Dans 120 pays et 2000 villes dans le monde, la jeunesse s’est mobilisée massivement pour le climat, avec une audience médiatique qui n’a pas toujours été à la hauteur de la mobilisation et surtout de l’enjeu. Le monde continue en effet de se réchauffer inexorablement à un rythme de +0.2° tous les dix ans… avec des impacts visibles partout : perte de biodiversité, pénuries d’eau, dégradation des récifs, risques climatiques entraînant une accentuation de la pauvreté. Sans réaction de nos modèles de développement, l’accentuation aura de lourdes conséquences. Pourtant, un paradoxe de notre société mais aussi de sa jeunesse « digital native » est l’impact majeur du digital sur la consommation d’électricité, très majoritairement carbonée dans le monde. Dans ce contexte, la Caisse d’Epargne Normandie a invité Emmanuel Assié, fondateur de WebAxys sur « L’impact environnemental de l’activité numérique » et qui développe en Normandie des datacenters verts plus économes en énergie et donc en empreinte carbone. Tour d’horizon des principaux constats.
Le digital, une start-up énergivore
Premier constat : le numérique est excessivement consommateur d’énergies y compris pour des usages ludiques mais totalement accessoire comme sait en générer le web. « La consommation d’énergie du web est équivalente au 6ème pays dans le monde, en 2019 le secteur numérique polluera plus que l’aviation, un mail avec une pièce jointe est équivalent à une ampoule allumée pendant 1h, pire regarder une heure de vidéo par semaine sur son mobile représente une consommation d’électricité annuelle supérieure à celle consommée en un an par deux réfrigérateurs neufs », plaide Emmanuel Assié. On pourrait poursuivre mais rien que sur ces quelques exemples, le choc est là et nous interroge forcément sur nos usages et sur le devenir de nos consommations.
En effet, l’usage numérique va probablement progresser plus vite que la faculté des acteurs à décarboner son empreinte. 80% de la population est connectée en Europe, 70% en Amérique et seulement 50% en Asie et 25 % en Afrique. La banalisation du numérique et la croissance de la population fera que cet usage va considérablement croître dans les années à venir même si l’on restait à périmètre constant concernant l’usage individuel. Mais, bien entendu, ce périmètre va également s’étendre en particulier avec l’IA et les objets connectés. Dans son récent rapport sur l’intelligence artificielle, Cédric Villani nous alerte en écrivant que « la consommation énergétique du numérique augmente de 8,5 % par an, [et que] sa part dans la consommation mondiale d’électricité (en croissance de 2 % par an) pourrait atteindre entre 20 et 50 % en 2030 » ! Verdir l’énergie et/ou en optimiser la consommation est donc une priorité absolue.
Verdir la consommation… et responsabiliser nos usages
Des pistes concrètes existent pour modérer la courbe inexorable de cette consommation carbonée. La première la plus évidente est de modifier notre comportement quant à nos pratiques : déconnecter les chargeurs toujours branchés, éteindre nos téléphones la nuit, se désabonner des 80% de newsletters que l’on ne lit pas, envoyer moins de mails, éviter de prendre en photo tout et n’importe quoi (un plat est fait pour être dégusté pas pour être sur Instagram), éviter de visualiser des vidéos sans aucun sens sauf celui de nous faire (difficilement) sourire… bref consommer moins mais mieux !
L’autre domaine essentiel est sur la chaîne énergétique : verdir le stockage des datacenters (mutualiser les consommations, gérer l’énergie et le refroidissement, avoir une éco-conception dès le départ), favoriser les circuits courts et favoriser la production d’énergie renouvelable.
A son échelle, la Caisse d’Epargne Normandie s’engage dans cette démarche, que ce soit vis-à-vis de sa clientèle ou vis-à-vis de ses propres consommations pour une démarche plus respectueuse de l’environnement avec des résultats puisque son empreinte carbone a baissé de 7% en 2018.
Surtout un vent nouveau vient sensibiliser les acteurs à l’importance cruciale d’une économie numérique verte. Chaque pas compte pour que sans position partisane nous puissions dire : « Make our digital planet great again » !
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