Selon des études récentes, les questions environnementales, sociétales et de gouvernance figurent en tête des priorités des entreprises, tous secteurs d’activité confondus.
En juin 2022, l’indice S&P 500 ESG, – qui indexe les entreprises actives selon leurs avancées dans l’application des contraintes environnementales, sociétales et de gouvernance (ESG)- a apporté des modifications très médiatisées dans sa liste. De nouvelles entreprises ont fait leur entrée comme Twitter, Modern et Expedia alors que des poids lourds comme Tesla, Home Depot, Chevron et Under Armour ont été sorties de ce classement. Et cela n’aurait d’ailleurs pas plu à Elon Musk
Au-delà de l’arrêt des efforts d’Elon Musk en matière d’ESG, l’attention portée à l’évolution de cette liste fait écho à l’intérêt croissant des marchés financiers et des consommateurs vis à vis des actions des entreprises concernant l’ESG. L’engouement sur ce sujet est réel. Il faut pourtant s’interroger sur les défis auxquels doivent faire face les managers pour arriver à intégrer l’ESG dans leur stratégie !
Pour répondre à cette interrogation, ServiceNow et ThoughtLab ont consulté 1 000 dirigeants dans le monde entier répartis dans cinq secteurs d’activité: industrie, télécom, santé, services financiers ainsi que le secteur public. Il y a une déjà une bonne nouvelle : chaque secteur progresse vers la réalisation de ses objectifs ESG. Cependant, il y a de grosses différences dans les méthodes et sur ce dont ils ont besoin – et qu’il leur manque- pour réussir à les réaliser.
La pression
Quel que soit le secteur, toutes les entreprises ont conscience d’être confrontées à une pression énorme. Elles ont conscience qu’elles doivent faire des progrès en matière d’ESG, progrès qu’elles doivent aussi être capables de mesurer. Les dirigeants qui ont répondu à l’étude ont signalé qu’ils subissaient une pression « moyenne à élevée » pour mettre en place et faire respecter les critères ESG dans leur organisation.
Jusqu’à maintenant, beaucoup d’analystes voyaient l’ESG comme un problème d’opinion publique. Cela n’est absolument pas le cas et la plupart des répondants a même indiqué le contraire. Selon eux, ce sont leurs employés et leurs actionnaires, et non le grand public, qui font vraiment pression sur eux pour qu’ils accélèrent l’intégration des critères ESG.
On constate également que la plupart des entreprises fait face à cette pression en se concentrant sur la partie « E » de ESG : la durabilité environnementale. Ce sont la réduction des émissions de carbone et le renouvellement des sources d’énergie qui sont au cœur des préoccupations de nombreux dirigeants. Ces deux points sont particulièrement cités par les dirigeants dont les entreprises en sont encore aux premières étapes de l’élaboration de leur stratégie ESG. Les dirigeants qui commencent tout juste à penser à l’ESG placent les sources d’énergie verte comme point de départ à leur réflexion.
[Pour aller plus loin, l’étude complète est ICI]
La durabilité apparaît souvent comme un des objectifs clé mais la pression pour résoudre les problèmes sociétaux augmente également. Cela n’est pas étonnant dans le contexte de la « Grande Démission ». En effet, plus de la moitié des répondant s’essaie à construire des équipes plus heureuses et des conditions de travail plus équitables. Cela peut signifier financer des études complémentaires à leurs employés, leur offrir des possibilités de perfectionnement et de formation ou bien être plus attentifs à leurs conditions de travail.
Les managers sont plein de ressources
Pour classer les entreprises de ces dirigeants sur leur maturité en terme d’ESG, de nombreux critères ont été définis : Ont elles développé une vision, une stratégie et un budget ESG ; ont-elles communiqué cette stratégie aux parties prenantes, y compris à leurs salariés et à leurs investisseurs ; Est-ce qu’elles ont développé des métriques pour suivre leurs progrès et utilisé les technologies numériques pour soutenir leurs efforts ESG ?
Etonnement, c’est le secteur de l’industrie manufacturière qui est devant les autres secteurs. La première raison de cette bonne place est que c’est l’industrie qui a été la première critiquée pour son impact négatif sur le climat (avec raison ; une grande partie du risque mondial pour l’environnement est issue des usines et des chaînes d’approvisionnement). Un autre facteur est que les entreprises manufacturières ont tendance à être de grosses structures, elles disposent donc des ressources nécessaires pour réaliser des progrès rapides et substantiels vers des objectifs ESG.
Au cours des 20 dernières années, les industries mondiales sont devenues de plus en plus rigoureuses dans leurs processus et méthodes de collecte de données.
Les données sont primordiales pour déterminer un calendrier afin d’atteindre l’objectif « zéro émission nette de carbone » ou pour accroître la diversité et l’inclusion sur le lieu de travail. Plus une entreprise peut mesurer ses progrès, mieux elle peut les analyser et les comprendre pour adapter ses décisions et sa stratégie par la suite.
Les plus faibles scores de maturité proviennent du secteur des télécoms et, en particulier, du secteur public. Dans la situation inconfortable du « faites ce que je dis, pas ce que je fais », les agences gouvernementales et autres branches de secteurs publics sont nombreuses. Ces entités sont souvent lentes et dans certains cas, entravées par une collecte de données inefficace, des normes et des contraintes de gestion et de reporting mal définies. De tous les secteurs étudiés, c’est le secteur public qui subit le plus de pression de la part des différentes communautés pour progresser en matière d’ESG.
Les managers sont optimistes
Un autre point commun qui peut surprendre chez les cadres ? Leur optimisme.
Dans leur ensemble, les cadres supérieurs sont convaincus que leurs sociétés disposent des outils et des moyens nécessaires pour faire des progrès concrets en matière d’ESG. La plupart des entreprises investit dans des technologies de pointe comme des Objets Connectés (IoT) et l’Intelligence Artificielle. Ces nouveaux outils leur permettent de collecter des données, de suivre les progrès et l’automatisation des processus de base. Avec ces nouveaux investissements, de nombreux managers présents sur les segments de marchés verticaux ont également déclaré qu’ils investissaient pour garantir la confidentialité des données.
Les cadres supérieurs sont également conscients qu’ils ont besoin d’une main-d’œuvre qualifiée pour intégrer ces nouveaux outils et mettre en place ces technologies. On constate ici une boucle de rétroaction : les chefs d’entreprise ont besoin de personnels qualifiés s’ils veulent atteindre leurs objectifs ESG mais ils pensent également qu’il est crucial d’atteindre d’abord ces objectifs pour attirer les meilleurs talents.
Ils ont d’ailleurs raison. Les employés sont nombreux à déclarer qu’ils préfèrent travailler pour des entreprises qui agissent et font la différence sur l’ESG. Comptes tenus du temps et de l’énergie que les entreprises consacrent à l’ESG, cet optimisme semble légitime.