Comment innover en France ? Longtemps considérée comme l’un des pays les plus innovants, grâce à la qualité de sa recherche et de ses grandes industries, la France peine dorénavant à se distinguer dans la course internationale. Les sujets innovants sont pourtant là, portés par des milliers de docteurs talentueux qui ont développé une expertise tout au long de leurs travaux de thèse à l’université. C’est avec cette approche que j’ai lancé la plateforme OkayDoc.fr.
Recrutement de chercheurs : la course internationale aux talents
La France dispose de nombreux atouts à même d’encourager l’innovation. Néanmoins, force est de constater que dans un contexte de compétition internationale accrue, elle perd de la vitesse face à des pays comme les États-Unis, l’Allemagne, le Japon ou encore la Chine (où les dépenses en recherche et développement représentent respectivement 2,84%, 3,09%, 3,26%, 2,19% du PIB contre 2,2% pour la France). Selon le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq), le taux de chômage des docteurs avoisine aujourd’hui 10 %. C’est trois fois plus qu’en Allemagne, qu’au Royaume-Uni ou aux États-Unis, qui forment pourtant davantage de docteurs que la France.
Le paradoxe de la recherche privée en France
Nous n’avons jamais été dans une situation aussi paradoxale : les entreprises et les organisations françaises ont plus que jamais besoin d’innover et malgré tout, le doctorat est boudé par de nombreuses entreprises. La préférence donnée aux ingénieurs pour les postes de recherche pèse sur l’insertion professionnelle des docteurs. En effet, 55% des chercheurs en entreprise sont issus d’une école d’ingénieurs et seulement 12% sont titulaires d’un doctorat. Dès lors il ne faut pas s’étonner si le nombre de docteurs formés en France ne cesse de diminuer face au peu d’attrait que revêt le doctorat en France et aux débouchés incertains.
Les qualités des chercheurs pour les entreprises
On le sait aujourd’hui, le recrutement par les entreprises de profils tournés vers la recherche et l’innovation est pourtant une condition essentiel pour le développement et la qualité de la R&D française, afin de la rendre plus compétitive sur les plans européen et international. Non seulement le doctorat octroie des compétences scientifiques spécifiques à un domaine de recherche, mais il récompense aussi des compétences en communication, des compétences relationnelles, des compétences de management, de direction d’équipe, de gestion de projet, d’adaptation et d’innovation. Comme le soulignait une récente tribune : « le doctorat nécessite l’acquisition de techniques de traitement des données tant quantitatives que qualitatives que souvent les « consultants » des cabinets de conseil ne maîtrisent pas aussi bien ». Ces qualités rares font que la formation acquise par un jeune docteur se révèle être en parfaite adéquation avec les besoins des entreprises (mais aussi des institutions étatiques).
Un enjeu pour les entreprises comme pour les Universités
Si la France reste un acteur important de l’enseignement supérieur en Europe et dans le monde avec 5 universités dans le Top 50, elle décline d’années en années. Comme le remarque Dr Nadim Mahassen, président du Center for World University Rankings : « La recherche étant un facteur clé pour évaluer les performances des institutions nationales par rapport à leurs homologues du monde entier, les universités françaises auront de plus en plus de mal à l’avenir à rivaliser avec les universités d’élite très axées sur la recherche ».
Innover en France : des intérêts et des besoins croisés
À l’heure où le numérique décloisonne les sphères personnelles et professionnelles et atomise les frontières entre l’entreprise et la recherche, les entreprises, les collectivités et les universités ont tout intérêt à tisser de nouveaux liens à l’instar des thèses en CIFRE. Il est également possible de valoriser à travers des missions courtes l’expertise des chercheurs comme le fait Okay Doc (Analyse de données, Etablir des états de l’art, Lever des verrous techniques et scientifiques, Veille stratégique, etc) plutôt que de confier ces missions à des consultants, pas toujours aussi initiés aux sujets. L’atout ces collaborations est de pouvoir bénéficier de tout ce qu’offre un laboratoire au sein d’une université, d’une expertise déjà acquise ou en cours d’acquisition par un doctorant, et de pouvoir répondre aux problématiques de la société.
En définitive, pour continuer à innover en France, il faut non seulement former des chercheurs, mais il faut aussi pouvoir leur offrir des débouchés dans les entreprises.
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