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IA et productivité au travail : les cadres supérieurs sont encore dubitatifs

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L'IA dans le monde du travail. | Source : Pixabay

L’intelligence artificielle (IA) générative a été adoptée en masse. Cependant, de nouvelles enquêtes publiées lors du Forum économique mondial de Davos, en Suisse, montrent que de nombreux cadres supérieurs estiment que l’IA a encore beaucoup à prouver en matière de productivité.

Article de Emmy Lucas pour Forbes US – traduit par Flora Lucas

 

Cette année, l’IA était au cœur de l’ensemble des panels, des tables rondes et des débats du Forum économique mondial de Davos, en Suisse. « C’est le sujet qui est sur toutes les lèvres », déclare John Romeo, PDG d’Oliver Wyman Forum, la branche recherche du cabinet de conseil, lors d’une interview. « C’est certainement le sujet qui a le plus attiré l’attention cette année. »

Cependant, malgré tous ces débats et l’adoption généralisée de l’IA, des enquêtes récentes menées par les cabinets de conseil Oliver Wyman, Boston Consulting Group et Accenture montrent que les cadres supérieurs estiment que l’IA n’a pas encore dépassé le stade du battage médiatique et qu’elle n’a pas encore permis d’atteindre des niveaux de productivité plus élevés. « La vitesse d’utilisation de la technologie est sans précédent : nous avons atteint une adoption massive en moins d’un an », déclare Ana Kreacic, directrice de l’exploitation d’Oliver Wyman Forum. Pourtant, « la plupart [des dirigeants] se rendent compte que cela ne se fera pas du jour au lendemain. Nous devons abandonner les gains de productivité individuels pour nous concentrer sur les gains de productivité d’équipe et d’organisation. »

Parmi les employés de bureau, 30 % affirment que l’IA générative n’a pas modifié leur productivité, et 6 % qu’elle l’a même détériorée, d’après une enquête mondiale menée auprès de 25 000 professionnels et publiée cette semaine par Oliver Wyman Forum. Selon les employés interrogés, la détérioration de leur productivité s’explique par le fait qu’ils ne maîtrisent pas l’IA, que les directives de leur employeur allongent le temps nécessaire à l’utilisation de l’IA pour les tâches ou que l’IA ne produit pas de résultats satisfaisants, ce qui ajoute du travail à réviser et à éditer. Au total, 57 % des employés interrogés ont déclaré que leur employeur ne leur avait pas donné une formation adéquate en matière d’IA. Le cabinet Oliver Wyman prévoit que les gains de productivité de l’IA générative n’interviendront pas avant six à dix ans, selon le rapport.

Lors d’une table ronde à Davos mercredi 17 janvier, le PDG de Deloitte, Joe Ucuzoglu, a déclaré qu’« il y a beaucoup de travail à faire en ce moment. Il y a trop de produits tendance et de mots à la mode. » Il a ajouté que « certains s’inquiètent du fait que la technologie progresse si rapidement par rapport aux capacités humaines qu’elle ne reproduira pas les vagues d’innovation passées ».

 

Les cadres supérieurs font preuve d’incertitude face aux progrès de leur entreprise en matière d’IA

Dans une enquête distincte menée par Boston Consulting Group auprès de 1 400 cadres supérieurs et publiée à Davos, 66 % des personnes interrogées font preuve d’incertitude ou d’insatisfaction face aux progrès réalisés jusqu’à présent par leur entreprise en matière d’IA. Les cadres supérieurs ont déclaré qu’il y avait un manque de talents maîtrisant l’IA ainsi que des lacunes en matière de plans et de priorités d’investissement pour la mise en œuvre de l’IA. Par ailleurs, le rapport pointe du doigt des stratégies incertaines pour maintenir une IA responsable (éthique et lignes directrices autour de l’utilisation de l’IA). L’enquête de Boston Consulting Group reflète l’approche « attentiste » des cadres supérieurs, dont les deux tiers ont déclaré qu’il faudra au moins deux ans pour que l’IA dépasse le stade du battage médiatique. En outre, 71 % des cadres supérieurs se concentrent sur des expériences plus modestes et des projets pilotes à petite échelle.

Dans une enquête récente d’Accenture menée auprès de 3 400 cadres supérieurs, seuls 27 % des personnes interrogées ont déclaré que leur entreprise était prête à développer l’IA générative, et 44 % ont déclaré qu’il faudrait plus de six mois pour le faire et en voir les avantages. Près des trois quarts des personnes interrogées ont déclaré que c’est en raison des préoccupations sociétales concernant l’utilisation responsable de l’IA qu’elles abordent les investissements avec prudence. D’autres cadres supérieurs affirment que leurs équipes ne sont pas prêtes pour l’IA. Dans une enquête distincte d’Accenture publiée le 16 janvier 2024, 36 % des cadres supérieurs ont déclaré que leurs équipes n’adopteront pas pleinement l’IA générative en raison d’un manque de compréhension de la technologie.

Lors de la table ronde du 7 janvier à Davos, Paul Hudson, PDG de Sanofi, a déclaré qu’en matière d’IA, « il y a un mélange de craintes concernant la sécurité et la confidentialité des données ». Cela fait écho à ce qu’Ana Kreacic observe. Selon elle, les cadres supérieurs « voient l’énorme potentiel de l’IA, mais ils veulent encore la tester d’une manière raisonnable. C’est la raison pour laquelle beaucoup ont mis en place des garde-fous ».

« Les gains de productivité sont généralement visibles l’échelle individuelle ou microéconomique », explique John Romeo. « Nous n’en sommes pas encore à l’étape (industrialisation, normalisation, opérationnalisation) où des organisations entières commencent à se restructurer autour de ces technologies. Ce n’est que le début. »

 

À lire également : Forum économique mondial : l’IA au cœur des débats à Davos

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