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Interview Polarsteps : la success story du voyage qui cartonne en France et vise les 100 millions d’utilisateurs

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Interview de Polarsteps : la success story du voyage qui cartonne en France et vise les 100 millions d’utilisateurs

Polarsteps connaît une ascension fulgurante : l’application d’origine néerlandaise, qui permet de planifier, suivre et immortaliser ses aventures, vient de franchir la barre des 14 millions d’utilisateurs dans le monde. La France, en particulier, affiche une croissance impressionnante et représente le quart de ces utilisateurs. À la tête de cette expansion, Clare Jones, CEO de Polarsteps depuis 2024, nous partage sa vision et ses ambitions pour l’avenir.

 

Forbes France : Polarsteps a récemment dépassé les 14 millions d’utilisateurs. Quelle est la place de la France dans cette croissance ?

Clare Jones : La France est aujourd’hui notre deuxième marché après les Pays-Bas, où l’application a été créée. Elle représente environ 24 % de notre base d’utilisateurs. Après les Néerlandais, les Français ont été les plus nombreux à adopter Polarsteps, et la progression y est spectaculaire depuis 2024. D’autres marchés comme l’Allemagne, la Belgique, la Suisse, le Royaume-Uni et les États-Unis connaissent aussi une belle croissance.


Nous avons analysé les raisons de cette explosion en France. Il y a, bien sûr, un effet de bouche-à-oreille : les utilisateurs néerlandais ont parlé de l’application à leurs amis français. Mais nous avons aussi fait des efforts ciblés sur ce marché, avec une légère présence marketing qui a trouvé un écho immédiat. Ce qui nous frappe, c’est l’enthousiasme des voyageurs français pour un outil à la fois intuitif et authentique.

 

Vous avez rejoint Polarsteps en tant que CEO en 2024. Quel a été votre parcours avant cela ?

C. J. : J’ai passé la majeure partie de ma carrière dans des startups technologiques et des scale-up. Avant Polarsteps, j’ai travaillé pendant huit ans et demi chez what3words, une entreprise de géocodage innovante où j’étais Chief Commercial Officer. J’ai participé à son expansion mondiale, dirigé des levées de fonds et noué des partenariats stratégiques.

J’ai aussi toujours été très impliquée dans des entreprises à impact social et environnemental, que ce soit en tant qu’investisseur providentiel ou à travers des ONG aidant des femmes vulnérables et des réfugiés à Londres.

Quand Polarsteps a commencé à s’étendre à l’international, les fondateurs m’ont approchée. Maximiliano Neustadt, qui était CEO, est repassé CTO, et j’ai pris la direction de l’entreprise. C’était une transition positive, non motivée par une crise, mais par l’envie d’accélérer la croissance tout en restant fidèles aux valeurs de Polarsteps.

 

Quel est le modèle économique de Polarsteps ?

C. J. : Nous avons fait un choix fort : pas de publicité et aucune vente de données. Nous permettons aux voyageurs de planifier leurs itinéraires avec des guides thématiques, et à la fin du voyage, ils peuvent commander un livre-photo retraçant leur périple en un clic.

Nous allons bientôt proposer de nouvelles fonctionnalités premium sous paywall, mais nous tenons à conserver les fonctionnalités de base accessibles à tous. L’objectif est d’offrir une expérience fluide et immersive sans transformer l’application en une plateforme trop commerciale.

Nous réfléchissons aussi à des partenariats avec des sites de réservation d’hôtels. Aujourd’hui, la plupart des applications de voyage incitent les utilisateurs à planifier leurs séjours ailleurs, mais elles ne les aident pas à revenir sur leurs expériences. Nous voulons combler ce vide.

 

Le tourisme est souvent critiqué pour son impact environnemental. Comment Polarsteps encourage-t-il un voyage plus responsable ?

C. J. : C’est une question essentielle. Nous avons remarqué que de plus en plus d’utilisateurs cherchent des alternatives aux trajets en avion. Nous avons récemment lancé une fonctionnalité basée sur l’intelligence artificielle qui analyse vos voyages passés et vous propose des destinations et des modes de transport correspondant à vos valeurs éthiques.

Mais l’IA ne peut pas tout. Il est crucial d’avoir une approche humaine : certaines destinations veulent moins de tourisme, et il faut respecter cela. Notre mission est d’aider les voyageurs à explorer le monde de manière plus consciente, en trouvant un équilibre entre l’expérience personnelle et l’impact local.

 

Faut-il forcément partir à l’autre bout du monde pour vivre une aventure unique ?

C. J. : Absolument pas. J’ai eu la chance de voyager dans des endroits incroyables, comme la Mongolie, qui reste l’une de mes expériences les plus marquantes. Mais nous avons tendance à sous-estimer les merveilles à portée de main.

Nous travaillons sur une approche qui s’inspire des “Spotify Wrapped” : nous voulons aider les utilisateurs à redécouvrir leur propre pays en leur montrant des endroits inexplorés proches de chez eux. L’aventure n’est pas forcément synonyme de long-courrier.

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Clare Jones, CEO de Polarsteps depuis 2024

 

L’IA est au cœur des innovations actuelles. Comment Polarsteps l’intègre-t-il ?

C. J. : L’IA est un outil puissant, mais elle doit être utilisée intelligemment. Nous l’intégrons pour personnaliser l’expérience utilisateur, par exemple en suggérant des destinations ou en facilitant la création de récits de voyage.

Mais notre approche reste très humaine. Nous ne voulons pas d’une IA qui “remplace” l’exploration, mais plutôt d’un outil qui aide les voyageurs à mieux comprendre et organiser leurs expériences.

 

L’Europe peut-elle rivaliser avec les États-Unis dans la course à l’innovation ?

C. J. : Je suis une grande optimiste sur l’innovation européenne. Nous avons des ingénieurs talentueux, motivés et bien pris en charge, ce qui nous permet de bâtir des entreprises incroyables.

Cependant, nous devons progresser sur deux points : l’investissement et la simplification des normes. Il faut que les investisseurs croient davantage en l’Europe et prennent plus de risques. Je suis convaincue que cela finira par payer.

Polarsteps a levé des fonds en série A en 2019 et nous réfléchissons à une série B. Mais nous pouvons aussi nous en passer, car nous avons la chance d’avoir une entreprise rentable. Avoir cette flexibilité est un atout.

 

Quels sont vos objectifs pour les prochaines années ?

C. J. : Nous visons les 100 millions d’utilisateurs, et c’est tout à fait réalisable. Polarsteps est déjà une application rentable, ce qui nous permet de penser à long terme. Nous voulons devenir un acteur incontournable du voyage, non seulement pour planifier et suivre ses aventures, mais aussi pour redécouvrir le monde d’une manière plus responsable et personnalisée.

L’avenir du voyage numérique ne se résume pas à une simple fonctionnalité GPS ou à des recommandations standardisées. Il s’agit d’offrir une expérience complète et mémorable, où chaque voyageur peut explorer à son rythme, en restant connecté à ses valeurs.

 


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