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IA et Ressources humaines : de l’importance de lui définir un périmètre

RH

GPT4, Bard.. les performances de ces nouvelles intelligences artificielles sont impressionnantes mais le sont-elles réellement lorsqu’elles s’approprient un secteur complexe comme celui des ressources humaines ? L’art du management répond à des compétences spécifiques qui posent la question du rôle que doit occuper l’intelligence artificielle pour être davantage légitimée.

 

L’IA, une solution encore sous exploitée dans les RH

Excitante, fascinante voire intimidante, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire l’intelligence artificielle et son large potentiel. Passé le temps de la découverte et d’un certain émerveillement, la question de son efficacité dans un cadre professionnel se pose. En l’occurrence, le domaine des ressources humaines cherche à amplifier son usage alors qu’il se digitalise massivement depuis quelques années. Pour autant, la réalité dépeint une situation tout autre où l’intelligence artificielle peine à trouver sa place dans les process RH ou plutôt son influence est limitée à certaines missions très spécifiques et ne s’inscrit pas véritablement dans une stratégie globale. D’un point de vue éthique, elle rencontre également des réticences chez les DRH qui, pour près de 43% d’entre eux, redoutent une déshumanisation de leur métier selon une étude du cabinet Axys Consultants en septembre 2021. Et la tribune[1] publiée récemment par Elon Musk et une centaine d’experts du monde entier n’est probablement pas pour les rassurer…

Une expertise RH ne s’invente pas, elle s’acquiert par l’expérience et par la lecture de son environnement et des individus qui le composent. C’est cette adaptabilité et cette analyse contextuelle, entre autres, qui manquent aujourd’hui aux solutions RH incluant de l’IA pour être vraiment pertinentes. A défaut de fournir cette analyse, l’IA démontre surtout son efficacité en matière d’automatisation de tâches chronophages. Une qualité importante mais qui ne fait pas changer l’IA de dimension, laquelle cerne davantage les problèmes qu’elle ne parvient à les résoudre.

 

Légitimer l’IA, un enjeu à long terme

L’objectif n’est pas de brosser un portrait négatif de l’Intelligence artificielle mais de reconnaître la place qui est actuellement la sienne dans le secteur des RH. Pour autant, comment aller vers une implémentation plus franche de l’IA alors que les entreprises connaissent aujourd’hui une phase de récession ? La consigne est claire, il faut faire plus avec moins. Le coût d’une solution incluant de l’IA peut être très élevé et si les entreprises ne sont pas certaines d’avoir un ROI rapide, elles ne s’y risqueront pas, du moins pour le moment. Et au cœur d’un marché où nombre de solutions prétendent utiliser de l’intelligence artificielle, il est très compliqué de mesurer l’efficacité de chacune.

Il est clair que la mise en place d’un proof of concept ou d’une preuve de concept est un réel signe de transparence si ce n’est un gage de fiabilité pour adopter une solution. Il s’agit là d’une première étape essentielle pour aller dans la bonne direction mais elle n’a de sens que si la solution en question est réellement dédiée au secteur RH et qu’elle est alimentée intelligemment. C’est aller au-delà d’un simple process d’automatisation afin de prendre appui sur des données de qualité et générer des suggestions pertinentes. Surtout, les équipes RH prendront davantage de bonnes décisions si elles sont guidées par des résultats suffisamment explicités par l’IA. Une nécessité pour éviter de tomber dans une forme de gouvernance algorithmique où l’humain n’a finalement que très peu de place.

 

Lutter contre l’IA gadget

A contrario, il est tentant de se ruer sur ces solutions en apparence diablement efficaces que sont les services proposés par les services d’AI generative dont on parle tant : Est-ce pertinent ? Est-ce dangereux ? Est-ce responsable ? Autant de questions qu’il convient de se poser pour éviter le piège du gadget sur-médiatisé, mais inutile. Il est intéressant de voir que ces nouveaux services répondent d’ailleurs pour beaucoup à des cas d’usages déjà solutionnés par les services d’IA (NLP, ML) existants, lesquels sont majoritairement moins énergivores.

Dans le même temps, tout le monde peut affirmer faire de l’intelligence artificielle sans que cela ne soit vérifié par des organismes ou des critères dédiés. De façon générale, l’IA reste peu ou pas encadrée à l’échelle nationale et européenne. On pointe souvent du doigt les usages mais qu’en est-il des outils et la façon dont ils sont conçus ? Il est essentiel pour les entreprises de savoir distinguer ce qui est de la véritable IA de ce qui n’en est pas. Une certification suivant quelques critères clés comme la traçabilité, l’efficacité ou encore la pertinence pourrait d’ores et déjà encourager un peu plus l’adoption de ces solutions. En l’état, les discussions européennes portent surtout sur le « AI Act » qui traitent en priorité des usages à risques. Un projet prometteur bien que toujours en gestation.

 

[1]https://www.la-croix.com/Elon-Musk-centaines-experts-reclament-pause-IA-2023-03-29-1301261173

Tribune rédigée par Loïc Michel, Co-fondateur 365Talents

 

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