Le président américain, qui souffle le chaud et le froid depuis son retour au pouvoir pourrait tout aussi bien limiter l’inflation en France que l’attiser selon le cabinet Asterès.
Une charge de travail supplémentaire pour les instituts économiques. Dans sa dernière note, le cabinet Asterès estime que la « politique imprévisible de Donald Trump » rend plus délicates les prévisions d’inflation. En effet, les décisions prises par le président américain peuvent avoir « tout aussi bien limiter l’inflation en France que l’attiser ».
Le cabinet souligne que plusieurs « aspects de la politique de Donald Trump » peuvent contribuer à faire chuter les prix dans l’Hexagone. Parmi eux, la promesse de campagne du républicain d’augmenter la production d’hydrocarbures. Si cette décision apparaît catastrophique sur le plan environnemental, elle aurait pour conséquence de faire baisser les prix de l’énergie dans le monde entier. En France, la hausse des prix à la consommation s’est maintenue à 0,8 % en mars en raison d’une légère décrue dans l’énergie, due à la baisse récente du pétrole.
D’autant que l’éventuelle normalisation des relations économiques avec la Russie « pourrait conduire à une hausse des ventes d’hydrocarbures et donc à une baisse des cours mondiaux » relève Asterès. En 2022, les pays occidentaux avaient mis en place des sanctions envers Moscou après l’invasion de l’Ukraine. En réponse, Poutine avait décidé de fermer le robinet du gaz, provoquant une grave crise énergétique mondiale. Les prix de l’énergie s’étaient alors envolés dans les pays européens. La France avait réussi à limiter la casse grâce au bouclier énergétique. Un retour de la Russie sur les marchés occidentaux de l’énergie provoquerait le mécanisme inverse.
Rebond de l’euro
Autre scénario qui pourrait profiter à la France, un ralentissement de l’activité aux États-Unis. Alors que l’Amérique de Joe Biden a connu plusieurs années de croissance, soutenue par les plans d’investissements massifs du démocrate, les coupes dans les dépenses imposées par l’administration Trump et la mise en place de droits de douane tous azimuts devraient marquer la fin de la période de surperformance économique de l’oncle Sam depuis la crise sanitaire. De nombreux économistes estiment que les prévisions de croissance pour 2025 – attendues autour de 2% -pourraient être revues à la baisse. Un cas de figure déflationniste, « notamment par le biais d’une baisse du prix des matières premières », soulève Asterès.
Sans oublier le rebond de l’euro face au dollar. Alors que la monnaie unique était tombée à son plus bas niveau face au billet vert depuis novembre 2022 en début d’année, les 100 premiers jours de Donald Trump et l’envolée des dépenses de réarmement en Europe ont changé la donne. Un redressement de la devise européenne pourrait être amené à se pérenniser.
« La politique brouillonne et brutale de Donald Trump pourrait faire chuter le dollar (donc apprécier l’euro et limiter l’inflation importée en France), si ses attaques contre les institutions (indépendance de la Fed, qualité des statistiques publiques, État de droit) faisaient fuir les investisseurs », expose le cabinet.
Bataille de droits de douane
Le cabinet rappelle toutefois que les décisions prises par le président américain sont à double tranchant. Elles peuvent « tout aussi bien être inflationnistes ». « Les droits de douane américains conduisent, toute chose égale par ailleurs, à faire monter le dollar (donc baisser l’euro), ce qui accroît l’inflation importée en France », appuie le cabinet. Et revers de la médaille, l’Europe également peut répondre en instaurant des droits de douanes à l’encontre des États-Unis, conduisant à renchérir là aussi l’inflation. Mercredi 27 mars, le ministre français de l’Économie, Eric Lombard, a appelé à une réponse européenne ferme après que Donald Trump a décidé d’augmenter les droits de douanes de 25% sur les voitures fabriquées hors des États-Unis.
Enfin, la volonté affichée de Trump de forer toujours plus pourrait s’avérer vaine pour faire baisser le prix du pétrole en cas de conflit géopolitique plus important. « Sa politique internationale pourrait conduire à un choc pétrolier, par exemple en cas d’escalade militaire avec l’Iran », signale Asterès. Les vieux démons des années soixante-dix pourraient alors resurgir plus rapidement que prévu.
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