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Instagram : Pourquoi Les Cofondateurs Ont Claqué La Porte De Facebook

Getty Images

« Arme de publication massive » des influenceurs de toute obédience, Instagram est désormais orphelin de ses deux cofondateurs qui ont quitté le navire ce mardi. En cause : les relations orageuses entre le « feu duo de tête » du réseau de partage de photos et sa « maison mère », Facebook.

De la friture sur la ligne entre Facebook et Instagram. Une relation « orageuse » qui témoigne des difficultés du mastodonte dirigé par Mark Zuckerberg à réussir l’intégration dans son giron de « jeunes pousses prometteuses » – même si concernant Instagram et WhatsApp, ce terme est largement galvaudé.  Car avant les départs survenus ce mardi du directeur général et du directeur technique du service de partage de photos, l’autre pépite de la galaxie Facebook, en l’occurrence la messagerie WhatsApp, avait également « perdu » sa tête, Jan Koum, lassé par ses conflits permanents avec Facebook en matière de politique de données.  « Cela fait presque dix ans que Brian (l’autre cofondateur, ndlr) et moi avons démarré WhatsApp, et ce fut un voyage incroyable avec des gens super. Mais il est temps pour moi de passer à autre chose ». Une sortie « soft » ne mettant guère en exergue les relations exécrables qu’entretenaient les deux parties.  Considéré comme l’un des plus ardents défenseurs de la protection des données personnelles, le Washington Post avait rapporté que Jan était en désaccord profond avec la stratégie appliquée à WhatsApp, et s’opposait aux tentatives de Facebook d’utiliser les informations privées enregistrées par la messagerie.

Un départ qui avait engendré un « remaniement » d’envergure au sein de la direction de Facebook, avec notamment la montée en puissance de Chris Cox, proche de Mark Zuckerberg. Ce dernier se retrouvait ainsi « bombardé » superviseur de WhatsApp et Instagram. De facto, les deux applications perdaient l’indépendance qui leur avait été donnée au moment de leur rachat, comme rappelé par Reuters. En ce qui concerne la tonalité du message partagé par les deux « capitaines » du vaisseau Instagram, celle-ci est peu ou prou similaire à la « déclaration officielle » de Jan Koum. Dans un billet posté sur son blog, Kevin Systrom, ex-directeur général d’Instagram, déclare que lui et Mike Krieger (directeur technique) ont l’intention de prendre un peu de recul pour explorer « à nouveau leur curiosité et leur inventivité ». Fin de citation.  Deux départs auxquels a évidemment réagi, avec diplomatie et bienveillance, Mark Zuckerberg. « J’ai beaucoup appris en travaillant à leurs côtés au cours des six dernières années (…). Je leur souhaite bonne chance et je me réjouis déjà de suivre l’évolution de leur prochaine œuvre ».

Fuite des cerveaux

Pour rappel, Facebook avait fait main basse sur Instagram en 2012, déboursant pour l’attirer dans ses filets la bagatelle d’un milliard d’euros, soit l’équivalent de 851 millions de dollars. Depuis, l’application a décollé en flèche. Elle compte à l’heure actuelle plus d’un milliard d’utilisateurs mensuels actifs et devrait engendrer, selon les données du cabinet Emarketer relayée par Reuters, plus de 8 milliards de dollars de revenus.  Le rachat de WhatsApp est intervenu deux années plus tard, en 2014, pour une somme bien plus élevée, à savoir 22 milliards de dollars. Un pari d’autant plus « audacieux » que l’application n’engrangeait, à l’époque, que très peu de revenus.

Si beaucoup d’observateurs, durant cette période, s’étaient étonnés d’un tel tarif, plusieurs analystes avaient fait montre de davantage de pédagogie sur ce montant prohibitif de prime abord. « Il faut relativiser le prix car il n’y a que 4 milliards en cash. Et dans la high-tech, les acquisitions à 2-3-4 milliards c’est le prix », avait expliqué Christopher Dembik, analyste chez Saxo Bank, au moment du rachat, dans les colonnes de L’Expansion.  En attendant, ces deux nouvelles défections sont un « caillou » de plus dans la chaussure de Mark Zuckerberg qui peine toujours à se relever du scandale Cambridge Analytica, du nom de ce cabinet d’analyses qui a utilisé les données de 87 milliards d’utilisateurs à des fins politiques, notamment lors de l’élection présidentielle américaine ou encore au profit du groupe « Leave EU », favorable au Brexit.  Divers éléments qui ont donc poussé vers la sortie les deux cofondateurs d’Instagram.  En attendant la prochaine tempête, Mark Zuckerberg tient bon la barre. Du moins en apparence.

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