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Investiture de Trump : ces mesures économiques qui pourraient fragiliser l’Europe

Lors de son discours d’investiture au Capitole ce lundi, le président républicain a donné quelques indices sur les mesures phares qu’il souhaite déployer en priorité. Un plan qui pourrait avoir des effets économiques non négligeables en Europe. 

« L’âge d’or de l’Amérique commence dès aujourd’hui », scandait Donald Trump en introduction de son discours d’investiture au Capitole ce lundi. Pour « mettre l’Amérique au premier plan », le 47ᵉ président des États-Unis aurait déjà plus de « 200 décrets » sur lesquels il pourrait apposer sa signature dès le premier jour de son retour à la présidence. Histoire de marquer les esprits ainsi qu’une rupture immédiate avec les politiques de l’administration précédente. 

« À partir d’aujourd’hui, notre pays prospérera et sera à nouveau respecté dans le monde entier. Toutes les nations nous envieront et nous ne nous laisserons plus abuser. Nous ne serons plus le dindon de la farce ! », a-t-il déclaré.

Barrières douanières renforcées

Comme lors de son premier mandat, les tarifs douaniers restent le levier principal de la politique commerciale de Donald Trump. Après avoir prêté serment au Capitole lors de son investiture ce lundi, le nouveau président américain a réitéré sa promesse d’instaurer des « droits de douane et des taxes aux pays étrangers », sans donner plus de détails.


« Au lieu de taxer nos citoyens pour enrichir d’autres pays, nous imposerons des droits de douane et des taxes aux pays étrangers pour enrichir nos citoyens », a-t-il défendu.

Une affirmation pour l’instant laissée en suspens : d’après les informations du New York Times et du Wall Street Journal, Donald Trump souhaiterait d’abord une enquête sur les pratiques commerciales et monétaires jugées déloyales de la part du Canada, du Mexique et de la Chine. L’Europe n’est donc pour l’instant pas prioritaire dans l’agenda politique de Trump mais cette dernière reste sur ses gardes : 

« S’il est nécessaire de défendre les intérêts économiques de l’Europe, nous sommes prêts à le faire, comme nous l’avons d’ailleurs fait lors de la première administration Trump (2017-2021), lorsqu’elle a introduit des droits de douane sur l’acier et l’aluminium », déclarait à l’AFP le commissaire européen à l’économie Valdis Dombrovskis, après une réunion des ministres des Finances à Bruxelles ce lundi soir.

Au cours de sa campagne, Trump avait partagé son ambition d’imposer des droits de douane allant de 10 à 20 % sur les importations mondiales et jusqu’à 60 % pour celles en provenance de Chine, montrant sa détermination à protéger l’économie américaine. Si de telles mesures isolationnistes voyaient le jour, certains secteurs de l’industrie en Europe pourraient être mis à mal. Environ 20% des exportations du Vieux continent ciblent les États-Unis, avec en première ligne des secteurs clés comme l’agroalimentaire ou le pharmaceutique. 

Haro sur les véhicules électriques

« Nous révoquerons le mandat sur les véhicules électriques », a aussi promis Donald Trump, souhaitant s’attaquer au crédit d’impôt fédéral destiné à démocratiser l’achat de voitures électriques. Cette mesure mise en place par l’administration Biden prévoyait également 7,5 milliards de dollars pour installer 500 000 bornes de recharge d’ici 2030.

Un choix étonnant compte tenu de sa relation étroite avec Elon Musk, PDG de Tesla et figure de proue de ce secteur, mais dont l’impact reste pour l’instant limité. En effet, Tesla pourrait profiter de cette nouvelle barrière douanière empêchant l’entrée de nouveaux arrivants pour renforcer sa place de leader sur les ventes de voitures électriques aux États-Unis.

Du côté de l’Europe, ces nouvelles taxes douanières représentent une menace directe pour les constructeurs automobiles, déjà fragilisés par des défis structurels liés aux coûts de la transition vers l’électrique et un ralentissement des ventes. En première ligne, c’est le « Made in Germany » qui devrait le plus en pâtir : en 2024, les constructeurs allemands ont exporté 15% de leur production vers les États-Unis, soit 400 000 BMW, Audi, Mercedes ou autres Volkswagen.

« Aux États-Unis, notre filière fait travailler 140 000 personnes et nous produisons également là-bas 900 000 véhicules. De nombreux emplois, aussi bien aux États-Unis qu’ici, dépendent de nos bonnes relations commerciales. Si un pays impose des droits de douane, l’autre réagira également. C’est une spirale protectionniste qui ne fera qu’augmenter le prix des voitures. Et ce n’est pas possible », s’inquiétait auprès de Franceinfo la semaine dernière Hildegard Müller, la présidente de l’association de l’industrie automobile allemande (VDA).

« État d’urgence énergétique »

Climatosceptique et défenseur des énergies fossiles, le 47ᵉ président des États-Unis entend démanteler les politiques écologiques de l’ère Biden (le « Green New Deal ») et relancer l’industrie des énergies fossiles. Parmi ses premières actions, il prévoit d’annuler immédiatement les interdictions de forages d’hydrocarbures en mer autour des côtes américaines et de lever le moratoire sur les nouvelles licences d’exportation de gaz naturel liquéfié. Cette volonté s’inscrit dans sa stratégie globale pour stimuler la production nationale de pétrole et de gaz. Fidèle à sa rhétorique de campagne, il a réitéré lors de son investiture : « Nous allons forer à tout-va ».

« Les États-Unis redeviendront une nation manufacturière, a-t-il insisté. Et nous aurons quelque chose qu’aucune autre nation manufacturière n’aura jamais, à savoir la plus grande quantité de pétrole et de gaz ».

Comme promis à plusieurs reprises, le nouveau président des États-Unis souhaite se retirer à nouveau des Accords de Paris, un traité international adopté en 2015 pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une décision qui marque un retour à l’unilatéralisme américain et un abandon de l’effort collectif aux côtés de ses partenaires européens pour lutter contre le réchauffement climatique. Trump avait déjà pris cette décision lors de son premier mandat, avant que Biden ne réintègre l’accord dès son arrivée à la présidence. Ce dernier envisagerait également de retirer les États-Unis de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 1992, un texte fondateur des négociations climatiques internationales.

Le nouveau président américain prévoit donc de décréter un « état d’urgence énergétique nationale » pour parvenir à doubler le stock d’énergie du pays et ainsi permettre « aux entrepreneurs et aux personnes disposant de beaucoup d’argent de construire de grandes usines, des usines d’intelligence artificielle (IA) ». Une bonne nouvelle pour les industries européennes les plus consommatrices en énergie et qui paient par exemple leur gaz deux à trois fois plus cher que leurs concurrentes outre-Atlantique. Mais l’exportation de ce gaz américain pour soulager l’industrie européenne pourrait bien être freinée par les tensions commerciales en cours entre Bruxelles et Washington.

Réduire les règlementations fédérales

Donald Trump prévoit d’éliminer de nombreuses réglementations fédérales qu’il estime entraver la croissance économique : « Dès le premier jour, je signerai un décret ordonnant à chaque agence fédérale de supprimer immédiatement toutes les réglementations contraignantes qui augmentent le coût des biens », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement en octobre 2024.

Son approche repose sur une stratégie radicale : pour chaque nouvelle réglementation introduite, dix anciennes seraient supprimées. L’objectif est d’alléger les contraintes pesant sur les entreprises et les particuliers, et de stimuler ainsi la croissance économique. Pour mettre en œuvre ce plan, Trump a confié à Elon Musk et Vivek Ramaswamy, ancien candidat à l’investiture républicaine, la direction d’un « Département de l’Efficacité Gouvernementale » (DOGE), chargé de réduire le poids des règles et la taille du gouvernement fédéral.

Si certaines des promesses du nouveau président américain peuvent être réalisées par décret dès le premier jour de son mandat, d’autres pourraient nécessiter des mois, voire des années, de négociations avec le Congrès. De quoi laisser à l’Europe un délai pour s’adapter en conséquence.


Lire aussi : « Elon Musk, Jeff Bezos… Qui sont les milliardaires qui assisteront à l’investiture de Donald Trump ? »

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