La flambée des prix de l’énergie déclenchée par la guerre en Ukraine aurait fait basculer des millions de personnes dans une situation d’extrême pauvreté, ont averti un groupe de chercheurs, exhortant les gouvernements à renforcer leurs aides aux ménages les plus vulnérables.
Entre 78 millions et 141 millions de personnes dans le monde pourraient vivre dans une extrême pauvreté en raison de l’augmentation des coûts énergétiques à la suite de la guerre en Ukraine, selon une étude publiée dans la revue Nature Energy.
Les chercheurs à l’origine de cette étude ont évalué l’impact de l’évolution des coûts énergétiques sur les ménages de 116 pays, soit plus de 87 % de la population mondiale, entre février et septembre 2022. Par ailleurs, ils ont utilisé une version actualisée du rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté dans le monde, datant de 2017, afin de définir le seuil d’extrême pauvreté. Ainsi, toute personne vivant avec moins de 2,15 dollars par jour est considérée comme étant en situation d’extrême pauvreté.
À l’échelle mondiale, le total des coûts énergétiques des ménages a augmenté entre 63 % et 113 %, ont estimé les chercheurs, en grande partie à cause de la hausse du coût des produits, des services, de la nourriture et d’autres biens indirectement liés aux prix de l’énergie.
Selon les chercheurs, ces coûts indirects représentent entre 45 % et 83 % de l’augmentation totale, les coûts directs (factures de chauffage et de gaz, par exemple) représentant entre 15 % et 30 %.
Dans l’ensemble, la hausse des coûts énergétiques a contribué à augmenter les dépenses totales des ménages entre 2,7 % et 4,8 % au niveau mondial, ce qui vient s’ajouter aux pressions exercées par la pandémie de covid-19 et l’inflation.
Les chercheurs ont exhorté les gouvernements du monde entier à proposer une aide plus ciblée aux ménages vulnérables, en veillant à ce qu’ils aient accès à une énergie, des produits de première nécessité et de la nourriture à un prix abordable.
L’auteur principal de l’étude, Klaus Hubacek, professeur de sciences, technologie et société à la University of Groningen, aux Pays-Bas, a déclaré que la crise énergétique précipitée par l’invasion russe en Ukraine a contribué à « saper […] les avancées durement acquises en matière d’accès à l’énergie et de réduction de la pauvreté » dans les pays pauvres. Toutefois, il est important que les politiques adoptées pour résoudre ce problème n’entrent pas en conflit avec les objectifs climatiques à long terme, a souligné Klaus Hubacek, sachant que les effets de la crise climatique se font déjà sentir de manière inégale dans le monde.
Les chercheurs à l’origine de cette étude ont prévenu que certaines des politiques menées dans le but d’atténuer les coûts élevés de l’énergie, comme les subventions aux carburants ou la réduction des objectifs climatiques, résolvent le problème actuel, mais risquent d’aggraver la crise climatique.
La Russie est un acteur majeur du marché mondial de l’énergie et ce secteur est crucial pour son économie nationale. En 2021, la Russie était le premier pays exportateur de gaz naturel, le deuxième pays exportateur de pétrole brut et le troisième pays exportateur de charbon. Lorsque la Russie a décidé d’envahir l’Ukraine en 2022, cette décision a bouleversé les chaînes d’approvisionnement mondiales. La volonté de Moscou d’utiliser l’énergie comme moyen de pression sur les partisans de Kiev, notamment l’Europe, qui dépend fortement du gaz russe, et les sanctions occidentales ont exacerbé cette situation, perturbant le marché et poussant les coûts de l’énergie à la hausse.
L’énergie influençant tous les secteurs, du transport à la production en passant par le chauffage et la vente, les prix ont augmenté et le coût de la vie s’est envolé. La flambée des prix a été une aubaine pour les compagnies pétrolières et gazières comme BP, Shell, Chevron ExxonMobil, qui ont enregistré des bénéfices records en 2022. Plusieurs gouvernements et experts du monde entier ont accusé ces entreprises de profiter de la crise et de conserver les bénéfices de la hausse des coûts énergétiques au lieu de s’efforcer de faire baisser les prix.
Article traduit de Forbes US – Auteur : Robert Hart
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