Présidant aux destinées de la Fédération International de l’Automobile (FIA) depuis 2009, Jean Todt revient par le menu sur la discipline automobile la plus populaire du monde. Sponsoring, accords commerciaux, nouveau promoteur, sécurité… l’ancien maître d’œuvre de la Scuderia Ferrari décline sa vision pour maintenir un spectacle de qualité et séduire la nouvelle génération tout en préservant la sécurité.
La forte visibilité médiatique de la Formule 1 attire de nombreux sponsors tout au long de l’année. Mais comment se mesure-t-elle aux autres sports ?
Le Grand Prix de Monaco est l’un des trois événements sportifs de la planète les plus regardés à la télévision, avec la finale de la Coupe du monde de football et le 100 mètres des Jeux olympiques. Reine du sport automobile, la Formule 1 est une réussite sportive et technologique exceptionnelle, qui dispose d’un impact économique puissant et d’un prestige international jamais démenti depuis la création du championnat du monde en 1950. Une saison rassemble désormais, en neuf mois de compétition annuelle, 21 courses sur 5 continents, accompagnées par 120 partenaires commerciaux, suivies par 500 millions de fans, 12 millions de followers sur les réseaux sociaux et regardées en direct à la télévision par 60 millions de téléspectateurs en moyenne. La Formule 1 est ainsi la discipline reine du sport automobile qui a su s’ouvrir au monde et à la modernité, pour devenir au fil des années un véritable laboratoire de l’innovation et de la sécurité, tirant profit des transformations technologiques et des modifications du règlement sportif. Mais j’aime l’excellence. Nous allons encore la faire progresser.
Les accords Concorde, qui régissent l’ensemble des actions du Championnat de Formule 1, vont arriver à échéance fin 2020. Quelles synergies recherchez-vous avec le nouveau propriétaire des droits de la F1, le groupe américain Liberty Media ?
La FIA et le Formula One Group de Liberty Media sont sur la même longueur d’onde concernant les futures règles de la Formule 1, en 2021. Les rôles sont clairement répartis. La FIA, que je préside depuis huit ans, est le propriétaire, l’arbitre, le régulateur et le développeur du sport automobile mondial, pour tous les championnats que nous labellisons : bien sûr la Formule 1, mais aussi les championnats du monde des rallyes, de rally-cross, d’endurance et de karting, ainsi que le championnat de Formule E. Nous travaillons ensuite à l’évolution des règles en lien avec les équipes engagées et avec les différents promoteurs de chaque championnat, qui gèrent les droits commerciaux des épreuves. Cela ne nous empêche pas de défendre ensemble des évolutions souhaitables. Avec le nouveau promoteur de la Formule 1, Liberty Media, nous travaillons en bonne intelligence pour limiter les coûts, simplifier certaines contraintes techniques, attirer de nouveaux constructeurs et motoristes pour plus de concurrence entre les équipes et relever encore l’intérêt sportif. Nous avons encore fait progresser la sécurité cette année, avec la mise en place du Halo intégré au cockpit des monoplaces pour mieux protéger la tête des pilotes. Et nous avons déjà adopté pour 2019 des changements prometteurs, notamment sur le plan aérodynamique, pour faciliter les dépassements en course.
Avec le Championnat électrique, la Formule E, de nouveaux accords devraient voir le jour, avec de nouveaux équilibres financiers entre promoteurs, sponsors et écuries à mettre en place. Où en est-on ?
La Formule E est encore jeune. Elle a besoin de temps pour mûrir, mais elle connaît déjà un beau succès. Le public est présent ; les grands constructeurs jouent le jeu et des courses sont organisées avec l’accord des grandes villes aux quatre coins de la planète : Hong Kong, New York, Santiago du Chili, Marrakech, Zurich, Berlin, Rome, Paris… Le message en faveur d’une mobilité électrique, et donc respectueuse de l’environnement, passe bien, notamment grâce aux Forums FIA Smart Cities que nous organisons avec les acteurs de la mobilité autour des courses. L’accord de long terme avec le promoteur du championnat, Formula E Holdings Limited, nous donne pour l’instant entière satisfaction. La saison 5, qui débutera à la fin de l’année, marquera une nouvelle étape, avec une nouvelle voiture à l’autonomie de batterie doublée, qui permettra de faire la totalité de la course sans changer de véhicule. Un progrès qui profitera à terme à tous les automobilistes… La Formule E est une belle illustration des ponts que nous construisons, à la FIA, entre le sport automobile et la mobilité du futur.
Un avenir électrique, mais aussi moins dangereux. Où en êtes-vous de l’engagement de la FIA pour la sécurité routière ?
Nous travaillons avec d’autres organisations comme le Comité International Olympique, le réseau de villes C40, l’International Transport Forum, le World Economic Forum ou l’International Road Federation pour promouvoir une mobilité du futur plus sûre, plus propre et plus connectée. Dès le début de mon premier mandat à la tête de la FIA en 2009, comme dans mes fonctions d’envoyé spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour la sécurité routière depuis 2015, j’ai fait du combat pour la sécurité routière une de mes priorités. Des millions de vies sont en jeu : il y a 3 500 morts par jour sur les routes dans le monde.Ce fléau touche particulièrement les jeunes et les pays en voie de développement. En partenariat avec le leader mondial de l’affichage JC Decaux, nous avons lancé l’an dernier #3500Lives, une campagne internationale de prévention déjà diffusée en plusieurs langues et sur tous les continents, dans 900 villes de 80 pays, sur les 145 où la FIA est implantée.
La campagne s’appuie sur 14 règles d’or et bénéficie du soutien de personnalités populaires auprès des jeunes comme Fernando Alonso ou Antoine Griezmann. Avec d’autres, j’ai convaincu le Secrétaire Général de l’ONU, Antonio Guterres, de créer un Fonds Mondial pour la sécurité routière. Lancé le 12 avril dernier, il va mener des actions concrètes, en priorité dans les régions du monde qui en ont le plus besoin : en Afrique, en Asie du Sud-Est, en Amérique Latine. Des pays membres des Nations-Unies, la FIA Foundation et le groupe Total, entre autres, y ont déjà contribué. Ce n’est qu’un début et j’appelle tous les Etats et toutes les grandes entreprises à le faire. A l’arrivée, toutes ces actions peuvent avoir un impact direct, non seulement pour la vie quotidienne des automobilistes, mais aussi pour celle de tout un chacun.
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