture et que, quelle que soit la société qui acquiert l’entreprise, nous avons déjà des personnes extraordinaires en place. »
Il a également évoqué l’exemple de Domino’s Pizza, soulignant que Tom Monaghan avait vendu plus de 90 % de ses parts à Bain Capital en 1998, dans une transaction avoisinant un milliard de dollars, et que la marque avait depuis prospéré. «Les gens vendent leurs entreprises tout le temps, et cela se passe bien », a-t-il confié à Forbes.
Un article de Jemima McEvoy pour Forbes US – traduit par Lisa Deleforterie
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